Le sujet que ce film traite m’était totalement inconnu lorsque je l’ai visionné la première fois, dans les 2007 il me semble. Il m’avait laissé un grand effet, prenant sa place dans ma collection des inoubliables. Sept ans après, force est de constater qu’il a pris quelques rides, sans doute à cause du cadre très seventeen/eighteen, où le tape à l’oeil mauvais goût rebute quelque peu le regard. Un style omniprésent dans le vestimentaire et la demeure de la célèbre Doris Duke, lieu où quasiment tout l’histoire se déroule. Mais l’interprétation remarquable des deux acteurs, Susan Sarandon et Ralph Fiennes, et tout de ce qui en découle n’ont rien perdu de leur puissance. Susan Sarandon incarne Doris Duke, présentée par sa biographie comme « une riche héritière et une philanthrope américaine ». Après un parcours professionnel coloré de personnalités comme Peggy Lee ou Elisabeth Taylor, Ralph Fiennes, le Bernard Lafferty du film, parvient à prendre pied dans le microcosme de Doris Duke comme nouveau majordome. Une fois les connaissances faites, une complicité s’installe entre les deux protagonistes. La force du film repose, justement, sur cette relation captivante, nous éloignant de tous les éléments peoples qui gravitent autour de la personnalité de Doris Duke. Les deux figures sont attachants renforçant l’envie de se glisser dans leur univers, dans leur joie et tristesse, illusions et désillusions, bonheur et déboire. Ce sentiment est plus intense avec Susan Sarandon, qui est tout simplement divine ! Ce n’est pas « la riche héritière » que l’on a envie de connaître mais tout simplement la Doris, orpheline de père à 12 ans et mère d’un enfant qui ne restera en vie que 24 heures. De part les dialogues et quelques scènes où parfois l’excentricité donne le ton, elle nous laisse cerner son caractère, ce qui est nettement moins le cas pour Bernard Lafferty. Et c’est peut-être le seul point qui laisse le spectateur sur sa faim. Son gestuel et ses expressions faciales sont légèrement répulsifs, tant le rôle est joué à merveille. Il nous parle de sa mère, par ci, du destin, par là, mais ne dévoile que très peu la relation qu’il entretient avec sa déité, Doris. Et la fin du film n’arrange guère la situation : cela est laissé à notre libre imagination. Hormis ce détail, important néanmoins, ce film, théâtral par moment, séduit par ses caractères et touche par les choix de son réalisateur, Bob Balaban.