"C'est une fable contemporaine, avec un point de départ quasi fantastique. L'histoire met en scène un homme en proie à mille petites agressions, des vexations, des contrariétés qui n'ont en soi rien d'exceptionnel. Dans une société urbaine, c'est le tissu dans lequel chacun de nous évolue. Et brusquement, du jour au lendemain, la vie de cet homme va s'éclairer, tout ce qui lui faisait violence va tourner en sa faveur. C'est comme si le monde s'accordait à ses désirs... Il cherche une explication à cet enchantement, et il n'en trouve pas ! Il y a donc ce postulat un peu magique, mais qui se déroule dans un univers réaliste."
Les influences littéraires du réalisateur sont variées "Le cauchemar de François, c'est que la réalité dans son ensemble se met à lui sourire. Il y a là quelque chose de totalitaire, c'est "le Meilleur des Mondes" d'Huxley ! C'est contre cette obligation du succès que le personnage se révolte à la fin. Du reste, j'avais tourné plusieurs plans de caméras de surveillance tout au long du film", confie Philippe Le Guay. Des écrivains comme le Russe Fedor Mikhaïlovitch Dostoievski lui ont aussi servi de sources d'inspiration : "Chaque personnage est une déclinaison possible de François. Le vigile interprété par Rufus représente ce que François pourrait devenir vingt ans plus tard. Cet homme a cessé d'y croire, il n'attend plus rien de la vie, c'est vraiment l'homme du souterrain décrit par Dostoïevski". De son côté Benoît Poelvoorde nous raconte qu'ils se sont même inspirés de dessins ! "Avec Philippe Le Guay, nous nous sommes inspirés des dessins de Sempé où l'on voit souvent un petit bonhomme perdu dans un univers trop grand et qui demande juste d'être tranquille. C'est l'image de François rencogné dans son minuscule bureau..." nous livre l'acteur.
Le scénario de Du jour au lendemain nous présente le personnage principal comme une victime poursuivi au quotidien par une suite d'événements malheureux, comme si cela n'avait pas de fin. On notera donc une certaine similitude avec le film d'Harold Ramis Un jour sans fin. Une influence que le réalisateur n'hésite pas à citer : "un peu comme dans Un jour sans fin d'Harold Ramis, un film que j'admire énormément. On ne saura jamais pourquoi tout s'est arrangé le mardi, c'est un postulat !".
Le tournage du film s'est terminé le samedi 9 juillet 2005 dans le 13ème arrondissement à Paris, deux mois après le premier clap.
Dans la première version de son scénario, Olivier Dazat expliquait le soudain bonheur de François Berthier, le personnage principal, par une conspiration des services secrets : ils veilleraient à sa joie puis obserververaient par la suite ses réactions. Mais le réalisateur a préféré se focaliser sur la psychologie de François et délaisser les éclaircissements ; en guise de justification, il cite une phrase de Jean Cocteau, qui pourrait être le leitmotiv du film : "Le succès est un malentendu".
Philippe Le Guay, en choisissant Benoît Poelvoorde pour jouer le rôle principal, savait que la notoriété du comédien lui laisserait la possibilité de choisir des acteurs moins connus, mais qui n'en restent pas pour autant excellents. Anne Consigny (vue en 2005 dans Je ne suis pas là pour être aimé), Bernard Bloch, Anne Le Ny et Rufus complètent ainsi la distribution.
Pour créer l'univers visuel du film, Philippe Le Guay s'est inspiré des dessins de Sempé, le papa du Petit Nicolas. Et quand le réalisateur dépeint les décors du Jour au lendemain comme des "décors immenses avec un tout petit personnage qui s'étonne", il est vrai qu'on peut reconnaître la griffe du dessinateur. Philippe Le Guay décrit Sempé comme un "champion de l'oservation quotidienne (...). Chez lui, il y a un mélange de légèreté et d'inquiètude".
Il évoque les décors ainsi créés, et la direction artistique qu'il a voulu prendre : "Je tenais à une sorte d'abstraction quotidienne, un familier décalé. J'ai évité les rues de Paris pour privilégier des décors élégants et un peu vides, comme ceux de la galerie marchande".
Philippe Le Guay avoue avoir cherché à retrouver l'intimité que Woody Allen arrive à créer entre ses personnages, qu'il arrive à transcrire en plaçant généralement ses deux protagonistes sous la pluie. Le réalisateur s'est donc inspiré du cinéaste new yorkais en mettant Benoît Poelvoorde ... sur roues ! "Je voulais un moment de complicité entre François et cette fille croisée dans le self. (...) Avec les rollers, François est en état d'apesenteur, il flotte littéralement. Il est en accord avec lui même, avec le monde. Tout se passe sans un mot, ils se regardent, ils se prennent la main ..."
Dans Du jour au lendemain, Philippe Le Guay n'a pas hésité à inserer une séquence de comédie musicale, hommage à un réalisateur qu'il admire beaucoup, Jacques Demy. Selon lui, ce genre est "par principe une embellie. (...) Les personnages esquissent un pas de danse, ils fredonnent une chanson et c'est la réalité qui s'enchante. Dans un film qui raconte le passage du gris à la lumière, la comédie musicale était un passage obligé."Cependant, le réalisateur a bien veillé à ce que la séquence musicale ne soit pas un simple moment de comédie, sans justification. Pour cela, il a fait appel au compositeur Philippe Rombi, avec qui il avait déjà travaillé sur Le Coût de la vie et qui a collaboré à de nombreuses reprises avec François Ozon (Swimming pool, Sous le sable, Les Amants criminels). Il lui a demandé une chanson qui "prolonge l'état intérieur du personnage".
Du jour au lendemain le bonheur qu'un homme triste et malheureux parvient à obtenir, ou plutôt le bonheur tel qu'il l'imaginait et les conséquences que cela aura sur sa vie. Benoît Poelvoorde, qui incarne ce personnage, a une vision très lucide du bonheur : "Le bonheur s'inscrit soit dans le passé "ah, j'étais heureux !" soit dans la projection qu'"Un jour peut être ...". La difficulté est d'apprécier le bonheur à l'état présent, malgré sa durée éphémère. A trop réflechir, on passe son temps à s'observer comme un rat de laboratoire, et on rate tout. (...) Le bonheur est à la fois dense et fragile. Sa fragilité fait sa richesse, et son éphémère sa grandeur. Pour moi, le bonheur serait d'arriver à être en adéquation avec ce que je ressens."
Avant Du jour au lendemain, Bernard Bloch avait figuré au casting du Coût de la vie, un autre film de Philippe Le Guay.
Le comédien avait également participé à Entre ses mains, dans lequel Benoît Poelvoorde tenait l'un des rôles principaux.
Philippe Rombi, compositeur régulier de François Ozon, a écrit la musique de Du jour au lendemain. Ce ne n'est pas la première fois que le réalisateur Philippe Le Guay et Philippe Rombi travaille ensemble : "J'avais beaucoup aimé faire la musique du Coût de la vie et j'avais donc hâte de savoir quelle nouvelle histoire Philippe le Guay allait me proposer cette fois-ci" nous confie le compositeur. On retrouve dans le film quelques passages de "comédie musicale" que Benoît Poelvoorde et Philippe Rombi ont préparé ensemble : "J'ai passé une soirée avec lui car la chanson du parc, c'est moi qui l'ai chanté de manière provisoire, donc je lui ai fait entendre ces maquettes et il fallait qu'il donne son point de vue, qu'il valide la chanson car il fallait qu'il la chante en faisant son jogging" raconte Philippe Rombi. De son côté le réalisateur nous livre : "Dans un film qui raconte lepassage du gris à la lumière, la comédie musicale était un passage obligé ! Et bien sûr il me plaisait de rendre hommage, le temps d'une séquence, au cinéma de Jacques Demy (...) Je crois à la fonction euphorisante du cinéma. C'est pour cela aussi que j'aidemandé une musique émotionnelle, au compositeur Philippe Rombi. Il a écrit une partition qui ne fait pas spécialement "comédie" mais qui prolonge l'état intérieur du personnage.