Autant vous le dire tout de suite, "Hitcher" est le remake du film originel sorti en 1986 et portant le même nom. Pour cette cuvée 2007, les scénaristes ont choisi d’étoffer le scénario en faisant de l’auto-stoppeur un chasseur aux multiples proies (il jette son dévolu sur un couple de jeunes
puis sur tous ceux qui se mettent en travers de son chemin
) au lieu d’une seule. Dans ce road-movie, impossible de ne pas penser à "Duel", de Steven Spielberg, bien qu’on connaisse ici l’identité de l’inquiétant personnage. Quant à ses véritables motivations, elles restent toujours aussi énigmatiques. Je ne connais pas "Hitcher" dans son millésime 1986, aussi je ne ferai aucun comparatif. Mais ce que je peux vous dire, c’est que le suspense est bien aménagé, et que le film se révèle très prenant. Tout commence pourtant sous les meilleurs auspices, avec un couple de jeunes gens qui décide de partir le temps d’un week-end au lac Havasu, en traversant le Nouveau-Mexique au volant d’une superbe Oldsmobile 442 modèle 1970. Après être partis sous un soleil radieux, ils se dirigent droit vers un horizon bien sombre, superbement mis en images d’ailleurs. Ils subissent rapidement un véritable déluge, et c’est à partir de ce moment-là que les ennuis vont commencer, suite à la présence incongrue d’un mystérieux personnage planté au beau milieu de la route dans une ambiance pluvio-nocturne à ne pas mettre un chat dehors. La réalisation est maîtrisée, et se distingue par une crédibilité de tous les instants, tout du moins jusqu’à la 50ème minute. Le trio d’acteurs est très convaincant, que ce soit Zachary Knighton dans la peau de Jim Halsey, ou Sophia Bush dans le personnage de Grace Andrews. Ces deux comédiens sont très pertinents dans leur jeu et parviennent à nous faire ressentir la profonde inquiétude qui les habite, une inquiétude pourtant née d’une sociabilité et d’une conscience qu’on ne peut que saluer. Quant à Sean Bean, totalement lunaire en John Ryder, bien qu’il soit un peu trop monolithique il fait bien ressortir le petit côté ténébreux de son personnage, le rendant ainsi plus déterminé que jamais sans que rien ne semble pouvoir le détourner de sa quête. Profitez donc bien de la belle qualité technique des 50 premières minutes, car après ça se gâte. Surviennent les incohérences, des facilités scénaristiques qui nous font dire qu’il manque quelques scènes qui auraient dû argumenter l’évolution de l’auto-stoppeur.
Comment parvient-il à se déplacer aussi rapidement ? Comment parvient-il à toujours retrouver le couple de jeunes aussi facilement ?
Sans compter des scènes qui laissent perplexes comme celle dans le bureau du sheriff
où il laisse la vie sauve à Jim
… Quant aux motivations du méchant… elles restent floues, mais connait-on vraiment les motivations d’un psychopathe ? Il n’empêche que développer la psychologie de ce personnage n’aurait pas été superflu, aussi "Hitcher" aurait sans doute mérité une rallonge de quelques dizaines de minutes. Devant cette perte de maîtrise, j’ai eu tendance à décrocher un peu du film, mais heureusement on garde une esthétique qui a réussi à me faire rester devant l’écran. Les décors sont plus que très sympas, la photographie est intéressante, la bande sonore de très bonne qualité, et les scènes d’action sont réussies. Malheureusement la musique m’est passée totalement inaperçue. Donc oui, j’ai un vague sentiment de gâchis au vu de la haute qualité de la presque première heure. Ceci dit, "Hitcher" version 2007 meublera honorablement 1h30 de votre temps.