Film méconnu, qui a la particularité d’être vénézuélien. Autant dire que ce n’est pas fréquent, et on aimerait la bonne surprise, mais non.
Le souci de ce film c’est déjà la catastrophe formelle qu’il représente. Cherchant à se montrer poisseux, interlope, il en résulte un métrage tout à fait grotesque. La photographie est grillée par les contrastes lumineux excessifs, par les couleurs flashys. Ça ressemble par moment à un film grindhouse de Robert Rodriguez ou Quentin Tarantino, mais dans le mauvais sens du terme. Le réalisateur n’a ni les moyens ni le talent des sus-nommés, et s’ajoute donc des décors très médiocres, et surtout une mise en scène inepte. Bourré d’effets de style digne d’un amateur (accélération soudaine des mouvements, six, sept images se partageant l’écran…), c’est la plupart du temps illisible, incompréhensible, avec des hors-champs malvenus, des personnages coupés aux mauvais endroits, et les scènes d’action, rares, relèvent du n’importe quoi filmique. Visiblement le réalisateur a été dopé au style grindhouse, mais il n’a guère de talent, et offre un produit digne d’un DTV de piètre facture avec Seagal ou Lundgren.
Si l’on parvient du coup à supporter le métrage sur la forme, il faudra supporter un fond franchement anecdotique. Cette histoire d’enlèvement s’enlise. Peu d’action, de la provoc facile qui n’apporte pas grand-chose au film et qui sonne souvent toc vu qu’elle reste toujours dans la retenue (finalement très peu de violence graphique, de séquences chocs). J’ai eu le sentiment d’un film qui se veut radical et mordant, surtout sur la société vénézuélienne, pays qui semble digne de Los Angeles 2013 à croire ce métrage, mais qui n’en reste qu’aux mots, à l’implicite. C’est mou, ça s’anime avec de l’inutile (fusillade gratuite, scène BDSM homo…), et la fin n’est pas terrible non plus. Finalement la morale de l’histoire : si vous ne voulez pas être kidnappé et subir un sort peu enviable, ben roulez avec une poubelle et habillez-vous comme un mendiant. Pourquoi pas, mais on pouvait attendre un peu plus.
Reste le casting, et là encore pas de quoi s’enflammer. Je n’ai réellement retenu que Mia Maestro, qui hérite d’un rôle pas facile et qu’elle porte avec solidité. Elle est d’ailleurs au cœur de l’histoire, cela ne m’étonne pas. Outre que son personnage est le plus intéressant, elle est à des années lumières meilleurs que les méchants caricaturaux autour d’elles, et campés par des acteurs bien moyens (Carlos Julio Molina par exemple). En dehors de Ruben Blades et de Mia Maestro, les autres acteurs ne semblent d’ailleurs pas avoir fait de carrière internationale, et en toute honnêteté cela se comprend. Vous connaissez les truands des films avec Seagal ? Ben c’est à peu près de ce niveau, sauf qu’on se les coltine tout du long.
Pour ma part, Secuestro Express est un métrage franchement anecdotique. On ne ressent pas du tout l’ambition « film d’auteur » qui pourrait démarquer ce produit des petits DTV banals qui envahissent régulièrement les bacs à un euro et font le régal des chaines câblées. Et en plus l’action n’étant pas au rendez-vous, le divertissement reste fort limité. 1 pour Mia Maestro essentiellement.