Classique des Studios Universal un peu moins connu que les "Dracula", "Frankenstein" et autres "Wolfman", "La Momie" est surtout incontestablement moins réussi que ses illustres confrères, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le scénario est une copie quasi-parfaite de l’intrigue de "Dracula" (avec Bela Lugosi), de sorte qu’on retrouve une créature millénaire revenue d’entre les morts et armée d’un regard hypotonique (l’excellent Boris Karloff, qui reste moins transcendant que dans "Frankenstein"), une pauvre jeune femme (la cabotine Zita Johann) tombant sous son contrôle, un jeune soupirant espérant tirer sa dulcinée de ses griffes (joué, dans les deux films par la falot David Manners) et aidé, dans sa quête, par un scientifique s’érigeant comme l’ennemi personnel du monstre (joué, dans les deux films, par Edward Van Sloan)… On a beau être moins regardant sur les scénarios des vieux films, il faut admettre que ses énormes similitudes scénaristiques (pour ne pas dire ce plagiat en bonne et due forme) gâche un peu le plaisir et, surtout, ne renouvelle pas le genre. Il est d‘ailleurs amusant de noter que la seule véritable différence entre les deux films est la motivation du monstre qui, dans "La Momie", agit par amour puisque sa victime est la réincarnation de sa défunte bien-aimée (soit l’intrigue du "Dracula" de Coppola… ce qui ne manque pas d’ironie). Autre problème de taille : on ne vois quasiment jamais la Momie sous sa forme "momifiée" alors que le film est surtout resté dans les mémoires grâce au plan du monstre enrubanné de bandelettes (mention spéciale au travail exceptionnel du maquilleur Jack Pierce). La scène du réveil de la Momie est d’ailleurs très impressionnante et renforce le sentiment de frustration de ne pas en voir plus, le réalisateur Karl Freund ayant pris le parti de laisser sa créature hors-champ (seules sa main et une bandelette traînante sont visibles) puis de lui donner un aspect plus humain (à savoir un vieil égyptien au visage ridé… autre maquillage exceptionnel de Jack Pierce). C’est donc ce visage contemporain qu’arbore la Momie pendant la quasi-totalité du film et il fallait tout le talent d Boris Karloff pour donner un intérêt à ce personnage qui, privé de l’aura d’un Dracula et d’un aspect reconnaissable par tous, s’avère finalement assez pauvre sur le papier. Ainsi, on s’amusera, avec une pointe de nostalgie, des gros plans sur les yeux du Monstre et leurs mises en lumière, censés illustrer son pouvoir hypnotique. Ce jeux de lumière, ainsi que la qualité des décors et l’utilisation d’une BO bien plus présente que dans les précédents films de monstres Universal, sont d’ailleurs la seule véritable valeur ajoutée de cette "Momie", trop plan-plan dans son rythme et dans son intrigue… mais qui, en tout état de cause, aura eu le mérite de savoir saisir l’air du temps (les années 30 étant une période d’effervescence fantastique pour l’archéologique en général et l’Egypte en particulier) et, surtout, d’imposer un des rares monstres classiques du 7e Art qui ne soit pas issue d’un roman… même si il n’apparaît quasiment pas à l’écran !