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Kurosawa
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2,5
Publiée le 2 janvier 2016
"La Guerre est finie" trouve une place à part dans la filmographie d'Alain Resnais en ce que le film mêle une histoire assez compréhensible, en particulier dans une deuxième heure plus classique, à des expérimentations formelles radicales et envoûtantes. Il aurait fallu que ces dernières prennent le dessus sur une intrigue politique qui ne semble pas véritablement intéresser le cinéaste puisqu'elle est en aucun cas évolutive et absolument pas engagée. Quitte à vouloir créer de l'abstraction (c'est ce que Resnais tente), il aurait fallu réaliser un film purement mental et axer la mise en scène sur les souvenirs, fantasmes et autres projections du personnage. C'est dans ces séquences expérimentales que le film est le plus fort, quand le découpage devient plus retors, quand la voix-off (dont on ne sait d'où elle vient) se superpose sur une succession de plans énigmatiques car difficilement situables à la fois spatialement et temporellement. Parfois audacieux sur le plan formel et extrêmement sensuel dans sa façon de filmer les corps (surtout ceux des femmes), "La Guerre est finie" se révèle également vain dans son discours politique et demeure au final un film déséquilibré.
«La Guerre est finie» (France, 1966) d’Alain Resnais peut se concevoir dans le cadre de l’œuvre du cinéaste, comme son ultime long-métrage politique avant qu’il n’entame sa période romanesque. Et c’est sur un mode mineur que le cinéaste achève une «période» qu’il avait pourtant entamé avec le puissant «Nuit et brouillard». Après avoir mis son cinéma au service des conséquences de la guerre, Resnais le fait messager de la résistance contre Franco. Dans un retour au noir et blanc, après avoir coloré les fantômes gris de «Muriel…», Resnais engage par là ses images à se charger d’une valeur underground. Le film ne voit pas le jour, il agit en sous-bassement et nous observons les rats du film qui survivent dans les galeries du monde. L’angoisse du personnage principal qui craint d’avoir perdu son ami lors d’une mission parcourt le film et sa peur s’amplifie à mesure qu’il se sent s’éloigner de la cause résistante. Si le film a le mérite de traiter de ce sujet, sujet que le cinéma espagnol traitera bien plus tard, l’œuvre ne côtoie pas les grandes du cinéaste. Il ne s’agit pas, en disant cela, d’ériger une hiérarchie des films mais bien de constater la demi-mesure du film. Le romanesque pointe, comme il a pu hanter les films précédents. Or en l’occurrence sa présence est maladroite puisqu’elle annule la valeur politique de l’œuvre. Car en conservant le solennel magnifique qui eut pu faire le succès de «Hiroshima…» ou de «Muriel…» et en le mêlant à l’identité chevaleresque de son personnage, Resnais produit une hybride forme qui, en vue de ce qu’il peut faire, titube. Une fois cette tiède identité du film remarqué, il reste à l’appréhender par le prisme du titre. Car plus que l’ironie qu’il sous-entend, quand la guerre sera-t-elle jamais fini ?, le titre nous dévoile le monde tel qu’il est une fois ses conflits terminés (entendons ceux de la seconde guerre mondiale et de la décolonisation). C’est un monde en malaise, un monde litigieux que Resnais perçoit.
Certes, nous ne sommes pas en présence d’un soporifique pensum de Goddard, où les simples concepts d’action, d’intrigue ou de suspense font l’objet d’un travail systématique et forcené de mise en éprouvette. Sans être aussi indigeste, l’approche de Resnais est un peu similaire, car faut-il le rappeler, ce type de cinéma laborantin était l’apanage de l’intelligentsia artistique et critique de l’époque. Mais à ceux qui parviennent à résister à son rythme fastidieux, inhérent à la nouvelle vague, le film peut s’avérer fort intéressant. Premièrement parce qu’il résume à merveille la rhétorique argumentative léniniste justifiant le sabotage tout azimut perpétré contre le tourisme. Rhétorique reprise mot pour mot depuis par les islamistes. Le deuxième intérêt est celui de rappeler avec la plus grande fidélité ce qu’était la vulgate communiste sur les modalités de la lutte révolutionnaire, et ce en quoi elle était aveugle et sourde à toute pénétration par le monde réel. Le film a enfin cet étrange attrait de constituer un oracle anticipatoire sur le revirement politique radical de Yves Montand. L’acteur, au début de sa carrière, commence comme un étincelant compagnon de route sincère et acharné, mais quelques décennies après, suite à une longue et instructive tournée dans les pays de l’est, il prend conscience de la réalité soviétique, est en proie au doute, tout comme son personnage, et commence une nouvelle carrière d’anticommuniste fervent.
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3,0
Publiée le 26 juillet 2010
Dans "La guerre est finie" d'Alain Resnais, l'inspiration poètique est moins visible, mais nèamoins prèsente dans le rècit des aventures sentimentales et des conflits politiques d'un rèfugiè espagnol (Yves Montand impeccable en homme engagè regardant le prèsent en face, loin des cetitudes de commande). Sous son apparente simplicitè, le film garde cependant toute sa valeur de chronique historique, même si elle est fictive, car il relate une situation politique prècise et rèelle (le scènario ètait de Jorge Semprun)! Une oeuvre pleine de richesse qui ne peut laisser indiffèrente, qu'accompagne une belle brochette de comèdiens (Montand, Ingrid Thulin, Geneviève Bujold, Jean Bouise...). Notons que "La guerre est finie" a même reçu en 1966 le prestigieux Prix Louis-Delluc avec - il faut le souligner - une prèsence de Montand hautement symbolique...
Une oeuvre en demi-teinte dans la filmographie d'Alain Resnais. Toutefois, elle marque par la valeur romanesque qu'elle donne à l'intrigue politique, comme si Resnais prouvait ici que les résistants, qu'elle que soit leur époque, demeurent avant tout des rêveurs et des idéalistes brisés par des rêves qui jamais ne se réalisent, mais que le déroulement de la vie vient heurter en permanence. Ici, Montand est cet homme sans cesse balloté entre son idéal, son rêve et ses amours. Le romanesque touche son quotidien, dans ses passages clandestins comme dans ses surveillances et rien cependant ne peut le défaire de cet idéal qui le tient debout, ni la peur de l'arrestation, ni même l'amour qui le retient. Un film fort qui offre à Montand un de ses plus beaux rôles, bien meilleurs que ceux de Costa-Gavras.
Bien sûr, il était courageux que de faire un film avec la guerre civile espagnole en toile de fond. Et ça l'était encore plus sachant qu'en 1966, année de sortie du film, le général Franco était malheureusement encore au pouvoir. Son courage, c'est tout ce que l'on retiendra de cette "Guerre est finie" qui ne propose rien d'autre qu'un ennui de tous les instants. Un ennui qui s'étale sur près de deux heures. De toute façon, dés le début, on sait que ça ne va pas coller. Que Resnais n'a rien à nous dire et rien à nous apprendre. Quant à cette quête dans laquelle se lance le personnage principal, cette quête cherchant à savoir si son utilité est encore d'actualité, n'en parlons même pas, c'est d'une vacuité et d'une mollesse repoussantes. Et Yves Montand, qui n'a finalement absolument rien à jouer ne peut pas faire grand chose. Aucun intérêt.
Je viens de parcourir les critiques, avec lesquelles, en gros, je suis assez d'accord: sur la forme tout d'abord: suivi linéaire d'un personnage "permanent du PC espagnol", entre France & Espagne, entrecoupé de plans plus ou moins énigmatiques, voire incongrus. Vision désenchantée de l'engagement 30 ans après les faits (la guerre d'Espagne), et doutes sur l'utilité de ces engagements. Film politique à replacer dans le contexte de l'époque: dictature franquiste, fin de la guerre d'Algérie, Gaullisme triomphant (pour plus longtemps), pré-éminence du PC sur la gauche. Tout cela parait bien lointain, vu en 2020! Et que dire du rôle des femmes: présentes, mais un peu fleurs bieues, traitées en "repos du guerrier"! A l'ère de MeToo, cela choque!
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0,5
Publiée le 6 mai 2021
La raison pour laquelle je crois fermement que c'est l'un des pire films que j'ai jamais vu est qu'il se prend au sérieux. Il a un réalisateur Resnais qui met en vedette l'un des plus grand acteur français de tous les temps (Montand) et présente la belle et talentueuse Geneviève Bujold. Ajoutez Ingrid Thulin et le film ne devrait pas manquer sa cible pourtant c'est le cas il est juste mauvais. Il y a une histoire enveloppée de quelques scènes de sexe torrides (pour l'époque) et d'un délicieux moment de vomissement devant la caméra (toujours amusant). Le film tente surtout d'insulter nos sensibilités tout en s'engageant dans une étude de caractère inutile et confuse d'un marxiste anti Franco frustré d'âge moyen. Le problème est que ce type est superficiel et qu'il n'y a pas de personnage à étudier. Je ne peux pas imaginer à quel point ce film doit être ennuyeux pour les spectateurs modernes. Si vous voulez vous divertir tout en vous battant contre de vieux dictateurs espagnols relisez Hemingway voilà un type qui savait étudier les caractères...
Une rétrospective (en noir et blanc) qui avait sa raison d'être en 1965, souvenons-nous des joutes politique de l'époque, la gent féminine cantonnée dans les traditions, les hommes restaient entre eux sur ce chapitre, s'évaluaient "bien à droite ou carrément communiste". La mort du dictateur Franco n'intervenant qu'en 1975, le peuple espagnol était sur les genoux... On sent le témoignage de Jorge Semprun : il est"le permanent"(Yves Montand), un militant aux identités multiples parmi d'autres piliers circulant entre France et Péninsule Ibérique et dont certains se volatilisaient :il fallait s'y résoudre et continuer. Les compagnes encore bien "roman-fleuve" ont l'oeil qui s'allume face au héros bravant les dangers, bravo d'ailleurs au cadreur d'avoir minimisé l'austérité ambiante par leur plastique déboulant sur l'écran comme autant d'écrins charmants, le guerrier traditionnel puise sa force dans l'éros ! Courageuse prise de position néanmoins, ce constat que la terreur paralyse les populations(encore plus quand la géographie du pays y contribue). Déjà, faute d'autre éclat, l'idée des très jeunes de s'attaquer au tourisme, cette manne sous le franquisme... Instructif au plan historique, mais non transposable en 2008 où les idées apparaissent broyées par les enjeux économiques et financiers. Ce qui frappe ici, en plus de cette tentative d'éradication du fascisme à nos portes, est de constater l'immense évolution des moeurs des sixties à nos jours !
Au final c’est un film sur une prise de conscience personnelle. On voit bien le cheminement du cinéaste qui erre dans Paris et qui réfléchit souvent. Après on regrettera le côté politique franchement ennuyeux à mourir. Sauf si on s’intéresse à ce sujet
La guerre d'Espagne est finie mais le combat de la gauche espagnole contre la dictature franquiste dure encore, 30 ans après. C'est en somme que ce veut rappeler ce film politique d'Alains Resnais et Jorge Semprun à travers la lutte clandestine d'un groupe dont Yves Montand est, entre Espagne et France, un des acteurs anonymes. A l'opposé des démonstrations détaillées d'un Costa-Gavras décrivant, de façon souvent spectaculaire et affective, tout un mécanisme politique, Resnais met en scène un récit austère et intimiste, essentiellement allusif dans la mesure où il élude totalement, au point de ne pas le citer, le camp franquiste, et que son personnage-témoin n'exprime pas toujours ses pensées ou sentiments. Cette approche en demi-teinte, c'est-à-dire dépassionnée et purement intellectuelle et stylistique, ainsi que le peu d'intérêt que j'ai porté à l'activiste que joue Yves montand font que le film m'a semblé un pensum plutôt rébarbatif.
On aborde le film au moment où Diego-Montand semble douter de l'efficacité de sa lutte, du travail de fourmi qui tarde à porter ses fruits et qui ne justifie pas, peut-être, les risques encourus. Au travail clandestin de passages de tracts, d'organisation de grèves, ne faut-il pas préférer une autre forme d'action? En l'occurence la lutte armée, comme le propose une jeunesse très radicale. La question est posée mais n'est pas, en l'état, captivante.
Réalisé à partir d'un scénario de Jorge Semprun écrit sur la base d'un de ses livres autobiographiques, le film permettra de relancer la carrière francaise cinématographique d'Yves Montand après son retour des usa.
A travers l'histoire d'un militant communiste espagnol réfugié en France, qui lutte toujours comme permanent clandestin, pour la chute du régime du général Franco, Alain Resnais s'interroge sur le sens de la vie lorsqu'elle est investie par un objectif militant qui est voué, vraisemblablement, à l'échec.
Le personnage est taraudé entre son désir de vivre sa vie, son histoire d'amour, avoir un enfant et ce qui lui apparaît peu à peu comme illusoire : son idéal.
Loin d'être considéré comme une des œuvres les plus emblématiques de l'immense Alain Resnais, " la guerre est finie" est pourtant un film magnifique sur le sens d'une vie fondée sur l'engagement politique qui se traduit par le sacrifice, au détriment de la recherche du bonheur et de l'accomplissement personnel.
Le titre est inspiré par les mots prononcés par Franco après la victoire de son parti lors de la guerre civile et renvoie bien sûr au personnage incarné par Montand.
Pour le personnage principal la guerre n'est pas finie, mais le combat politique et le militantisme ont il encore un sens ?
Au plan formel cet opus de Resnais splendide est réalisé sous l'oeil d'un des meilleurs chef opérateur du cinéma français de l'époque et des années qui suivront : Sacha Verny.
La distribution est remarquable et l'on relèvera la beauté exceptionnelle de l'actrice suedoise et Bergmanienne Ingrid Thulin ainsi que la présence de la jolie Canadienne Geneviève Bujold à ses débuts.
Yves Montand est ( comme toujours) exceptionnel. En voyant ce film, Costa Gavras choisira l'acteur pour interpréter le premier rôle dans son film célèbre tiré des mémoires d'Arthur London " l'aveu ".
Pour moi c'est un bon film puisqu'il est d'Alain Resnais et qu'en + (ou surtout), il y a Yves Montand au générique. J'aime ce film pour cette histoire de fraternité, de cet homme qui cherche à prévenir son ami qu'il coure un danger, sans arriver à le trouver. Mais surtout, ce qui m'a plu dans ce film, et qui n'a rien à voir avec le cinéma, ce sont les lieux où l'action du début du film se déroule : HENDAYE et le PAYS BASQUE de 1966. Revoir ces rues, ses collines, ses commerces comme dans mes lointains souvenirs d'enfance. La gare, même de façon fugitive et cette prise de vue montrant la route qui s'ouvre suivant les panneaux indicateurs. Il y a aussi ces vieilles voitures parfois disparues de nos jours et que j'aime à revoir aussi souvent que possible. Pour finir, je ne le conseillerai peut-être à personne (non pas qu'il ne soit pas conseillé) mais ma critique de ce film passant surtout sur des points particuliers et pas assez sur l'ensemble. Merci de m'avoir lu. Cinématographiquement, LEBOGEORGES (le 27.05.2009)