Battement de coeur est considéré à juste titre comme un classique de la comédie d'avant-guerre. Danielle Darrieux en est l'héroïne, qui avec ce film et le suivant "Premier rendez-vous" (1941), du même Henri Decoin, est au sommet de sa popularité de jeune actrice (22 ans au moment du tournage). A l'époque ce film a fait rire toute la France, tout juste rentrée en guerre contre l'Allemagne.
Soixante douze ans plus tard, force est de constater que le film n'a pas vieillit: c'est une comédie délicieusement troussée et un "brin" ironique, bien que l'intrigue entourant l'histoire d'amour ne soit qu'accessoire . Ici ce qui compte c'est le rythme enlevé, légé, distancié de son propre sujet, un peu à l'américaine comme le faisait Lubitsch et Capra. Il s'agit, donc, d'un excellent divertissement mis en scène et joué intelligemment, sans aucune fausse note.
D'entrée de jeu, la première séquence est mémorable: il faut voir Saturnin Fabre, irrésistible, en professeur-directeur d'école de pickpocket, donner un cours de vol de portefeuille et "recruter" ses futurs "élèves". Sommet d'humour noir. Eclats de rires garantis quand Julien Carette, copain d'Arlette (Danielle Darrieux), répète sa "leçon" face au miroir de sa chambre... Rien que ça mérite d'être vu car c'est une véritable leçon d'écriture et de mise en scène comique.
Bien sûr tout le film n'atteint pas ce niveau comique pur, mais l'abbatage talentueux de Danielle Darrieux et le côté séducteur faussement détaché de Claude Dauphin, font mouche dans le registre comédie romantique enlevée.
Ecrit à la gloire de Danielle Darrieux, Henri Decoin, mari et metteur en scène du film, a su mettre en avant le talent de tous les acteurs secondairtes qui jouent avec son égérie: tous ont des personnages merveilleusement écrit. Prime pour Saturnin Fabre, bien sûr, et Julien Carette. Jean Tissier n'est pas mal non plus en copain "parasite", ancien attaché d'ambassade déchu.
Ce film prouve à ceux qui connaissent mal le cinéma français d'avant 50's, qu'il est tout aussi réussi que le cinéma américain de l'époque et rappel qu'Henri Decoin est un très grand metteur en scène, à qui Danielle Darrieux doit d'être devenue une star connue dans le monde entier !
Une réussite de la comédie française, si toutes les comédies françaises d'aujourd'hui avaient cette précision d'écriture...