D'après la cultissime invasion des profanateurs de sépultures,le réalisateur allemand Oliver Hirschbiegel réalise-là un gros remake américain,son premier film de commande.Remarqué grâce au choquant (et génialement intelligent) "L'expérience" en 2003,et reconnu avec son fascinant portrait d'Hitler dans "La chute",le cinéaste tient ici matière à un grand film fou,une expérience troublante sur les méandres de la paranoïa et une vision d'un monde qui se désagrège à vitesse grand V. Mais,est-ce le fond hollywoodien,le casting de stars,ou encore le budget des effets spéciaux qui empêchent le film d'être incisif,imprévisible et flippant comme il aurait du l'être?Dans la forme,la faute vient surtout d'une mise en scène pas assez entraînante (même si ponctuée de bonnes idées,notamment les prises de vues des couloirs en plan-séquences),alourdissant non seulement la terreur, mais aussi l'ouverture philosophique du film sur l'idée d'un monde meilleur, le développement de doctrines quelque peu improbables(il n'est pas interdit,par moment,de penser à l'idéologie nazie),etc...sans être foncièrement mauvais,"Invasion" a toutefois un arrière-goût amer,une espèce d'avidité psychologique douteuse.Mais l'ensemble reste divertissant,parfois prenant,parfois mou,mais toujours porté par Nicole Kidman,sobre et juste en mère bouleversée par une situation plus qu'absurde,en quête de son fils en proie au père mutant,symbole du changement psychologique lors du divorce.L'inquiétude semble la ronger,et c'est principalement sa prestation engagée qui sauve le film de la redite de science-fiction (impossible de ne pas penser aux envahisseurs ou à "X-Files",voire même à "La guerre des mondes" de Spielberg lors d'une scène -ratée- dans une cave sombre).Le scénario,lui,suit sa voie,ni plus ni moins.Pas le grand film que l'on attendait,donc,juste un blockbuster un peu trop court,un peu trop plombé,un peu trop malsain,mais qui,au moins,n'hésite pas à regarder froidement,et de face,le monde tel qu'il est.