Trois ans après sa controversée (mais rentable) Passion du Christ, Mel Gibson repasse derrière la caméra et persévère dans le genre historique. Direction le XVè siècle, et le berceau dune civilisation Maya en voie dexctinction, pour un film qui ne manquera pas de faire débat. En raison, dabord, de la personnalité de son auteur (qui a, récemment, plus alimenté la rubrique faits divers que les pages culture), puis de la véracité des faits décrits, même si le metteur en scène de Braveheart privilégie la petite histoire à la grande. Il sattache donc à Patte de Jaguar, jeune guerrier rescapé dune vague sacrificielle qui tente un retour vers les siens. Ainsi, il ne fait quévoquer la chute imminente dun empire dans lequel Mel nous plonge avec des moyens qui valent le coup dil. Car des décors aux costumes, en passant par le dialecte utilisé (le yucatèque), tout est fait pour que lon croie à ce qui est à lécran. Encore aurait-il fallu, pour celà, que lacteur-réalisateur ne se sente pas obligé de surdramatiser chaque instant de son histoire. À force d(ab)user de gros plans et de ralentis à la moindre occasion, il relègue son talent pour le cadrage au second plan, et léblouissement des premiers instants laisse vite place à lexaspération et lennui. Un ennui auxquel les nombreuses scènes gores (la séquence des sacrifices, à base darrachage de cur, est à déconseiller aux plus sensibles), parfois gratuites (voire ratées, à la fin surtout), ne changent rien. Et pour couronner le tout, Apocalypto tutoie lapocalypse en cumulant invraisemblances (un marathon dans la jungle, le flanc troué, par exemple) et scènes risibles dans une dernière demi-heure qui achève denfoncer le film en beauté. Si, en grec, Apocalypto signifie nouveau départ, le nouveau film de Mel Gibson rate le sien, et, au final, cest la déception qui lemporte haut-la-main.