Manifeste de la Nouvelle-Vague, "Les Quatre cent coups" est une œuvre brillante. Truffaut réalise un long-métrage à l'image de son jeune héros, Antoine Doinel, campé par un Jean-Pierre Léaud sublime de bout en bout, énergique, mélancolique, complexe, mais surtout transgressif.
En cela, le cinéaste trouve son inspiration dans le cinéma de Jean Vigo ("Zéro de conduite" vient immédiatement en tête) et filme l'école comme un lieu de transgression plus que de règles. Une époque éphémère, que la mise en scène de Truffaut semble attraper au vol, avec difficulté.
Cependant, si il ne problématise que tardivement son récit, le cinéaste cherche plus à dépeindre un contexte (école autoritaire, parents démissionnaires, goûts pour l'art incompris etc.) qui mène à une profonde tristesse, sous-jacente, qui gagne le film.
La richesse des situations, et des basculements de tons, font des "Quatre cent coups" un métrage revitalisant, qui cherche à capter le quotidien pour en montrer les failles, et les répressions. Et si dans sa dernière partie ces ruptures sont moins nombreuses, elle font corps avec un cloisonnement mortifère, moins passionnant certes, mais nécessaire.
C'est de cette rigidité, éducative et formelle, que Truffaut fait naitre le besoin de liberté, besoin qui trouve son apogée lors d'une scène déchirante de fuite durant laquelle la mise en scène retrouve une souplesse inespérée. Appel à la liberté et à la transgression, œuvre formelle dense et éprouvante, Truffaut se fait le porte parole de la jeunesse, pour mieux être celui des révoltés. Magnifique.