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Grouchy
123 abonnés
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2,0
Publiée le 5 mars 2016
C'est très dur de suivre un film d'enquête réalisé par un cinéaste dont la mise en scène est remarquable et truffée de trouvailles. On est éblouis par l'inventivité de Welles sur le choix des plans, qui sont pour la plupart inclinés, audacieux ( vue subjective de Sophie ivre, où Welles est immobile face à un décor valsant ) et qui prouvent les talents du cinéaste. Seulement, l'intrigue est une reprise non voilée de Citizen Kane, avec cependant beaucoup de changements, mais le montage accélère trop la cadence sans que le spectateur comprenne vraiment et totalement les situations, de toute façon elle n'est pas excellente ni captivante en soi, juste un prétexte pour exposer une fois de plus la mise en scène de Welles malgré le manque de moyens visible, comme la post-synchronisation pas toujours efficace (manque de bruitages et mouvements de lèvres / paroles pas très calés ) et un plan d'ensemble qui se repète par un copié-collé pas très subtil ( vers la fin ). On ne retiendra pas les personnages ( excepté Welles grimé en marin ), ni l'histoire, mais seulement une autre exposition réussie de Welles réalisateur.
Un scorpion ne sachant nager demande à une grenouille de le faire passer d’une rive à l’autre en montant sur son dos. Non répond la grenouille car qui me dit que tu ne me piqueras pas en cours de traversée. Je ne suis pas fou répond le scorpion si je te pique tu meurs et moi avec toi. La grenouille rassurée accepte, le scorpion monte sur le dos de la grenouille et le voyage commence. Au milieu de la rivière la grenouille ressent une vive douleur. Tu m’as piqué alors que tu m’avais promis que tu ne le ferais pas, ce n’est pas ma faute répond le scorpion, c’est mon caractère.
Cette anecdote contée par un mastodonte masqué lors d’un bal est une mimesis envers le parcours d’un personnage négatif, provocateur, manipulateur, criminel, traître et suicidaire, Arkadin lui-même possédant cent visages similaires au citoyen Kane mais bien plus sombres et puissants.
Où est la vérité quand tout n’est que masques et fausses barbes. Cette remarque alimente un courant similaire présent dans plusieurs œuvres d’un réalisateur cherchant vainement à comprendre les mécanismes internes des humains, un carburant shakespearien ou la quête de soi-même s’avère perpétuelle, sans réponses dans un contexte ou tout se voile au fur et à mesure que l’on déboise.
Orson Welles se narcissise l’esprit en continuant de s’auto détruire par l’intermédiaire des personnages de ses oeuvres. Un vomi réceptif de plus en plus volumineux sur le spectateur mêlé d’une continuité technique presque identique depuis Citizen Kane font de ce cinéaste singulier une pièce essentielle d’un cinéma en quête d’explications sur les difficultés de connexions d’esprits réticents aux parcours exemplaires.
Orson Welles se surpasse une fois de plus, celui à qui l'on doit le célèbre Citizen Kane (1940) dresse ici un passionnant thriller à la mise en scène remarquable et étonnant effrénée !!! Dossier secret (Mr Arkadin) (1955) nous entraîne dans une enquête fastidieuse (accrochez vous pour tout assimiler car les informations sont en surnombre), une quête de la vérité à travers un thriller très sombre et pour le moins baroque. La mise en scène (comme à son habitude) nous offre une multitude de plans des plus surprenants (voir surréalistes), des gros plans sur les visages, des contres-plongées (notamment sur Mr Arkadin, faisant de lui le personnage le plus emblématique, le plus imposant, bref, une image qui correspond parfaitement à ce qu'il incarne à l'écran, un homme intouchable, richissime, véritable magnat qui possède tout). Les jeux de lumières sont aussi très impressionnants, les éclairages des quais du port de Naples (au début du film), véritable régal visuel, Orson Welles se surpasse une fois de plus, malgré un budget revu à la baisse (production européenne oblige). Cette réflexion sur le pouvoir, la persuasion et la manipulation nous réserve une toute autre surprise et pas des moindre, la participation (certes trop furtive) de la radieuse (et regrettée) Suzanne Flon !
La filmographie de Welles est pour le moins touffue, sujette aux tensions permanentes nées des relations difficiles du fantasque réalisateur avec les studios et de son imagination débridée pas toujours encadrée par la persévérance nécessaire. "Dossier Secret" inspiré d'un des épisodes radiophoniques que Welles a écrits pour la BBC dans le but de prolonger le personnage d'Harry Lime (héros du "Troisième Homme") est l'archétype du projet au long cours dont au bout d'un moment plus personne ne sait très bien qui l’a initié et vers quel but il tend. Ce qui est sûr,c'est que Welles avec le "Dossier Arkadin" tente de relancer sa carrière à Hollywood en convoquant la magie conjuguée de "Citizen Kane" et du "Troisième homme", ses plus hauts faits d'armes. Comme Charles Foster Kane inspiré du magnat de la presse Randolph Hearst, Arkadin est une évocation à peine voilée de l'étrange et inquiétant trafiquant d'armes Basil Zaharoff qui officia entre 1880 et 1920 et dont personne n'a jamais vraiment pu percer les origines. Welles est fasciné par les zones d’ombre qui entourent certains hommes de pouvoir qui tels Hearst , Hughes ou Zaharoff ont eu un cheminement tellement tortueux qu’ils ont développé une sorte de répulsion vis-à-vis de leur renommée pouvant les conduire comme Hughes jusqu’à la réclusion maladive. Welles lui-même depuis sa prise de poids ne cherche t’il pas à se cacher derrière ses personnages fardés et grimés à outrance ? Arkadin est un peu la somme de toutes les obsessions qui hantent le réalisateur. La planète est l’aire de jeu d’Arkadin qui cherche à préserver sa respectabilité l’âge venu pour ne pas ternir l’image de lui-même qu’il entend laisser à sa fille. Un pauvre quidam sera la marionnette qu’il promènera à travers toute l’Europe pour éliminer les témoins éventuels d’un passé peu glorieux. L’intrigue pourtant prometteuse de suspense n’est pas exploitée à fond par Welles qui l’utilise comme prétexte à des saynètes savoureuses mettant en scène Arkadin ou Van Stratten (le quidam choisi par Arkadin pour mener l'enquête) avec les différents témoins du passé de l’armateur . Le tout est rythmé par la musique entêtante de Paul Misraki qui flirte en les hispanisant avec les sonorités d’Anton Karas dont le jeu de cythare improvisé avait illuminé « Le troisième homme ». Comme Carol Reed il use à profusion des cadrages obliques et des contre-plongées mais en les détournant de leur aspect inquiétant au profit d’un baroquisme parfois à la limite de la farce. Welles s’amuse et nous avec lui à la vision de ce chou à la crème qui aurait pu être un chef d’œuvre si la conception du film n’avait pas été si chaotique perturbée par un tournage dispersé aux quatre coins de l’Europe (Ségovie,Madrid, Valladoid, Paris, la Côte d’Azur, Munich), et surtout par un montage confisqué par Louis Dolivet le producteur français certainement inquiet de ne jamais rentrer dans ses sous. Ainsi était le grand Orson Welles !
Déception devant ce film dont j'attendais beaucoup... Mr. Arkadin doit cependant être vu pour sa mise en scène spectaculaire de Welles qui multiplie les plongée et contre-plongée et les mouvements nerveux de caméra qui, il faut l'admettre, amènent beaucoup de rythme au film. D'ailleurs Welles fait preuve d'une grande modernité dans la gestion du temps notamment dans l'utilisation des ellipses temporelles qui pour l'époque on dû en choquer plus d'un. Mais malgré ses prouesses techniques le film ne parvient pas à convaincre, parfois trop confus, parfois trop rapide. Certaines scènes semblent post-synchronisées d'autres non ce qui participe aussi à ce sentiment de brouillon. Quant à la fin du film, elle appelait pour moi un twist que l'on aura évidemment pas et l'on saura donc jamais réellement le fin mot de l'histoire... Dommage de passer à côté du suspense, de l'émotion qu'aurait pu donner cette histoire.
Réalisé en 1955, Dossier Secret (ou Mr Arkadin) est une sorte de Citizen Kane mais dans un ton décalé, frais, le tout formant un mélange entre aventure, polar et espionnage. En effet, Welles y interprète de nouveau le rôle principal d'un homme d'affaire mégalomaniaque aux nombreux secrets. Mais la comparaison s'arrête là, car Citizen Kane est un grand film, enveloppé de mystère et à l'ambiance particulière, alors que Dossier Secret est simplement un film d'honnête facture. Pourtant, les premières scènes, accompagnées d'une voix-off du narrateur (Guy Van Stratten), sont prometteuses. On est tout de suite embarqué dans un flash-back, qui s'avérera durer les trois quarts du film, et qui commence par une scène de meurtre qui retient toute l'attention du spectateur. Malheureusement, l'attention faiblie, et on resort du film légèrement sur sa faim.
Pour le coup, Welles rate sa cible: voici une résurgence du canevas de Citizen Kane, dont on ne sait trop si elle tend vers la comédie ou le sérieux, quand on voit certaines scènes friser la parodie. Le côté très décousu empêche vraiment de plonger dans l'intrigue, et les acteurs sont tout sauf attachants, hélas pour eux. Welles semble nous trimballer sans trop savoir lui-même où diriger sa barque. Dossier Secret ne figurera pas parmi les films les plus mémorables concernant cette grande figure du 7e art.
4 546 abonnés
18 103 critiques
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1,5
Publiée le 7 mai 2021
Welles n'a fait qu'un seul bon film dans toute sa carrière et ce n'est pas celui-là. Son ego démesuré a fait obstacle à celui-ci. Je savais que Dossier secret allait être mauvais dès que la scène d'ouverture d'un petit avion privé est apparue à l'écran car immédiatement la voix faustienne de Welles s'est fait entendre comme narrateur de tout ce qui allait suivre. Comme je l'ai dit plus haut l'ego de Welles exigeait qu'il fasse tout ce qu'il pouvait y compris produire, réaliser, raconter et jouer dans cette histoire. Peu importe qui figure au générique Welles fait toutes les tâches susmentionnées et le résultat est un très mauvais film...
Un thriller honnête mais qui laisse un peu sur sa faim, peut être dû à l'absence de rebondissement. Certains plans sont très originaux, mais à mes yeux ce n'est pas cela qui sauve le film. Les acteurs sont bons, et M; Welles a une stature imposante, peut être accentuée par les plans de caméra toujours filmé de bas vers le haut. A voir par les amateurs de film à énigme, tendance thriller
La mise en scène et la photo sont excellentes comme dans tous les films de Wells. Un grand sens du cadrage illustre très bien la situation des personnages les uns par rapport aux autres. Wells est super dans le rôle. Dommage qu'il y ait un manque de rythme avec certaines scènes trop longues et d'autres trop expédiées avec des répliques qui s'enchaînent trop rapidement, ça fait penser à un téléfilm et ça déprécie le film.
Chef d'oeuvre complètement oublié du maître! Avec M. Arkadin, comme avec Citizen Kane, Orson Welles est en avance sur tout le monde en mettant tout le monde d'accord sur la vitesse du rythme. Tout se passe à 300 à l'heure; on se croirait dans "usual suspect" 40 ans avant (Beaucoup de points communs entre ces deux films, notamment dans le scénario) Le scénario est purement jubilatoire; les personnages sont parfaitement dirigés, Welles est hallucinant de vérité dans la peau d'un magnat charismatique et cruel, les cadrages sont à tomber par terre (Citizen Kane deviendrait presque ringuard!), certaines séquences font parties du nectar de l'histoire du cinéma et le tout enrobé d'un humour et d'une légère dérision en dit long sur l'Intelligence de l'auteur. Welles disait qu'on lui avait arraché ce film des mains et que le montage a été saboté par les producteurs; effectivement on peut se demander si le film ne va pas un peu trop vite... et si la fin n'est pas étrangement baclée...?? Malgré tout cela M. Arkadin est un film à voir absolument, surtout pour ceux qui ont été déçu par Citizen Kane. Comme dans Fallstaf, ce film est un magnifique condensé de tout ce qu'EST Welles. Un chef d'oeuvre réellement injustement oubliée, et malgré ses nombreux défauts un des meilleurs films du maître.
Orson WELLS ne s'embarasse pas vraiment de vraisemblance dans cette oeuvre troublante et baroque, remarquablement mise en scène et qui possède une atmosphère fascinante. L'interprétation est de plus magistrale (à part peut être le héros assez falot mais ça semble voulu)
"Dossier secret" semble être une oeuvre complexe à visionner une seconde fois tant la première laisse un sentiment mitigé. Evidemment excellente réalisation de la part de Welles comme à l'accoutumé (lumière, angle de la caméra), l'histoire est quant à elle volontairement un peu alambiquée et le personnage Arkadine reste fascinant. Une oeuvre finalement travaillée et complexe mais difficilement accessible.
Ensemble qui tient la route mais j'ai un peu souffert du cadrage massif d'Orson Welles présenté comme une armoire à glace invincible. Aujourd'hui, on choisirait peut-être davantage d'astuces pour figurer la puissance. En tant que femme, j'ai déploré que le soufflé retombe, mais comme l'homme de main est un acteur commun, trop peu séduisant, c'est l'impasse quoi qu'on entreprenne, une des faiblesses du casting ? Dommage, car l'actrice féminine est crédible et l'ensemble est filmé avec beaucoup de virtuosité.