Alexandre Aja, c'est avant tout un réalisateur qui aime les films d'horreurs, qui en a assimilé les ficelles et qui sait parler à son public. En 2006 il s’attaque à un projet, le remake de la Colline a des Yeux, film aussi culte que surestimé du non moins surestimé Wes Craven, ici producteur. On se souvient de la grosse excitation pour le fan d’horreur de base, les premières images dans Mad Movies, les premières previews, la première bande annonce… Tout cela annonçait un film de malade, sauvage et définitif. On se souvient de l’attente insupportable et de la découverte fébrile. Le résultat ? Imparfait mais facilement dans la poignée de très grands films d’horreur de ces dernières années. La Colline a des Yeux s’inscrit dans un genre bien précis, à savoir le survival, genre très fréquenté dans les années 70 et dont les meilleurs représentants sont Massacre à la Tronçonneuse, Chiens de Paille et Délivrance. Aja réussit ici à créer une ambiance malsaine, oppressante, pesante, et qui rend l’exercice ultra efficace malgré quelques défauts. En effet, le réalisateur mise sur la scène d’introduction qui est un modèle avec ces scientifiques au travail. On sait qu’il va leur arriver des bricoles et on se retrouve devant un concentré d’hystérie totale pré-générique… choc assuré! Le spectateur ne peut pas lâcher l’écran ni son fauteuil. La séquence d’exposition qui suit est dans le plus pur style du survival : lieu peu accueillant, station service paumée, pompiste étrange. La menace ambiante se fait sentir chaque minute un peu plus, mais sans se dévoiler. Après, on suit la vie des vacanciers, et on arrive à éprouver beaucoup d'empathie pour eux. Pourtant ils n'ont rien à perdre, et même si beaucoup parlent du film en tant que film sans clichés, j'ai trouvé personnellement que les personnages étaient des vrais kitschs de films d'horreur : le beauf fan d'armes, la femme catholique, l'ado rebelle, l'innocent qui va devenir bad-ass.. Ces personnages sont très présents dans les films d'horreurs. Mais Alexandre Aja fait preuve d’une telle énergie dans ses cadrages que la tension qui se dégage de cette caravane en devient presque palpable. Immolation, viol, meurtres sauvages, tel est le cocktail préféré des pauvres mutants. Sérieusement cette partie du film est vraiment impressionnante de sauvagerie, les belles couleurs chaudes du désert laissent place à une nuit crade et le sang coule vraiment à flots. Cependant il y un autre problème du film, les mutants. Alors certes leur look est des plus réussis, ils sont très effrayants mais ils auraient mérité un véritable développement de leur background qu’on sent simplement esquissé. Mais l’autre point étrange est qu’ils sont montrés comme des victimes de la politique militaire américaine lors du générique d’intro mais ne sont ensuite que des bêtes qui ne méritent rien d’autre que la mort. Ces deux points font qu’on ne ressent pas grand chose envers ces mutants, ils n’ont que ce qu’ils méritent et c’est tout. Et de plus, quelques incohérences sont présentes, mais rien de bien méchant. Ce film d'Alexandre Aja pulvérise le film original de Wes Craven sur tous les points. Pas mal du tout et assez inattendu.