Un des films les français les plus réussis de cette année. Réussi parce qu'il évite toutes les chausses-trappes qui ponctuent le parcours de celui qui s'attaque à l'adaptation cinématographique d'une oeuvre littéraire, qui plus est très connue. On entre dans le film come dans un Pialat, sans emphase, juste un plan sur l'héroine qui parait anodin. L'histoire étant connue, quelques scènes de rappel nous sont proposées mais sans aucune forme d'académisme, il y a toujours quelque chose d'original. Par exemple, on entend les horreurs de la guerre, décrites par le mari et quelques anciens combattants au cours d'une réunion, en observant le visage de Lady Chatterley qui se trouve dans une autre pièce et qui percoit cette horreur par l'entrebaillement de la porte. De même, la rencontre avec le garde chasse, qui n'a rien d'un séducteur, mais dont on perçoit tout de suite l'émotion charnelle qu'il provoque chez la chatelaine, est elle vue par la réalisatrice sans aucune complaisance. Lady Chatterley a besoin de changement, sa santé l'exige, et c'est dans les bras de cet homme un peu rustre, l'exact opposé de son mari indigent, qu'elle atteint une forme de plénitude, en accord avec la nature environnante, et que rend parfaitement la mise en scène. La réalisatrice n'utilise pas ou peu de musique (à part quelques accords de piano), elle fait confiance aux bruits naturels. Elle refuse aussi les "grandes scènes", tant attendue par certins spectateurs, et qui souvent ont un goût artificiel. Non, on est toujours dans le même ton, une sorte de symphonie élogieuse de la nature, avec des couplets constitués des rencontres fréquentes entre les deux amants. Ceci a pour avantage de véritablement appréhender les personnages, de comprendre leurs émotions, d'apprécier leurs élans amoureux comme de véritables odes à la nature.