Lady Chatterley est un film éblouissant,qui nous parle de l'amour dans ce qu'il a de plus universel, en ce qu'il est le plus universel des sentiments. Aucun critère ne le détermine, et ce n'est pas le réduire de dire que c'est d'abord une attirance irraisonnée, une alchimie mystérieuse que l'on ne comprend pas soi-même au moment où elle opère, et à laquelle il suffit de se laisser aller, de "lâcher prise". Constance adopte d'emblée cette posture, et comme le lui dira Parkin, accepte de s'ouvrir totalement, étape par étape. Cette progression est magistralement traitée par Pascale Ferran. J'ai aimé, et tant pis si l'image peut sembler convenue, l'association au déroulement des saisons : l'éveil au printemps, l'exubérance en été, la thésaurisation à l'automne.
Mais surtout, c'est l'intimité progressive des personnages, la liberté qu'ils se donnent peu à peu, et que l'image nous offre avec une infinie finesse, mâtinée d'une audace à mon sens peu commune. Tout est montré, et aucune image n'est choquante, ni vulgaire, ni excessive. Tout est à sa place, sincère et authentique. Et, oui, évidemment, d'un érotisme torride, parce que tout un chacun peu s'identifier sans retenue ni culpabilité : tout coule de source.
La justesse du propos de Ferran tient sans doute pour une bonne part au casting. Pas d'esthétisme excessif, des personnages assez banals pour être universels. Et à une caméra qui sait mettre en valeur l'épanouissement progressif de Constance, qui devient de plus en plus splendide, sans pour autant perdre de sa simplicité et de son authenticité. Chapeau aussi à Hippolyte Girardot pour la performance d'acteur.
A voir donc, et à revoir sûrement, une sorte de référence cinématographique : peu de films selon moi ont traité de l'amour avec autant de justesse, et nous donnent tant de pistes à explorer, sans jamais pour autant nous faire la leçon.