En voilà un film rondement mené ! En même temps, c’est du Peter Berg, passé maître en matière de dynamique. Il faut dire que tout y est : la musique renforce les moments de tension, le choc des cultures qui marque le fossé qui sépare l’occident du Moyen-Orient sans omettre le point de vue de chacune des deux parties, les uns voulant en découdre au plus vite pour « aider » les autres et les autres voulant d’abord la sécurité des uns (enfin officiellement). Mais à y être, j’aurai aimé que le point de vue des terroristes soit davantage développé, quitte à rajouter une vingtaine de minutes ou plus. Ainsi, le spectateur est obligé de se ranger tout de suite du côté des gentils, et ce n’est pas innocent quand on voit les ravages que fait la radicalisation et les conséquences tragiques qu’elle engendre par ses actes de guerre qu’on appelle attentats. Ne boudons pas notre plaisir, la quasi-totalité de la population humaine condamne ces actes gratuits de pure barbarie. Alors quand les scènes d’action à la bande son impressionnante plongent le spectateur au cœur de l’action, que dire de plus ? Sans compter qu’on a droit à du vocabulaire amenant quelques répliques cocasses, du fait qu’elle amène de la compréhension erronée. Est-ce que cet humour a été voulu ? Il n’empêche qu’il a été bien incorporé, et heureusement à dose homéopathique. Car quoi qu’on en dise, il n’y avait guère de place pour ça dans ce film d’investigation aux multiples rebondissements. Résultat, on assiste à rien de très neuf en soi, mais impossible de ne pas se faire amener au même titre que les héros dans cette enquête au cœur d’un véritable nid de guêpes durant laquelle la tension va se déplacer de la confrontation entre les forces de l’ordre saoudiennes et une toute petite cellule du FBI à la traque menée contre les instigateurs de l’attentat de Riyad. Alors que le scénario trouve son origine dans l’attentat de Khobar (Arabis Saoudite) en 1996, il n’est que pure fiction. Et pourtant, l’histoire est si immersive qu’on en vient à se demander si ce film ne repose pas sur des faits réels. L’empathie est bien réelle, tout simplement parce que l’action a été filmée au plus près, et que les acteurs rendent une copie parfaite. Si réelle qu’on se surprend à trembler très fort pour l’un des protagonistes au cours d’un suspense que je qualifierai d’insoutenable. Dans tous les cas, pour ma part, j’en ai perdu de vue une grande partie des aspects techniques, notamment celles qui concernent la réalisation, le maniement de la caméra, enfin ce genre de choses. Ce que je sais en revanche, c’est qu’on passe un très bon moment. Après tout, c’est ça le cinéma, et "Le royaume" remplit parfaitement bien son contrat. Jusqu’au bout en plus, puisque la conclusion fait froid dans le dos dans le sens que cette guerre ne se terminera jamais tant que l’un des deux camps ne sera jamais totalement anéanti. Un film qui n’a pas fait recette en France et qui pourtant présente succinctement les enjeux politiques et industriels, ainsi que les limites de la diplomatie. Du lourd donc, porté par un casting de choix. Jugez-en par vous-mêmes : Jamie Foxx une fois de plus impeccable, Jennifer Garner, Chris Cooper, Jason Bateman… et surtout la révélation Ashraf Barhom en colonel Faris Al-Ghazi ainsi que, bien que beaucoup plus discret, Ali Suliman en Sergent Aytham.