Il est de ces films qui ne vous laissent pas indemne, qui vous font réfléchir, et c’est le cas de Little Children. Sorti en salles aux Etats-Unis en 2006, et en France en 2007, le film est l'adaptation du roman éponyme de Tom Perrotta, publié en France sous le titre Les Enfants de chœur. Malgré trois nominations aux oscars outre-Atlantique (dont une énième nomination à l'oscar de la meilleure actrice pour Kate Winslet, qui ne connaitra la consécration que 3 ans plus tard avec The Reader), le film reste assez peu connu en France.
Il entrecroise les vies des habitants d'une banlieue chic de Boston : Sarah (Kate Winslet), écrivain à ses heures, sorte de Madame Bovary des temps modernes (le film fait d'ailleurs référence au roman), s'ennuie à mourir dans son rôle de mère au foyer, et les heures passées avec son mari Richard (Gregg Edelman), cadre d'une grande entreprise de publicité, sont loin de l'extraire de la morosité de son quotidien, Richard préférant fantasmer sur les photos d'une pin-up du net plutôt que de s'occuper de sa femme et de sa fille.
Brad (Patrick Wilson) attire les commentaires en tout genre des femmes au foyer lorsqu'elles le voient emmener son fils au parc de jeux. Ces femmes que Sarah ne peut s'empêcher de détester, entre autres pour ces commentaires. Brad non plus n'est pas heureux en ménage, sa magnifique femme Kathy (Jennifer Connelly) se consacrant pleinement à la réalisation de ses documentaires. Alors que la ville est secouée par la remise en liberté d'un pédocriminel, Ronnie (joué par un troublant mais néanmoins éblouissant Jackie Earle Haley) ; Sarah et Brad vont commencer à tisser des liens, en se rendant compte de la similitude de leur mariage. Dans le même temps, Brad retrouve un vieil ami, Larry (interprété par Noah Emmerich, qu'on avait déjà vu dans The Truman Show notamment), qui l'entraîne dans le combat des habitants du village contre la remise en liberté de Ronnie.
On assiste alors à la "renaissance", des deux personnages. Kate Winslet, qu'on a une fois de plus cantonnée au rôle de la "moche", n'en demeure pas moins magnifique, et il en va de même pour son interprétation. Patrick Wilson, en "bogoss malheureux" est très convaincant et le duo fonctionne à la perfection.
Mais il serait bien réducteur de limiter le film à ses acteurs, car tout y atteint un niveau exceptionnel, de la réalisation de Todd Field, qui mêle à la perfection les destins de protagonistes que rien ne semblait amener à se rencontrer (performance d’autant plus réussie qu’ils sont relativement nombreux), au scénario, à la fois fort en rebondissements et adaptation très convaincante du roman de Perrotta(comme en témoigne la nomination du film aux Oscars dans la catégorie « meilleure adaptation ») .Enfin, le film pose plusieurs questions d’ordre socio-philosophique, parfois en y apportant sa propre réponse, parfois en laissant le spectateur se faire une opinion personnelle : le crime, aussi terrible soit il, nous retire-t-il le droit à l’amour ? N’est-ce pas plutôt cet amour qui permet la guérison ? Faut-il sacrifier le bien particulier au confort ? Au bien d’autrui ? Ne suis-je pas en définitive comme les personnes qui m’entourent et que je déteste ? Touchant, très bien écrit et formidablement joué, Little Children parvient à faire réfléchir sur ces questions importantes. Une véritable révélation.