Bon, je n’ai jamais nié le fait que Spielberg soit un grand réalisateur. Ce serait même de la mauvaise foi si quelqu’un venait à prétendre le contraire, tellement il y a de chefs d’oeuvre qui sont associés à son nom (enfant je disais même que plus tard je voulais être Spielberg, bref). Mais sérieusement, à part « Arrête Moi Si Tu Peux » qui était excellent, et bien le grand monsieur n’a plus rien fait de mémorable depuis 1998 avec « Il Faut Sauver le Soldat Ryan« . Et j’avais pour cette raison, et depuis l’énorme déception que fût « Tintin« , décidé de le bouder. C’est donc, comme vous vous en doutez, avec une grande appréhension que je me suis risqué à aller voir son Biopic dédié à Abraham Lincoln. Alors, est-ce que Spielberg a réussi à me surprendre? La réponse est oui! Pourtant ça commençait très mal, avec une première heure de film vraiment pénible à regarder, car abusant un peu trop de dialogues pas franchement passionnants car trop politique (je ne compte plus les fois où je me suis surpris à simplement regarder les personnages parler, sans savoir de quoi ils parlaient. Et tandis que j’écris ces mots j’ai d’ailleurs une pensée émue pour le gros porc qui ronflait bruyamment au fond de la salle), et d’un Daniel Day Lewis qui certes est excellent dans son rôle, mais qui n’a malheureusement rien de transcendant et dont la prestation est loin d’être mémorable. Son plus grand mérite, c’est vraiment d’avoir su redonner vie au personnage de façon à se qu’on y croit, mais de mon point de vue cela ne mérite pas un Oscar. Bref, si j’avais été un spectateur lambda je crois que je ne me serai pas infligé ça une heure et demie de plus, mais je suis pas du genre à abandonner et j’ai, au plus profond de moi, espéré une surprise. Et c’est là qu’est apparut l’immense Tommy Lee Jones, qui est pour moi la plus grosse surprise de ce film et qui, lui, mérite cette sacrée statuette. Ce mec déborde de classe, c’en est presque blasant, et il porte l’un des personnages les plus touchants du film, bien devant celui de Day Lewis. Mais le summum, c’est son grand monologue, qui m’a foutu des gros frissons dans le dos et dont je me souviendrai encore longtemps. Et après ça, alors le film devient carrément passionnant, arrivant à créer un petit suspense délicieux qui fonctionne malgré le fait qu’on connaisse déjà la fin de l’histoire. Spielberg fait place à l’émotion, mettant de côté la politique pour s’intéresser au côté humain des personnages. Et c’est là que le film commence à vraiment prendre de la gueule, montrant que Spielberg a encore des ressources et que son nom peut encore être associé à de grands films, pour atteindre son paroxysme lors de cette séquence magnifique, à la fin, où l’on voit Lincoln marcher de dos (juste après qu’il ait reposé ses gants noirs). Mémorable. En conclusion : Lincoln n’est pas le meilleur Spielberg, mais c’est de toute évidence le meilleur film qu’il ait fait depuis longtemps et qui m’a bien réconcilié avec son cinéma. Outre la déception de la performance de Daniel Day Lewis, elle est rattrapée par celle de Tommy Lee Jones, ma première grosse surprise de l’année côté actorat. Lincoln est un grand et frissonnant film historique, qui peine à démarrer mais qui se termine de façon mémorable, dans l’émotion la plus sincère et la plus touchante possible. Une réussite.