La guerre des biopics est déclarée. Hier La Dame de Fer, My week with Marilyn, aujourd'hui Lincoln, demain Hitchcock. Tous ne sont pourtant pas de vrais biopics, puisqu'ils s'intéressent exclusivement à une partie de la vie de l'artiste, ou du personnage politique. Et Monsieur Steven Spielberg continue dans cette veine car son récit ne reprend que les dernières semaines de la vie de Lincoln, et de sa lutte acharnée pour le treizième amendement.
Deux heures et trente minutes, voilà la durée de Lincoln. Un récit déjà dense me direz-vous, et pourtant, il en aurait fallu une heure de plus. Le cinéaste veut que son film soit le plus documenté possible pour être cohérent. Il condense donc le maximum d'informations en donnant beaucoup de noms et d'explications, ce qui fera perdre le fil à nombre de spectateurs. De plus, Spielberg met le doigt sur les relations père / fils entre Abraham et Robert. Là encore, ce lien est quelque peu survolé et aurait mérité un peu plus d'attention car il aurait permis de creuser davantage la vie intime du Président.
Alors que certains historiens affirment que Lincoln était plus intéressé par le maintien de l'Union que par l'esclavagisme, Spielberg sacralise cet homme politique. Plus grand physiquement que tout le monde (et même si celui-ci est diminué au fil des jours par l'ampleur de sa tâche), il est présenté comme un homme sage qui écoute beaucoup les gens autour de lui. De même, ce n'est pas pour rien que le réalisateur choisit de ne pas montrer sa mort, pour en faire un personnage mythique et éternel.
Daniel Day-Lewis lui, est monumental. On pourrait écrire une critique, rédiger un livre, ou réaliser un film à son sujet tellement cet acteur est prodigieux, et tellement il se donne pour chacun de ses rôles. Dans son film, il captive par son phrasé, ses discours et sa force de conviction. Mais c'est peut-être quand il n'est pas au centre de l'attention qu'il fascine le plus. Par sa présence, son charisme, et cette habilité à se métamorphoser en chaque personnage qu'il interprète.
Nous pouvons insister sur la photographie, qui magnifie ce tournant du XIXème siècle, en donnant à la période un ton classique. Et en ayant la bonne idée de n'adapter au cinéma que la fin de la vie de Lincoln, Spielberg arrive à créer un stress chez le spectateur, en ce qui concerne la date butoir de l'amendement. Par cet aspect, nous sommes confrontés à une sensation purement cinématographique.
Un bon film historique est enfin une oeuvre qui sait faire écho à notre actualité, ce que Lincoln arrive très bien à faire. L'égalité pour tous que tout le monde, même aujourd'hui, n'arrive pas encore à assimiler.