Le Soleil est une expérience, un film sensuel, physique, qui ma touché particulièrement et qui me hante depuis que je lai vu. Aleksandr Sokurov évoque le destin de lEmpereur Hiro Hito à la fin Août 1945 après les deux bombes de Nagasaki et Hiroshima. Le Japon est occupé par les Etats-Unis, des centaines de dignitaires se sont donnés la mort et lEmpereur sapprête à signer la reddition sans condition de son pays et à renoncer à son ascendance divine. Le cinéaste, par une lumière quasi-monochrome, une réalisation en HD, photographie des instantanés de la vie privée de lEmpereur, petit homme chétif, entouré de ses majordomes dévoués. On suit les rituels stricts et quotidiens de cet homme, on le suit dans son laboratoire de botanique
dans un silence absolu contrastant avec les horreurs extérieures, Tokyo en flammes, bombardée par des « poissons-volants ». Sokurov montre lhomme derrière la divinité, les doutes, le mal-être, sentiments renforcés par la structure des plans, la couleur, les angles adoptés par le cinéaste. C'est un fascinant portrait d'homme que dresse le cinéaste ainsi qu'une évocation passionnante, captivante de l'Histoire. Il faut saluer la saisissante performance d'Issey Ogata, d'une grande prestance, capable d'en dévoiler beaucoup sur les sentiments de son personnage, de son combat intérieur d'un simple regard (ou du tic attribué au personnage). Le Soleil est un magnifique exercice de style, audacieux, hypnotique, aux images apocalyptiques indélébiles (je n'arrête pas de repenser au film depuis que je l'ai vu). Le face à face Hiro Hito-Général McArthur est impressionnant, Issey Ogata et le cinéaste rendant au personnage sa dimension humaine et le rendent attachant. Le Soleil est enfin un film burlesque où l'Empereur fan de Charlie Chaplin (sans jamais avoir vu un seul de ses films au cinéma) lui est comparé par les américains lors d'une séance photo. Le Soleil est un film musical, réglé comme un ballet. Un film sensoriel, magnétique, envoutant.