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FaRem
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2,5
Publiée le 16 octobre 2021
Alors qu'il a toujours du mal à se remettre de la mort de son père, Paul va voir d'un mauvais œil la nouvelle relation de sa mère avec un homme qui semble pressé de l'épouser. Plus que de la jalousie, de l'inquiétude, car Paul fait des cauchemars dans lesquels ils voient des choses macabres qui selon lui sont prémonitoires. Il a peur pour sa mère et décide de mener l'enquête. "Strange Illusion" reprend l'intrigue de Hamlet de Shakespeare avec Edgar G. Ulmer qui l'a transposé dans l'Amérique moderne (de l'époque). Malgré un concept assez intéressant, le scénario d'Adele Comandini peine vraiment à surprendre. Il n'y a que peu de doutes sur la véritable nature de l'histoire et donc pas de surprise. On sait à quoi s'attendre et l'histoire est donc prévisible. Pas de rebondissement, pas de péripéties intéressantes. "Strange Illusion" est finalement un film moyen qui se laisse tout de même regarder.
Un des films d' Ulmer sortis de l'oubli par l'éditeur Bach Films et commenté dans les bonus par l'intarissable Bertrand Tavernier qui a eu la chance rare d'interviewer le metteur en scène. Le manque de moyens est visible à l'écran quoique ce ne soit pas là une des productions les plus fauchées d'Edgard G Ulmer. Malgré cet handicap qui ternit un peu l'image, le film est tout à fait réussi et l'on suit avec intérêt cette histoire d'escroquerie au mariage mâtinée d'un soupçon de vengeance, la victime étant la femme du juge ayant auparavant traqué l'assassin. Son fils bien décidé à protéger sa jeune mère va mener l'enquête avec un de ses professeurs d'université. C'est dans le but de piéger son associé que le jeune homme va se faire interner dans une clinique psychiatrique. Ulmer préfigure ainsi le fameux "Shock Corridor' (1963) de Samuel Fuller. Le film s'ouvre et se clôt par un rêve prémonitoire du héros, ce qui fait dire à Tavernier, qu'Ulmer s'est directement inspiré du Hamlet de Shakespeare , alors que Ulmer prétend lui que son film fut la source d'inspiration principale d'Hitchcock pour "Psychose". Une réussite qui démontre le savoir faire de ce réalisateur éclectique injustement oublié et qui a eu le mérite de mener une carrière prolifique sans jamais accéder aux moyens qui lui auraient permis de réellement se révéler.
E. G. Ulmer, réalisateur autrichien exilé à Hollywood à partir des années 30, a fait des films de genre souvent fauchés (fantastique, films noirs,…) mais en y mettant toujours quelque chose de profondément insolite. « Strange illusion » transpose le canevas de l’ »Hamlet » de Shakespeare dans une intrigue de film noir, en y ajoutant beaucoup de références délibérément psychanalytiques, avec une ouverture onirique prémonitoire donnant au film une touche de surnaturel (la film se clôt sur une autre séquence onirique). La réalisation est soignée, même si l’on sent que la modicité des moyens a empêché de laisser éclore une plus grande originalité de style. Le happy end n’empêche pas l’œuvre de baigner dans un climat ténébreux, profondément inquiétant. Le « méchant » de l’histoire est un séducteur pervers, incapable de résister à son attrait pour les très jeunes filles. En sus de son originalité et du talent de son réalisateur, « Strange illusion » mérite d’être vu pour sa manière de prendre totalement à rebours l’optimisme et le puritanisme hollywoodiens.