J'aime bien les grosses séries b qui tâchent, surtout quand elles sont orchestrées par un tel chef que Sam Raimi. Avec lui, non seulement c'est du balaise, du lourd, mais c'est carrément le pied, sérieux. Bon, ici, ça l'est clairement pas. Non content de nous avoir pondu de très bons "Evil Dead", le mec revient avec "Darkman", petite série fantoche sur le thème des super-héros pas si super que ça. Le mec a une gueule à t'en faire rougir Frankenstein, et une voix qui incite Batman à s'en acheter une nouvelle. Dès le début, "Darkman" est pourri par un aspect très dtv, presque amateur; à cette histoire, on y croit avec peine, tant l'esthétique globale s'avère paresseuse, lourde, dédommageable. Cet aspect très série b, sans les moyens qui animent les autres, déçoit légèrement; aux vues de l'affiche et du réalisateur, l'on était en droit d'attendre mieux, quand même. Déja, dès le départ, la bo rappelle étrangement celle du Batman de Burton; juste un ans après la sortie du film d'origine, Eflman ne s'est pas foulé, nous pondant une composition presque identique, et manquant fortement d'originalité. On se croirait devant un sous-Batman, une version série b de l'oeuvre de Tim. La mise en scène de Raimi s'y prête également. Et c'est dommage, parce que dès lors que le métrage pompe sur LA référence de l'époque ( dans le genre ), il perd toute perspective de personnalité, toute possibilité de se démarquer des autres films du genre. Bon, le tout reste convenable, mais pour le coup, j'ai été très déçu. La mise en scène demeure, tout de même, plaisante : véritable délire de son auteur, elle surprend de par ses effets kitschs, très années 70, en somme. De ce côté ci, le film a étrangement mal vieilli; de même lorsque l'on se penche sur les effets spéciaux, franchement décevants, et clairement pas à la hauteur des attentes. Etrangement mauvais, ils déçoivent plus que de raison, tout comme les dialogues, ces derniers manquant cruellement de finesse et d'habileté. Là est le principal constat que je ferai de "Darkman" : il manque de maîtrise au point d'en pâtir terriblement. A le revoir aujourd'hui, un terrible constat se fait : l'oeuvre a horriblement mal accusé le poids des ans, tellement qu'elle pourra, quelques fois, paraître cruellement ridicule. Y'a qu'à voir la scène où Liam Neeson, alors tout jeune, pète un plomb. Le trop plein de couleurs, le teint absurde de l'image et les angles utilisés pour mettre l'action en scène feront que l'on ne pourra que rire de l'instant présent, ou se montrer gêner devant tant de kitsch non assumé. Et c'est dommage, parce que "Darkman" avait tout d'un bon film de vengeance; l'histoire, vraiment belle, mêlait habillement Punisher et Frankenstein, dans un résultat qui aurait pu devenir, avec de plus amples moyens, un grand film du genre. La gestion des enjeux dramatiques était franchement bonnes, et certaines scènes, comme celle où elle ne le reconnaît pas, se révélaient d'une efficacité surprenante. Le soucis, c'est que le reste ne rattrape guère le film; outre les points déja évoqués, j'aimerai surtout souligner un bad guy qui manque de charisme, et des acteurs guère engagés. Dommage, "Darkman" aurait pu être une bonne série b. Il aurait pu, mais il aurait surtout dû ... Divertissant, néanmoins.