Les Bourreaux meurent aussi : les secrets du tournage

Bien que le film ait été conçu comme une propagande anti-nazie au milieu de la Seconde Guerre mondiale, John Wexley, son scénariste, subit les foudres de la chasse aux sorcières menée par Joseph McCarthy sous l'égide de la H.U.A.C. (House of Un-American Activities Commission, ou Comité des Activités Anti-Américaines). Selon lui, les dialogues - qui avaient déjà choqué les censeurs qui y voyaient une apologie du mensonge - pouvaient être interprétés comme pro-communistes. Wexley fut ainsi mis sur la fameuse liste noire des artistes interdits de travail à Hollywood, au même titre que Charles Chaplin, Joseph Losey ou Dalton Trumbo. Il ne fut d'ailleurs pas le seul membre de l'équipe du film à être interrogé : le compositeur Hanns Eisler, qui avait lui-même fui le nazisme en Europe, subit le harcèlement du comité.

Les Bourreaux meurent aussi est le deuxième des quatre films que Fritz Lang réalise en lutte contre le régime nazi - il suit Chasse à l'homme, et précède Espions sur la tamise et Cape et poignard. Son but était "d'informer les Américains. de leur montrer qu'il existait en Europe des faits et des idées dont ils ignoraient sûrement la portée."

L'Opération Anthropoid est le nom de l'opération montée en vue d'assassiner le dignitaire nazi Reinhard Heydrich. D'autres films ont évoqué cet événement : Hitler's Madman de Douglas Sirk, Commando à Prague de Jiri Sequens, Sept hommes à l'aube de Lewis Gilbert, Lidice de Petr Nikolaev, Anthropoid de Sean Ellis avec Cillian Murphy et Charlotte Le Bon et HHhH de Cédric Jimenez.

Les règles imposées par la Screen Writer's Guild, le syndicat des scénaristes, empêchèrent le grand dramaturge Bertolt Brecht d'être crédité aux côtés de John Wexley, en dépit de son importante contribution au scénario.

Alors que le titre de tournage du film était encore Never Surrender ou No Surrender ("Ne Jamais se rendre" ou "Pas de reddition"), un livre intitulé de la même manière fut publié. Les producteurs établirent alors un concours entre les participants du film pour lui trouver un nouveau nom. Une secrétaire de production remporta finalement 100 dollars de l'époque pour avoir proposé le titre définitif.

Le héros du film et auteur de l'attentat qui coûte la vie à Heydrich s'appelle Svoboda, soit "liberté" en tchèque.