Troublant, bouleversant voire même déconcertant. Bref un Cannes... à la Dumont. Qui dérange tellement qu'on fôle la sortie de salle à plusieurs reprises....
Le film démarre lentement, très lentement au point de craindre l'ennui. Mais avec cet ennui le rélisateur marque au plus haut point la différence cinglante entre l'arriérisme, la débauche paysanne primaire et la tranquillité d'une campagne complétement en marge de tout avec la cruauté, la barbarie et le sadisme de la guerre à venir.
La scène du viol est d'un réalisme monstrueux, d'une infamie insoutenable, on en arrive à souffrir avec cette soldat, voir à se voiler la face. Pour arriver à transmettre au spectateur l'horreur de cet acte abject, c'est comme avec la sécurité routière, Dumont fait du trash pour faire comprendre. Et la vengeance du viol va atteindre le sommet de la sauvagerie, sentence peut-être ultra dégoûtante et horrible mais certainement à la hauteur de ce que peut être la souillure d'un viol.
Finalement, ce sera le moins coupable des trois qui sera châtié, le complice, celui qui n'a rien fait, rien dit, qui a quand même violé par son silence. Toutes ces séquences montrent la cruauté de la guerre à l'image des 20 premières minutes du soldat Ryan, sans pitié, chacun pour soi, un sadisme à son paroxysme.
Dumont a raison,pour transmettre un message, la transmission doit être aussi horrible que le message peut l'être. La guerre et le viol sont des horreurs que l'on ne peut imaginer. Loin et sans les vivre, on ne peut pas véritablement savoir ce que c'est vraiment de les vivre.
Par ailleurs, dans la ferme, ces rapports sexuels sans intensité, furtif vu la précocité des paysans en question, conjugué au viol gratuit, nous laisse un goût amer de l'amour. Il y a de quoi déprimer pour Barbe...
Heureusement qu'à la fin, Dumont redore un peu le blason de cet amour si particulier puisque c'est justement cet amour pour Barbe qui va sauvé Demester.