L'univers des schtroumpfs est un univers que je ne connais que très peu et envers lequel je n'ai jamais eu de véritable attirance. J'avais donc beaucoup moins d'attentes pour cette adaptation cinématographique que pour celle des aventures de Tintin, par exemple. En plus de cela, au vu des critiques négatives le concernant, je craignais un ratage complet. Malgré toutes mes inquiétudes, je restais tout de même curieux d'en découvrir le résultat et de retrouver Neil Patrick Harris dans un rôle autre que celui du Barney Stinson de How I Met Your Mother.
Première surprise, le monde des schtroumpfs n'en est pas vraiment un, puisqu'ils se retrouvent rapidement propulsés en plein New-York. S'il est évident que ce changement de décor a du en navrer plus d'un, pour ma part, n'étant qu'un néophyte, je trouvais au contraire cela sympathique de voir leur évolution dans notre monde moderne. La première chose qui m'a étonné, outre ce point auquel je ne m'attendais pas du tout, reste l'attachement immédiat que j'ai pu ressentir pour ces petits bonhommes bleus. Joliment modélisés, ils sont tous très attachants et se dévoilent avec simplicité, leurs traits de caractères, volontairement caricaturaux, rendant bon nombre de situations plaisantes à découvrir. Que ce soit le maladroit, le sage, le cynique, ou autres, leurs personnalités sont toutes exploitées avec une extrême facilité, et elles prêtent donc à sourire, nous autres ébahis comme des enfants devant leur schtroumpfitude. Leurs relations avec le monde extérieur naviguent de clichés en clichés, sans pour autant devenir dérangeants, et ils s'accordent à intégrer l'aventure dans toute sorte de lieu symbolique de la Rome du XXIème siècle.
Poursuivi par le sorcier Gargamel et son chat Azrael jusqu'aux fins fonds de l'univers (soit, chez nous), la course contre la montre qui se met en place entre tous les protagonistes donne volontairement un rythme délirant au long-métrage. C'est le cas de Gargamel, qui entame une véritable chasse aux schtroumpfs dans les rues de New-York, situation porteuse de nombreuses séquences burlesques. Hank Azaria interprète avec beaucoup de justesse son personnage, qui apparait à la fois cruel et attachant. La majorité des scènes les plus drôles interviennent à travers ses réactions aux évènements et son désir de puissance, qui, couplé à son esprit précaire, font de lui un personnage loufoque et désopilant.
L'histoire se met donc en place par l'intermédiaire de cette lutte qui fera intervenir un couple typique américain. Le mari est un jeune publicitaire dynamique, qui ne se préoccupe que de son travail, harcelé par une patronne tyrannique, et qui en oublie donc de prendre la peine d'apprécier les choses simples de la vie. La femme elle est une humaniste qui voit le monde avec des yeux d'enfants, complice instantanée de la bande de schtroumpfs qu'ils seront amener à rencontrer, et à héberger. C'est au travers de cette relation entre ce duo d'acteurs et les schtroumpfs que le film parvient à insérer des messages touchants. S'il est évident qu'une certaine niaiserie enfantine ressort des dialogues, cette niaiserie correspond idéalement à l'atmosphère qu'on attend d'une oeuvre comme celle-ci. L'intention est bonne et on ne peut qu'être sous le charme de la façon dont vont s'orchestrer les évènements, pour faire évoluer tous les personnages du film, avec un mélange de bêtise et d'intelligence. Les leçons qui sont tirées en fin d'aventure se révèlent certes redondantes avec bien d'autres productions du genre, mais grâce à une certaine authenticité, elles résonnent avec beaucoup d'éloquence.
Le scénario, bien que gentillet, a le mérite d'entraîner le spectateur au sein de ces péripéties avec beaucoup d'entrain, et lui propose des relations sincères, drôles, et uniformes entre tous les intervenants. Pour cela, il atteint pleinement son objectif, celui de divertir et de rester un bon souvenir. Finalement, la simplicité du travail de Raja Gosnell, et l'humanisme des acteurs, dénotent d'un réel désir d'une douceur esthétique qui entraîne un retour vers l'enfance mielleuse, de manière charmante. Si on peut lui reprocher certains aspects, on ne peut renier la bouffée d'air frais qu'il se permet d'apporter, et rien que pour cela, j'en redemande.