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WardStradlater
53 abonnés
469 critiques
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3,0
Publiée le 11 septembre 2015
L'Oreille n'est pas un film désagréable à regarder. Bon jeu, bonne mise en scène, excellente maitrise des lumières et une tension scénaristique qui fonctionne bien.
Ceci étant dit, il lui manque cruellement un approfondissement dans son discours politique. Si la paranoïa, l'autocensure, l'hypocrisie et le misérabilisme sont bien rendus, le propos du film se déconcentre tout le temps, en passant par la vie privée du couple sans grand intérêt, malheureusement.
Le synopsis n’est pas sans rappeler La Vie des autres, qui dénonçait aussi la dérive totalitaire du régime communiste et en particulier ses atteintes à la vie privée. Mais L’Oreille est surtout comparé - à juste titre - au film et à la pièce Qui a peur de Virginia Woolf. Un huis-clos se déroulant sur une nuit, une plongée éprouvante dans l’intimité d’un couple en pleine tourmente, une mise en scène au plus près des visages, une photographie en noir et blanc qui accentue l’atmosphère oppressante, un scénario à la progression implacable et pessimiste, L’Oreille est tout cela à la fois, en plus d’un manifeste désabusé pour la liberté individuelle. C’est aussi un film qui a les défauts inhérents à son propre dispositif et souffre donc de quelques longueurs et répétitions, d’une certaine hystérie et d’une ambiance étouffante, mais cela reste une œuvre maîtrisée et qui atteint son objectif en nous faisant ressentir efficacement les effets de la paranoïa qu’un régime politique sans scrupules est capable d’importer jusque dans la chambre à coucher de ses fonctionnaires ou opposants.
Troisième film tchèque que je vois, après "Au feu, les pompiers!" et "Trains étroitement surveillés", troisième bonne surprise et peut-être même la meilleure des trois. Bon le plus étonnant avec cette oeuvre, c'est qu'elle ait pu se faire. Le moins étonnant, c'est qu'elle ait été interdite pendant près de vingt ans. Parce que niveau attaque du régime communiste au pouvoir à l'époque ça y va frontalement. Ce mélange de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" pour le côté "scènes de ménage et les petites et courtes réconciliations du couple bien éméché", et de Big Brother pour le côté "les micros partout dans la maison" est détonnant. Le personnage principal devient paranoïaque et dès le début on sent qu'il a raison de l'être. Les moindres détails, même les plus insignifiants, montrés lors de plusieurs flashbacks autour d'une réception mondaine, dégagent une violence psychologique vraiment inattendue. Notre couple perd peu à peu leurs répères et leur dignité, et on en souffre car on se met facilement à leur place. Bref, on a affaire à un drame psychologique intense avec de belles allures de thriller qui nous prouve que non Big Brother n'est pas une vision cauchemardesque du futur puisqu'il est déjà présent depuis longtemps.
L'Oreille, c'est une métaphore. Métaphore de l'État soviétique tout-puissant qui contrôle les moindres faits et gestes de sa population, et particulièrement ce qui se dit, ce qui se pense. Immédiatement censuré après sa sortie, L'Oreille relate la montée de la paranoïa chez un couple qui rentre de soirée : paranoïa justifiée, car ayant constaté que leur maison a été visitée, que le courant a sauté et que l'on a truffé chaque pièce d'un micro, les deux pauvres gens désespèrent à propos d'une arrestation imminente. Ils se remémorent chaque détail de la soirée passée, interprétant l'évènement le plus insignifiant comme preuve de leur malheur. Mais en devenant méfiants, ils ne tardent pas à se prendre le bec par des accusations réciproques : délaissement, ivrognerie... tout y passe, jusqu'à la tentative de suicide. Désabusé et sinistre, L'Oreille évoque de nombreux problèmes de la société communiste : la moindre liberté est supprimée et toute action, toute parole est contrôlée. En étudiant le climat de peur permanente et concluant sur une incompréhension totale, ce film est l'un des plus amers du Cinéma tchécoslovaque.
De retour d'une réception, un fonctionnaire du parti et son épouse découvrent que l'électricité et le téléphone sont coupés à leur domicile. Des hommes rôdent autour de la maison. Est-ce l'heure de la disgrâce, de l'emprisonnement, peut-être ? Le film est une gigantesque scène de ménage, en partie à la seule lueur des bougies, alors que le paranoïa s'empare de ce couple, persuadé d'être sur écoute (l'oreille). Inutile de dire que ce tableau orwellien ne fut pas du goût des autorités et il fallut attendre le début des années 90 pour que le film puisse être vu en Tchécoslovaquie.
Soyons clair d'entrée, ce n'est surement pas un chef d'oeuvre, mais au vu des moyens utilisé et du résultat obtenu, on pourrait s'en rapprocher. Perso j'adore cette ambiance paranoiaque de guerre froide en noir et blanc, sur fond de surveillance et d'écoute politique. A l'image de l'excellent "the conversation" de FF Coppola qui sortira un peu plus tard remportant la palme d'or . Le couple ici est plutôt attachant, on se rallie facilement à leur cause. Filmé principalement en huit clos dans l'appartement du couple, plus le film avance et plus l'étau se resserre sur eux, l'atmosphère devient alors quasi irrespirable. Et la fin que certains a raison trouveront baclé, donne pourtant au film ce côté aussi noir qu'insaisissable, nous laissant face a un problème de taille sans aucune solution. Les acteurs semblent très amateurs, mention spéciale néanmoins pour l'actrice principale dont la personnalité apporte un semblant de lumière dans ce noir complet. Une vraie belle surprise !
Quasiment dans la clandestinité et immédiatement évidemment censuré par le régime, l'Oreille ne sortira officiellement qu'en 1990. Ayant influencé la majorité des cinéastes Tchèques, cette clandestinité renforcera la légende de cette diatribe dénonçant la dictature d'alors et le contrôle total de cette dernière sur la vie quotidienne de ses citoyens. A voir
Ce film, noir et blanc, réalisé en 1968, mais libéré en 1990, évoque la période stalinienne des années 1950 en Tchécoslovaquie. Sa dénonciation des méthodes policières est d'autant plus efficace que le film est construit comme un thriller et que la terreur porte sur un homme de l'appareil politique, un "responsable". Sélectionné en Compétition à Cannes en 1990, après 21 ans d'interdiction totale!