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Jean-François S
51 abonnés
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4,0
Publiée le 31 juillet 2015
Tourné en 1968, alors que les westerns spaghettis inondent les écrans européens après avoir pillé les codes du film de samouraïs. "Kill, la forteresse des samouraïs" peut être vu comme un retour de bâton entre les deux genres. Car ce film reprend à son tour des codes que les italiens avaient peaufinés dans leurs westerns, comme sa musique aux envolées de cuivres ressemblant aux thèmes d'Ennio Morricone, un sens du montage très rapide et un jeu outrancier comique de certains acteurs. On peut ainsi dire que ce film montre parfaitement la symbiose entre ces deux genres et les influences que chacun aura sur l'autre.
Visuellement superbe, Okamoto nous offre une belle histoire humaine, pleine d'humour et de personnages immédiatement attachants, dont les destins et les objectifs de chacun s'entrecroisent, pour mieux se percuter. On y suit une bande de samouraïs, obligés de se réfugier dans une forteresse, après avoir été trahis, suite à la réalisation d'un coup d’État ; mais ceux-ci trouveront un soutien dans un mystérieux vagabond en quête de rédemption. "Kill" nous présente une palette d'émotions et de personnages formidables, en plus de quelques scènes de combats d'une rare violence. Un grand classique, où l'on voit que l'excellent Okamoto y a mis toute son âme, pour accoucher d'une œuvre tout à fait personnelle.
"Kill" nous permet de confirmer le grand talent de Tatsuya Nakadai mais aussi de découvrir Okamoto, un sacré bon réalisateur de films traditionnels de sabre. Avec une mise en scène sobre et efficace, une esthétique très jolie portée par un rendu noir/blanc de qualité et par des thèmes faisant la force de ce genre de films (complots, trahisons, drame, etc.), "Kill" est une belle œuvre que tous les amateurs de films de samouraïs se doivent de regarder.
Bienvenue dans le western japonais. Dès le générique sélève une musique semblant sortir tout droit dun film de Sergio Leone, puis vient sinstaller le décor dune bourgade fantôme, avec ses paysans appauvris par un dignitaire corrompu quun groupe de samouraïs décide dassassiner pour libérer les villageois. Trahi par lun des leurs, ils sont forcés de se réfugier dans une forteresse où ils seront très vite pris au piège. A ce côté dramatique vient saccoler un ton décalé, propre aux westerns spaghettis, grâce à de nombreux personnages hauts en couleurs, dont principalement le rônin joué par Tatsuya Nakadai, ici tout en douceur et en légèreté et à mille lieux de la froide sauvagerie quil incarnait dans Le sabre du mal du même Okamoto, cherchant à tempérer la situation avant quelle ne tourne au carnage et perçu comme un extra-terrestre dans cet univers de fierté et de virilité exacerbées quest celui des samouraïs. La véritable touche dhumour est apportée par un ancien paysan cherchant à devenir samouraï, pensant que cest la seule voie honorable (Okamoto profitant de ce film pour montrer du doigt et légèrement ridiculiser lintégrisme des samouraïs) mais qui reste fondamentalement épris de la terre et ne parvient pas à cadrer au milieu de la rigidité des autres samouraïs. Le film vacille sans cesse du drame à la comédie avec une grande justesse, sans quaucun des deux genres ne ridiculise ou ne diminue lautre, et quand le personnage de Nakadai soriente, à contre cur, vers un héros responsable, celui du samouraï-paysan devient de plus en comique et en décalage avec le reste du groupe, le film parvenant ainsi à toujours conserver un parfait équilibre. Nous offrant à la fois action à suspens, héroïsme dramatique, détente amusante et un brin dhumanisme, cette uvre simpose comme un grand moment du cinéma japonais. (+de critiques sur http://www.guillaumetauveron.com/Textes/chroniques_films.htm)