Le voilà.
LE traumatisme de mon enfance.
Je ne sais plus pourquoi mon père me l'a fait regarder à l'âge de 9 ans, sûrement dans un élan d'irresponsabilité, mais je n'avais jamais autant flipper devant un film.
Pourtant, à 9 ans, on est plus propice à sursauter devant des gros machins pas beaux qui se montrent devant la caméra d'un coup, ces bons gros jumpscares sans aucune saveur ni subtilité.
Alors que "Alien", ce n'est rien de tout ça.
"Alien", c'est une ambiance qui te prend sans que tu t'en rendes compte.
"Alien", tu ne le vois pas et pourtant il est là.
"Alien", c'est quasiment que de la suggestion.
Car finalement le xénomorphe n'apparaît à l'écran que le temps de, aller je suis généreux, 10 minutes à tout péter.
Pendant ce temps-là nous pouvons profiter de la beauté esthétique du film : lumières, décors, effets spéciaux, ce film est somptueux (et pour cela je vous recommande le Blu-ray, le remaster est magnifique).
Le travail de l'image est traité avec un soin que seul Ridley Scott peut faire.
Ces grandes étendues de vide, cette planète brumeuse, ce vaisseau futuriste, rien ne fait kitsch.
Et pourtant, ce n'est pas forcément ce qui rend ce film intemporel.
Non, c'est, encore une fois, pour l'ambiance de dingue qu'il instaure.
Même si la menace n'apparait réellement qu'à mi-chemin du visionnage, il y a quand même dans cette première partie tout un univers et toute une intrigue qui s'installe avec une efficacité sans nom.
Du set-up, beaucoup de set-up, mais jamais vain : le pay-off arrive.
Et je crois que c'est ça qui m'a tant captivé quand j'étais gosse : on prend le temps, on ne le gâche pas avec des artifices superflus, pas avec de la poudre devant nos yeux, non : avec un VRAI truc.
Une vraie atmosphère.
Un vrai film.
Un truc qui tient la route, un truc maitrisé de bout en bout.
Un truc qui attrape le spectateur et qui ne le lâche pas même après la fin du générique.
Bien sûr, à 9 ans je ne me disais pas les choses comme ça, mais c'était l'exact ressenti que j'avais en moi.
Et ça, à 9 ans, ça marque.
Et des années après, avec un regard neuf, après tout ce temps sans le voir, après m'être resté en tête sans pour autant avoir eu l'occasion de le revoir jusqu'à maintenant, il refait mouche sur moi.
Ce film est d'une force d'immersion absolument démesurée (bon encore faut-il bien vouloir jouer le jeu : je l'ai regardé très tard la nuit, dans le noir et seul, et dans ces conditions ça défonce).
Pour qu'un film captive autant une personne sur 2 âges différents, c'est que ce n'est pas n'importe quelle bouse de série Z.
Non, c'est un film.
Et "Alien", y'a pas à chier, c'est quand même un film.