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Bertie Quincampoix
111 abonnés
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4,5
Publiée le 19 mai 2021
Grand Prix du jury au Festival de Cannes en 1990, Tilaï est la bouleversante réécriture d’une tragédie grecque dans un village burkinabé contemporain. Promise à Saga, la belle Nogma est finalement contrainte de se marier au père de celui-ci. Amoureux l’un de l’autre, les jeunes gens n’auront pas d’autre choix que de briser les traditions ancestrales pour vivre leur passion, quitte à en payer le prix fort. Baigné d’une lumière magnifique, mettant en exergue des paysages superbes, le long-métrage parvient avec force et simplicité à faire le lien entre l’intimité d’une histoire d’amour contrariée et l’universalité des sentiments humains. Absolument magnifique.
Dans la foulée de Yaaba, Ouedraogo continue de profiter des subsides franco-suisses pour participer à l’élévation du cinéma burkinabé. C’est malheureusement aussi la confirmation qu’il donnait dans le prosélytisme pro-européen : les dialogues carburent au vocatif et n’ont plus la qualité qui excuserait l’outrancière mise en avant des coutumes, celles qui obligent à s’aimer ou à se tuer et que Ouedraogo ébauche hors contexte.
Ses acteurs n’ont plus la spontanéité curieuse qui les motivait dans Yaaba, ils prennent simplement la pose en attendant d’avoir fait durer le silence dramatique. On peut se réfugier dans la beauté hélas peu profonde d’une romance contrariée, quand la coutume se retire à son juste rang d’influenceur et non de protagoniste, mais c’est encore sans compter que la musique (qui aurait pu influencer David Holmes pour les Ocean’s avec ses six notes de basse et ses percussions légères) est envahissante et ne correspond plus du tout à l’idée de cacher les financements sous l’autarcie du scénario. Non, vraiment : dommage.