Si sa carrière a été lancée par le biais de Raison et Sentiments et surtout de l’incontournable Titanic, ce sont pourtant les années 2000 qui ont été les plus favorables à Kate Winslet pour ce qui est de la reconnaissance critique. L’actrice ayant enchaîné des films tels que Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Neverland, The Reader ou encore Les Noces Rebelles. Et parmi ce joli lot de performances incontestables pour la comédienne vient se positionner le film qui nous intéresse ici, Little Children, adaptation du roman Les Enfants de Chœurs de Tom Perrotta.
Pour voir Little Children et ne pas s’étonner par le rendu du film, il est conseillé d’avoir quelques références en tête pour bien se mettre dans le bain. Car ce long-métrage de Todd Field (dont c’est le second film après In the Bedroom) se révèle être un mélange entre American Beauty et Desperate Housewives. Une histoire qui s’intéresse à des petites trames de ménages (une femme et un homme qui vont se rencontrer via leurs enfants et qui entretiendront une liaison à cause d’un quotidien monotone et frustrant) en plus d’une seconde un peu plus grinçante (le parcours d’un pédophile tout juste sorti de prison qui essaye de se réintégrer dans le quartier). Le tout raconté par le biais d’une voix-off et proposant à l’image une ambiance visuelle et sonore qui se rapproche quelque part plus du conte que du drame. Sans oublier un humour qui peut se montrer grandement ironique et grinçant (l’héroïne décidant de tromper son mari parce que ce dernier passe son temps à se masturber devant son écran d’ordi, fantasmant sur un avatar de site pour adultes). Pour dire que Little Children n’est vraiment pas à la portée de n’importe qui et qu’il faut vraiment accrocher à son rendu pour l’apprécier.
Et contrairement à American Beauty, Little Children m’a personnellement moins emballé. Si l’ambiance et l’ « univers » visuel s’en rapproche, le scénario, lui, n’est pas aussi bon je trouve. Déjà que parmi les trames qu’il présente (ce couple en pleine adultère et le pédophile), le film s’intéresse bien trop au duo que forment Kate Winslet et Patrick Wilson. Deux personnages qui se rencontrent, se rapprochent, hésitent à se lancer, couchent enfin ensemble, ne peuvent plus se passer l’un de l’autre… On connait donc les sentiments qu’éprouvent les deux protagonistes, on sait bien comment cela va s’enchaîner jusqu’à une fin plutôt surprenante, je l’admets (leur avenir est en parfait similitude avec l’ironie citée plus haut). Rendant donc toute cette partie de l’histoire peu intéressante, cumulant des personnages secondaires pas vraiment mis en valeurs (la femme de Wilson, l’amie de Winslet qu’elle revoie au club de lecture…) et mettant en avant des scènes de sexe inutiles à la trame (on sait qu’ils couchent ensemble, ce n’est pas la peine de le montrer autant !).
C’est plutôt l’histoire du pédophile qui, étonnament, intéresse le plus. Avec son personnage qui ne se cache pas auprès des spectateurs (on connait son attirance pour les enfants, on le voit dépasser les limites de sa perversité lors d’un rendez-vous galant qui commençait pourtant bien pour lui…). Et le plus fort, c’est que l’on s’attache à lui aussitôt, le film mettant en avant la haine des gens à son égard (ce qui est normal) pour que l’on éprouve de la sympathie (ou plutôt de la pitié) envers ce répugnant personnage pourtant aimé par une mère très protectrice. Et le final confirme ce fait ! Une trame qui affirme le penchant vers l’ironie de Little Children : s’intéresser à un personnage peu reluisant alors qu’un couple qui respire le bonheur est bien plus mis en valeur.
Oui, il faut vraiment s’accrocher ! À ce scénario mais également à cette ambiance « conte » qui suinte par tous les pores de ce film. Servi donc par une BO un chouïa enchanteresse, une mise en scène et un montage qui expriment à 100% cette atmosphère qui éloigne Little Children du simple drame qu’il paraissait être. Des qualités techniques que l’on ne peut reprocher au film, en plus d’un casting prestigieux : Kate Winslet, Patrick Wilson, Jennifer Connolly, Noah Emmerich, Phyllis Somerville… Sans oublier la renaissance (après bon nombre de rôles dans des séries B) de Jackie Earle Haley, qui arrive par son jeu d’acteur et son physique à rendre le fameux pédophile aussi repoussant qu’attachant.
Vous aimez American Beauty et/ou suivez Desperate Housewives ? Vous devriez donc être emballés par Little Children. Conte ironique qui, au minimum, se laisse regarder sans déplaisir et qui propose une superbe brochette de comédiens qui font le film à eux tous seuls. Pour les gens plus réticents, il est compréhensible que l’ambiance « conte de fées » au service de ces trames puisse vous refroidir. Quoiqu’il en soit, Little Children reste un film techniquement maîtrisé et parfaitement interprété. Faux vraiment être difficile pour ne pas apprécier !