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Un visiteur
3,5
Publiée le 14 janvier 2014
Un film qui montre que dans un monde ou les richesses sont mal réparties et que les états sont déstructurés, de petits incidents anodins peuvent prendre des proportions dramatiques... film politique et poignant.. ça fait froid dans le dos
Pour rembourser les réparations d'un accident de voiture, Marat emprunte de l'argent à la Mafia locale. Incapable de payer sa dette, il accepte de tuer un journaliste. Du cinéma exigeant et indispensable. La lente descente aux enfers d'un type sans histoire, à l'image d'un pays déliquescent et corrompu. Un rythme à part, qui peut rebuter. Une façon singulière de parler de son pays, mais très intéressante. Beaucoup d'élipses, une ambiance morose où tout se joue sur la durée. Pourtant, on ne peut s'empêcher de se dire que le réalisateur a effectivement des choses à dire, mais se trouve rapidement à court d'arguments. Dans le genre, le récent "Policier, adjectif" développait une problématique similaire avec une efficacité et une tension beaucoup plus marquantes.
Ce troisième film de Darejan Omirbaev a de solides qualités. En premier lieu, Celle de nous montrer de manière presque documentaire le fonctionnement de la société Casaque post soviétique. Ensuite de nous révéler un talentueux et efficace usage du minimalisme pour le jeu des acteurs et des dialogues. Seulement voilà, de très nombreux défauts non négligeables sont à déplorer. D’abord, le titre qui « tue » le suspense basé sur la trajectoire existentielle du héros malchanceux. Ensuite, le côté aride de la mise en scène, qui certes bien réglée au niveau de la succession et de la transition des scènes, suscite un peu l’ennuie en raison de l’absence de musique et de rythme dans l’action. On est aussi désagréablement surpris de l’amateurisme du film: bruits de fond dans la bande son, plusieurs acteurs regardent la caméra, etc… Enfin, d’un point de vue purement thématique, les lectures à haute voix des personnages dénotent un choix trop évident de la démarche didactique d’Omirbaev : nous expliquer les conséquences de l’effondrement du régime communiste au cœur de la société Casaque, chaos économique et détresse sociale. On peut déplorer que dans sa démonstration, Darejan Omirbaev ne parvient pas à nous montrer les causes de l’effondrement du régime. Les germes co-substancielles et destructeurs de ce régime, si bien montrés par d’autres cinéastes de pays ex-soviétiques comme Cristian Mungiu dans son « 4 mois, 3 semaines et 2 jours ».
J'avais vu ce film lors de sa sortie en salle et j'étais sorti mitigé. A l'époque, je l'avais noté 2 étoiles. Avec cette nouvelle vision, je me rends compte de faiblesses importantes : la lecture de citations qui viennent souligner la chute du régime soviètique sont très pesantes... Même si la réalisation fait preuve d'une belle sécheresse et que les acteurs ont une réelle présence, l'ennui s'installe confortablement dès le début du film.
Voilà un film rafraîchissant, sans effets ni musique et dôté de dialogues minimalistes. Le jeu des comédiens, qui passe d'abord par les regards, et la mise en scène imperceptible (quasiment que des plans fixes) suffisent pour en faire un film intrigant, voire hypnotique. Pourtant ce que l'on voit n'est pas beau à regarder. En fait, le titre est trompeur car les péripéties du personnage principal ont moins d'importance que leur contexte. Le héros est à l'image de la société kazakh: à la dérive et à l'avenir plus qu'incertain. Ainsi, chaque scène révèle une des caratéristiques peu aguichantes d'une région tout à la fois ravagée par des décennies de communisme et déjà pillée par les pionniers du capitalisme local. Ce long-métrage, malgré sa courte durée (moins d'1h30) et le fait que tous les actes marquant ne soit jamais que suggérés (hors-champ systématique), possède, par son ton froid et sans concessions, un impact certain. A voir.