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Le cinéphile
691 abonnés
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4,0
Publiée le 30 mai 2013
En un mot excellent! Que se soit l'écriture du scénario ou des dialogues, la mise en scène, la photographie, l'interprétation des acteurs, tout est parfait!
"Dossier secret" semble être une oeuvre complexe à visionner une seconde fois tant la première laisse un sentiment mitigé. Evidemment excellente réalisation de la part de Welles comme à l'accoutumé (lumière, angle de la caméra), l'histoire est quant à elle volontairement un peu alambiquée et le personnage Arkadine reste fascinant. Une oeuvre finalement travaillée et complexe mais difficilement accessible.
La filmographie de Welles est pour le moins touffue, sujette aux tensions permanentes nées des relations difficiles du fantasque réalisateur avec les studios et de son imagination débridée pas toujours encadrée par la persévérance nécessaire. "Dossier Secret" inspiré d'un des épisodes radiophoniques que Welles a écrits pour la BBC dans le but de prolonger le personnage d'Harry Lime (héros du "Troisième Homme") est l'archétype du projet au long cours dont au bout d'un moment plus personne ne sait très bien qui l’a initié et vers quel but il tend. Ce qui est sûr,c'est que Welles avec le "Dossier Arkadin" tente de relancer sa carrière à Hollywood en convoquant la magie conjuguée de "Citizen Kane" et du "Troisième homme", ses plus hauts faits d'armes. Comme Charles Foster Kane inspiré du magnat de la presse Randolph Hearst, Arkadin est une évocation à peine voilée de l'étrange et inquiétant trafiquant d'armes Basil Zaharoff qui officia entre 1880 et 1920 et dont personne n'a jamais vraiment pu percer les origines. Welles est fasciné par les zones d’ombre qui entourent certains hommes de pouvoir qui tels Hearst , Hughes ou Zaharoff ont eu un cheminement tellement tortueux qu’ils ont développé une sorte de répulsion vis-à-vis de leur renommée pouvant les conduire comme Hughes jusqu’à la réclusion maladive. Welles lui-même depuis sa prise de poids ne cherche t’il pas à se cacher derrière ses personnages fardés et grimés à outrance ? Arkadin est un peu la somme de toutes les obsessions qui hantent le réalisateur. La planète est l’aire de jeu d’Arkadin qui cherche à préserver sa respectabilité l’âge venu pour ne pas ternir l’image de lui-même qu’il entend laisser à sa fille. Un pauvre quidam sera la marionnette qu’il promènera à travers toute l’Europe pour éliminer les témoins éventuels d’un passé peu glorieux. L’intrigue pourtant prometteuse de suspense n’est pas exploitée à fond par Welles qui l’utilise comme prétexte à des saynètes savoureuses mettant en scène Arkadin ou Van Stratten (le quidam choisi par Arkadin pour mener l'enquête) avec les différents témoins du passé de l’armateur . Le tout est rythmé par la musique entêtante de Paul Misraki qui flirte en les hispanisant avec les sonorités d’Anton Karas dont le jeu de cythare improvisé avait illuminé « Le troisième homme ». Comme Carol Reed il use à profusion des cadrages obliques et des contre-plongées mais en les détournant de leur aspect inquiétant au profit d’un baroquisme parfois à la limite de la farce. Welles s’amuse et nous avec lui à la vision de ce chou à la crème qui aurait pu être un chef d’œuvre si la conception du film n’avait pas été si chaotique perturbée par un tournage dispersé aux quatre coins de l’Europe (Ségovie,Madrid, Valladoid, Paris, la Côte d’Azur, Munich), et surtout par un montage confisqué par Louis Dolivet le producteur français certainement inquiet de ne jamais rentrer dans ses sous. Ainsi était le grand Orson Welles !
Orson Welles était un génie ! Si le scénario est intéressant mais pas exceptionnel, c'est dans la façon de le traiter que le réalisateur nous donne le tournis. Au départ on ne comprend pas tout, c'est parfaitement normal, puisque c'est une enquête et le puzzle ne se met en place que tardivement et tient parfaitement la route. On reste fasciné par la beauté des plans et des cadrages, par ces scènes de pénitents ou celle du bal masqué sur le thème de Goya. La distribution est étrange : Orson Welles droit dans ses bottes et Robert Arden, le personnage principal joue les faire valoir, (on comprendra pourquoi à la fin) et c'est avec les personnages secondaires que Welles s'est amusé (Michael Redgrave en antiquaire déjanté, Katína Paxinou en maquerelle retraitée, Mischa Auer en dresseur de puces) . Et puis il y a les femmes, Suzanne Flon, Patricia Medina et surtout la resplendissante Paola Mori (qui deviendra la 3ème Mme Welles.) A noter une excellente musique signé Paul Misraki (l'auteur de "Tout va très bien madame la marquise"). Un très grand film !
Un scorpion ne sachant nager demande à une grenouille de le faire passer d’une rive à l’autre en montant sur son dos. Non répond la grenouille car qui me dit que tu ne me piqueras pas en cours de traversée. Je ne suis pas fou répond le scorpion si je te pique tu meurs et moi avec toi. La grenouille rassurée accepte, le scorpion monte sur le dos de la grenouille et le voyage commence. Au milieu de la rivière la grenouille ressent une vive douleur. Tu m’as piqué alors que tu m’avais promis que tu ne le ferais pas, ce n’est pas ma faute répond le scorpion, c’est mon caractère.
Cette anecdote contée par un mastodonte masqué lors d’un bal est une mimesis envers le parcours d’un personnage négatif, provocateur, manipulateur, criminel, traître et suicidaire, Arkadin lui-même possédant cent visages similaires au citoyen Kane mais bien plus sombres et puissants.
Où est la vérité quand tout n’est que masques et fausses barbes. Cette remarque alimente un courant similaire présent dans plusieurs œuvres d’un réalisateur cherchant vainement à comprendre les mécanismes internes des humains, un carburant shakespearien ou la quête de soi-même s’avère perpétuelle, sans réponses dans un contexte ou tout se voile au fur et à mesure que l’on déboise.
Orson Welles se narcissise l’esprit en continuant de s’auto détruire par l’intermédiaire des personnages de ses oeuvres. Un vomi réceptif de plus en plus volumineux sur le spectateur mêlé d’une continuité technique presque identique depuis Citizen Kane font de ce cinéaste singulier une pièce essentielle d’un cinéma en quête d’explications sur les difficultés de connexions d’esprits réticents aux parcours exemplaires.
Mr Arkadin met encore en scène les obsessions de ce génie qu'est Orson Welles : apparences, pouvoir, argent, famille. Le scénario est très riche et dense pour placer le film au dessus de la moyenne du film noir. Les enjeux sont typiquement "welleseiens" : l'importance du masque donc. Je regrette toutefois l'interprétation, une fois n'est pas coutume, un peu décevante de Orson Welles dans le rôle de Arkadin. L'acteur, exceptionnel, m'a semblé ici assez faiblard et monolithique en dehors de cette barbe qui ne lui sied absolument pas.
A la croisée de «Citizen Kane» (pour cette biographie d'un magnat racontée en flash-back), du «Procès» (pour cet attrait de Welles pour le grotesque des visages) et du «Troisième Homme» de Reed (pour ces ombres portées, ces cadrages obliques et ce personnage d'ex-traficant au passé trouble, le scénario étant d'ailleurs directement adapté d'une histoire radiophonique d'Harry Lime), «Dossier Secret», s'il ne constitue pas l'un des plus grands films d'Orson Welles, n'en demeure pas moins fort intéressant. Manquant cruellement d'argent, le cinéaste rivalise d'astuces pour filmer dans des décors réels, utilisant ça et là des décors construits pour d'autres films ou filmant ses acteurs avec en arrière plan des sites historiques sensés représenter les lieux-clés de l'intrigue. Le résultat est bluffant, tant Welles se réapproprie avec brio chaque élément du plan à l'aide de ses cadrages si particuliers dont il use et abuse. Les deux jeunes premiers sont fades (faute de meilleurs acteurs disponibles)? Welles déploie une galerie de personnages secondaires tous plus fantasques et inoubliables les uns que les autres, avec lui en tête, grandiose dans le rôle du massif et mystérieux Mr. Arkadin. La narration est moins complexe qu'elle ne devait l'être à l'origine, sans pour autant empêcher le film d'être mené à tambour battant, enchaînant les péripéties à une allure folle (peut-être aussi en raison du re-montage pour la distribution). Si l'on ajoute à cela des séquences presque oniriques (le bal avec ces masques fascinants, le dresseur de puces,...) et dirigées de main de maître, «Dossier Secret» fait figure de film plus qu'honorable dans la carrière d'Orson Welles, bien qu'il demeure encore aujourd'hui dans un certain oubli. Plus qu'une simple curiosité, un long métrage à voir! [3/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/
Orson Welles se surpasse une fois de plus, celui à qui l'on doit le célèbre Citizen Kane (1940) dresse ici un passionnant thriller à la mise en scène remarquable et étonnant effrénée !!! Dossier secret (Mr Arkadin) (1955) nous entraîne dans une enquête fastidieuse (accrochez vous pour tout assimiler car les informations sont en surnombre), une quête de la vérité à travers un thriller très sombre et pour le moins baroque. La mise en scène (comme à son habitude) nous offre une multitude de plans des plus surprenants (voir surréalistes), des gros plans sur les visages, des contres-plongées (notamment sur Mr Arkadin, faisant de lui le personnage le plus emblématique, le plus imposant, bref, une image qui correspond parfaitement à ce qu'il incarne à l'écran, un homme intouchable, richissime, véritable magnat qui possède tout). Les jeux de lumières sont aussi très impressionnants, les éclairages des quais du port de Naples (au début du film), véritable régal visuel, Orson Welles se surpasse une fois de plus, malgré un budget revu à la baisse (production européenne oblige). Cette réflexion sur le pouvoir, la persuasion et la manipulation nous réserve une toute autre surprise et pas des moindre, la participation (certes trop furtive) de la radieuse (et regrettée) Suzanne Flon !
Un film incroyable! Un scénario et une mise en scène implacable! Dommage que l'acteur principal ne soit qu'un vulgaire acteur de série B et autres téléfilm le spectacle sans lui aurait vraiment était incroyable!
Orson Welles sait mener le spectateur sur des chemins inexplorés. Ce "Mr. Arkadin" raconte la quête d'une identité tout ça avec meurtres, corruption, pouvoir, folie. Le scénario est complexe et brillant et chaque plan est une leçon de mise en scène à lui seul. Welles a une imagination bien à li qui donne lieu à des films brillants et passionnants. Les personnages, en particulier les seconds rôles, sont savoureux.
Le mélange du film noir américain et du conte baroque, sous le signe de l’ange du bizarre. L’ambiance fait un peu penser aux récits du Manuscrit trouvé à Saragosse. On a le sentiment que dans certaines scènes Welles se laisse aller à de purs numéros ludiques servis par des comédiens qui s’amusent. Ca pourrait être irritant, mais c’est fait avec un tel talent… On retrouve une Europe glauque d’après-guerre, hantée par les trafiquants, les réfugiés, les aventuriers… comme dans le « Troisième homme ». Les rôles paternels, démiurgiques, entre maléfice et vulnérabilité, sont incarnés comme personne par Orson Welles (Mr Arcadin a quelque chose du roi Lear). Du cinéma magique.
Dieu a encore frappé, même si malheureusement ça doit être un de ses films que j'aime le moins (ce qui ne veut rien dire en soit vu que j'aime tous ceux que j'ai vu). Welles livre un film à la narration en flash back un brin plus simple que celle de Citizen Kane, bien que globalement l'histoire soit la même : découvrir la vie d'un homme dont on ne connaît rien. Welles livre une prestation hallucinée, terrifiante, il fait vraiment peur et son personnage bien qu'il ne parle peu, qu'on le découvre petit à petit fascine par sa part de mystère. J'avoue que l'histoire m'a moins passionnée que la soif du mal, le procès, le criminel, othello, macbeth, mais le film se suit sans aucun temps mort, il se passe beaucoup de choses, mais j'avoue avoir été un brin déçu. Déçu par la mise en scène que je n'ai pas trouvée aussi audacieuse que dans Citizen Kane ou la Soif du mal par exemple. Je pense que c'est un film qu'il faut faire mûrir dans son esprit, j'ai dû rater des choses, c'est certain, je le reverrai avec plaisir dans un ou deux ans.
Déception devant ce film dont j'attendais beaucoup... Mr. Arkadin doit cependant être vu pour sa mise en scène spectaculaire de Welles qui multiplie les plongée et contre-plongée et les mouvements nerveux de caméra qui, il faut l'admettre, amènent beaucoup de rythme au film. D'ailleurs Welles fait preuve d'une grande modernité dans la gestion du temps notamment dans l'utilisation des ellipses temporelles qui pour l'époque on dû en choquer plus d'un. Mais malgré ses prouesses techniques le film ne parvient pas à convaincre, parfois trop confus, parfois trop rapide. Certaines scènes semblent post-synchronisées d'autres non ce qui participe aussi à ce sentiment de brouillon. Quant à la fin du film, elle appelait pour moi un twist que l'on aura évidemment pas et l'on saura donc jamais réellement le fin mot de l'histoire... Dommage de passer à côté du suspense, de l'émotion qu'aurait pu donner cette histoire.
Très rapidement nous sentons qu'Orson Welles souhaite comme à son habitude nous emmener vers des chemins inattendus et des réflexions aussi étonnantes que passionnantes... Et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est réussi! Quel imagination, quel technique (avec une science des gros plans littéralement hallucinantes), quel virtuosité à tout niveau pour nous faire ressentir autant d'émotions complémentaires et contradictoires à la fois, tout cela en nous proposant une galerie de personnages foisonnantes et particulièrement géniaux. Mais d'ailleurs, qu'est-ce que le film lui-même? Une comédie, une parodie, un thriller, un film noir? Il est au fond totalement impossible de répondre à cette question tant Welles passe son temps à nous balader de bout en bout, et cela pour notre plus grand plaisir. Certains pourront alors bien entendu rester quelque peu hermétique au scénario, pour le moins complexe (et c'est peu dire), mais il serait pourtant bien dommage de passer à côté d'une quête de l'identité aussi fouillée, intelligente et inoubliable que ce "Mr Arkadin" connu également sous le titre de "Dossier secret". Immense et grandiose.