En traduction littérale française, le titre est "Diamant de sang". Et c’est bien de ça que le film va parler, habilement mêlé à une incroyable aventure humaine, une belle et douloureuse histoire au beau milieu d’un monde de brutes exacerbé par la convoitise d’un minerai le plus convoité au monde. C’est ainsi que nous allons visiter les paysages fabuleux de l’Afrique, partant de la République de Sierra Leone jusqu’en Guinée, en passant par l’Afrique du Sud. Une sorte de trek géant qu’aucune agence de voyages vous proposera, surtout dans des conditions aussi dangereuses que représentent les conflits armés. Par ses plans panoramiques et aériens, le réalisateur sait capter les panoramas, sait sublimer les paysages, et nous donne envie de voyager. Mais dans ces décors de rêves, le danger guette, et c’est au prix de scènes hyper-violentes qu’il implante le contexte. Violentes, oui. Et parfois difficiles à regarder. Disons plutôt qu’elles ne laissent pas indifférentes et qui nous fait dire que le plus grand prédateur de l’homme est… l’homme. D’ailleurs, "Blood diamond" a été interdit en salles aux moins de 12 ans. Pour cette aventure, trois noms apparaissent en haut de l’affiche : d’abord Leonardo DiCaprio, qui nous donne ici un bref aperçu de sa prestation future dans "The revenant", puis la charmante Jennifer Connelly, et enfin le béninois Djimon Hounsou. Bien que figurant en troisième position dans le trio, c’est bien lui qui va voler la vedette aux deux stars américaines. Si "Blood diamond" se caractérise par une grande crédibilité, Djimon Hounsou est encore plus crédible que crédible. Il est bluffant dans ce rôle, si bien habité qu’il lui colle à la peau. C’est bien lui qui semble le plus concerné, et on a l’impression qu’il ne joue pas mais qu’il vit le rôle. Personnellement, je ne l’avais jamais vu comme ça, mais ici il est carrément en état de grâce. Bien sûr, on ne doit rien enlever à DiCaprio et à Connelly, ils ont fait leur job, et ils l’ont bien fait. On doit saluer également le charisme de Basil Wallace dans le rôle d’un homme essayant de faire le bien autour de lui dans un village monté au milieu de nulle part ; une sorte de Mère Teresa en quelque sorte. De par la qualité de prise de vue, la photographie est particulièrement intéressante, agrémentant un récit d’une fluidité ahurissante grâce à une excellente écriture du scénario et à un montage exceptionnel. Avec la prestation de Djimon Hounsou emplie d’émotions à la fois par le regard et ses attitudes, et avec une bande son de très haute volée, tout cela rend "Blood diamond" incroyablement immersif, faisant passer les 143 minutes aussi vite qu’un feu de paille. "Blood diamond" est donc une belle réussite d’Edward Zwick, ce même réalisateur qui m’avait régalé déjà avec "Glory" et "Le dernier Samouraï". Il manque seulement ce petit supplément d’âme, et je ne peux m’empêcher d’avoir un petit regret sur le fait que Leonardo DiCaprio et Jennifer Connelly ne soient pas tout à fait au même niveau que Djimon Hounsou. Pas de reproche pour autant, leur rôle est très éloigné (et c’est normal) de celui du béninois dans un film au propos engagé pour sensibiliser l’opinion publique et pousser les autorités politiques à mettre fin à ce genre de pratiques, ce qui a le don d’amener une fin plus ou moins convenue, laquelle amène finalement une belle petite leçon de morale, propulsant ainsi "Blood diamond" au panthéon des films utiles.