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il_Ricordo
106 abonnés
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4,0
Publiée le 12 juillet 2012
En 1918, Carl Theodor Dreyer sort d'une projection d'Intolérance de Griffith, et prenant inspiration dans ce film, réalise Le Président. La vie malheureuse de Dreyer ressurgit dans ce film : sa mère était gouvernante, son propriétaire l'ayant mise enceinte et forcée à partir, elle accouche de son fils et l'abandonne aussitôt. Le nom de Carl Theodor Dreyer lui vient de son père adoptif qu'il déteste. C'est d'une terrible image de la famille que vient celle du Président : un jeune homme de bonne famille quitte sa femme. Des années plus tard, il doit juger sa propre fille, accusée d'infanticide. Ce film est un film "d'apprentissage", selon le mot même du réalisateur, qui se cherche un style, une marque possible. Attiré par le scénario pour le flash-back, il transforme une histoire en débordement de pathétique : "je vais vous raconter les souffrances de cette jeune femme", lance l'avocat ; un journaliste se met aussitôt à bâiller : on comprend ce que cela veut dire. Mais si le discours et larmoyant, et la réaction de la salle légèrement forcée, elle est tout même condamnée à mort. S'ensuit divers événements intéressants pour la trame, mais ce qui importe est le style de Dreyer, qui joue avec le visage de ses acteurs comme avec la composition du champ de la caméra : sobre et tout ce qu'il y a de nécessaire et suffisant à l'intrigue : une table, des chaises, des acteurs. Il n'ira qu'au bout que plus tard, dans ses chefs-d'œuvre. Mais Le Président est une excellente introduction à cette œuvre austère, rigoureuse, de "réalisme métaphysique".