Quand j’ai vu la dégaine des créatures en effets numériques, perfectibles mais passables, j’ai pensé que ‘The great yokai war’ était un film récent alors qu’en réalité il est sorti il y a presque vingt ans. C’est qu’au Japon, on met très peu d’argent dans le cinéma, nettement moins qu’aux USA, ça va de soi, mais aussi beaucoup moins qu’en Europe…et ‘The great Yokai war’ est de toute évidence l’équivalent local d’une superproduction : les CGI sont donc incrustés de manière douteuse à l’image mais le résultat n’est pas foncièrement pire que ce dont on avait l'habitude à l’époque dans les films européens et même dans les moyens-budget américains…et puis, Takashi Miike complète de façon plus traditionnelle avec des maquettes et des costumes, ce qui est toujours charmant. Parce que oui, c’est Takashi Miike qui s’occupe de cette guerre des Yokai : le réalisateur le plus cintré de l’archipel, entre un film d’horreur et un truc gore, a toujours aimé renflouer ses caisses en acceptant une commande de film familial. Les Yokai, ces monstres bizarres qu’on aperçoit dans les Anime et qui ressemblent, par exemple, à un parapluie unijambiste lécheur ou à un petit troll avec un seul oeil et une coupe au bol, sont en effet familiers de tous les petits enfants japonais, alors que les vôtres devront vraisemblablement parler plus tard à un psy de ce que leur a inspiré la vision de certaines de ces créatures. Pour le reste, ‘The great yokai war’ est un blockbuster bancal, qui ne se préoccupe pas franchement de cohérence mais dont le principal intérêt réside dans le défilé minutieux du plus incroyable bestiaire fantastique vu depuis longtemps dans une production Fantasy. Pour le reste, comme toujours avec Miike (comme toujours avec le cinéma japonais aussi), le film est bourré de cette générosité maladroite et de cette tendance à aller toujours un cran plus loin que ce qui aurait été nécessaire : le mécha gardien capture le petit yokai inoffensif qui ressemble à un cobaye et comment ce dernier va-t-il s’en sortir ? En pissant dans les circuits du robot, bien sûr !