10 sur 20, c'est typiquement la note quand je sais pas quoi dire.
C'est quand même truffé d'originalités, le noir et blanc systématique, le propos de mythomanie d'un petit beur qui se fait son grand film, comme on en voit de plus en plus en décalage complet avec notre réalité, le contraste invraisemblable assumé jusque dans la fin. Bref, que des qualités finalement.
Le problème avec Besson, c'est que le producteur scénariste bâcleur n'est jamais loin, même si son intellectualisme bas de plafond se pique de finesse. D'ailleurs, pourquoi a-t-il cessé de faire ses petits polars glauques qui étaient si frais et si agréables, "Subway" en tête ?
Car le premier problème, c'est l'acteur. Si c'est l'incarnation de la tête à claque qui court après les emmerdes (heureusement qu'il est devenu comédien), il n'a rien d'un ange. Ces derniers dérapages chez Cauet montrent s'il en était besoin qu'il a bien du mal à comprendre le génie qui le sépare d'un Gainsbourg au sommet de son art de la provocation d'une vraie star qui n'avait rien à envier à une américaine. Et encore avait-il éventuellement l'excuse d'être complètement bourré.
En dehors du manque d'originalité de cet esclandre, Jamel a bien du mal à faire croire à une quelconque classe qui pourrait le transfigurer pour devenir le petit chien chien à top modèle blondasse.
L'autre problème, c'est cette obsession de la fille de l'Est gaulée anorexique. Si Besson tombe systématiquement sous le charme de ce type de nana, qu'il les épouse, il n'a pas besoin de les faire jouer. Bien que celle ci soit plus douée que la précédente, elle n'a pas un rôle facile par manque de nuances et de subtilité.
C'est d'ailleurs elle qui sauve le film d'un moins de 10/20, puisque elle donne manifestement un peu de personnalité discordante aux lentes prises de vues répétitives.
Pour le reste, des clichés à la pelle, une vision de Paris qui ne peut pas montrer autre chose que la Tour Eiffel toutes les 3 minutes. Une vraie excursion pour touristes. Assez bien filmée certes, mais rien de bien typique du vrai Paris du parisien. Peut-être se sent-il tellement rejeté par son public qu'il se sent déjà un américain en
villégiature ? Dommage, Paris, c'est aussi d'autres quartiers moins artificiels et historiques. (Surtout après la révolution !)
Bref, c'est original sans but, sans philosophie véritable, sans fondements bien réfléchi, et c'est donc raté. Mais on ne peut pas dire pour autant que l'on passe un mauvais moment, à chercher cette grâce fragile qui habitait ses premiers films. A trouver des excuses à toutes les maladresses et poncifs étalés pendant une heure et demie.
Par contre, les effets spéciaux de la fin sont pitoyables de la part de Digital Factory, et ça fiche un peu tout par terre, vu que l'on commençait à y croire. Je ne parlerais pas de la fin bien évidemment, tellement téléphonée.
Sur le thème, Win Wenders montre la frontière entre un intellectuel cultivé et un grand enfant à qui tout réussi, même les échecs.