Sur Les Dames de Cornouailles, Charles Dance a cumulé pour la première fois les casquettes de réalisateur, de scénariste et de producteur. "Un premier long métrage est toujours une épreuve, explique le producteur Nicolas Brown. Il s'agit ici d'un film d'une certaine ampleur, réalisé avec un petit budget et dans des délais serrés. Charles a brillamment surmonté ces difficultés."
Charles Dance était en tournage à Budapest, lorsqu'il découvrit l'oeuvre de William J. Locke qu'il allait par la suite porter à l'écran. "Les accessoiristes avaient amené sur le plateau quantité de bouquins pour habiller le décor, se souvient le cinéaste-comédien, et en attendant que les électriciens se retirent, j'ouvris l'un de ces livres, dont l'auteur m'était inconnu. C'était un recueil de nouvelles de William J. Locke, intitulé "Faraway stories", qui contenait notamment "Ladies in lavender". A la fin de la journée, j'ai “dérobé” ce livre. Par la suite, je m'y suis périodiquement replongé, jusqu'à ce que j'en commence l'adaptation, en 2002, lors d'un séjour en Australie."
C'est une fois rentré en Angleterre que Charles Dance a écrit la première mouture du scénario des Dames de Cornouailles. “J'ai pris pas mal de libertés pour développer ce qui n'était, après tout, qu'une courte nouvelle", explique-t-il. C'est ainsi qu'il a situé l'intrigue en 1936, alors que l'original se déroulait au début des années 1900. "J'avais en effet besoin de “ressusciter” l'un des personnages en faisant entendre sa musique à la radio - qu'on appelait encore TSF, poursuit-il. Je trouvais aussi les années trente une période infiniment plus riche et mouvementée." Il lui est enfin apparu nécessaire de vieillir ses deux héroïnes, qui avaient seulement la quarantaine dans le livre.
C'est au fil du travail d'écriture que Charles Dance a commencé à réfléchir au casting de ses ladies. Deux noms se sont très vite imposés à lui : Judi Dench et Maggie Smith, deux amies de longue date. Les futures soeurs Widdington étaient à l'affiche d'un grand théâtre londonien lorsque le comédien-cinéaste rencontra la première d'entre elle, et obtint d'emblée son accord enthousiaste.
Le casting du jeune prodige Andrea se révéla plus délicat, le personnage ayant une aura d'innocence, qu'on retrouve chez Ursula, la cadette, bien qu'elle soit à l'automne de sa vie. C'est après avoir été bouleversé par Good bye, Lenin ! que Charles Dance jeta son dévolu, pour le rôle, sur l'acteur allemand Daniel Brühl.
Les Dames de Cornouailles marque la troisième collaboration de Judi Dench etMaggie Smith, les deux actrices britanniques s'étant déjà donné la réplique en 1985 dans Chambre avec vue de James Ivory et en 1999 dans Un thé avec Mussolini de Franco Zeffirelli.
Daniel Brühl, quine connaissait strictement rien au violon, a su, après seulement un mois d'entraînement, mimer si bien le jeu d'un virtuose de l'archet que Charles Dance a pu le filmer sous tous les angles, y compris dans les morceaux les plus complexes. Pour Judi Dench, “Daniel a été prodigieux. Nous tournions six jours par semaine, et le dimanche, nous étions tellement vannés que nous nous effondrions tous... sauf lui, qui continuait à travailler le violon, à suivre des cours de polonais. Tout cela sans jamais se plaindre.”
Maggie Smith déclare quant à elle : “Il est tout simplement merveilleux. Il m'a particulièrement impressionnée dans la scène de concert qui demandait une grande maîtrise de l'instrument. Il était déjà bilingue allemand-anglais avant le tournage, mais il lui a aussi fallu se mettre au polonais pour tenir ce rôle. Entre la pratique intensive du violon et ses cours de langue, je ne pense pas qu'il ait eu une minute de libre. Cela représentait une énorme charge de travail, que Daniel a assumée avec un rare brio."
Les extérieurs ont été filmés à l'automne 2003 dans la région sauvage de St. Ives et aux abords de la Lizard Peninsula de Cornouailles. Le reste du tournage se déroula à Pinewood, dans une réplique de l'intérieur du cottage, et dans divers extérieurs, dontla Harrow School pour la séquence du concert.
Les Dames de Cornouailles a été présenté au Festival du film britannique de Dinard en 2005.