En 2009, c’était peu dire qu’ « Avatar » était LE film-événement de l’année. Entre ceux qui se sont laissés emporter par l’enthousiasme général et ceux qui crièrent au scandale, moi j’avoue que je faisais partis de ceux qui s’étaient laissé prendre au jeu. Certes, j’étais le premier à reconnaitre qu’il n’y avait finalement pas grand-chose d’original dans cette sorte de « Pocahontas » de l’espace, mais je ne voulais pas non plus bouder mon plaisir face à un blockbuster qui avait su faire le boulot de manière propre et enlevée. Ainsi, à l’époque, je lui avais attribué un flatteur « 4 étoiles » sur 5 possibles ; une note qui finalement correspondait fort bien au sentiment que j’entretenais pour ce film. Et puis il a fallu que je le revoie en 2016, soit sept ans après mon dernier visionnage… Et forcément s’est imposée à moi une sorte de nouveau bilan. Et c’est étonnant parce que je m’étais pourtant promis de ne pas réécrire ma critique après ce nouveau visionnage. Non pas que je sois un gros fainéant (enfin si, un peu) mais c’est surtout que je me disais qu’ « Avatar » était le genre de film qui fonctionnait surtout sur le plaisir de la découverte et que – forcément – exprimer le point de vue d’un revisionnage n’était pas ce qu’il y avait de plus pertinent pour quelqu’un qui voudrait découvrir le film pour la première fois… Seulement voilà, malgré cette intention première, je dois bien avouer que dans les faits, après m’être revu ce film de James Cameron, il m’était désormais impossible d’assumer la note initiale que je lui avais mise. Alors certes, je continue de penser qu’ « Avatar » doit être un film agréable à découvrir pour qui s’y risque la première fois ; mais d’un autre côté, je pense aussi qu’en absence du conditionnement et de la hype dans lesquels nous étions tous plongés à l’époque, l’effet de ce film sur un nouvel amateur sera bien moins fort. Parce que oui, franchement, je pense sincèrement que si j’avais découvert pour la première fois « Avatar » en 2016, je n’aurais pas été si subjugué que ça. D’abord – et c’était déjà prévisible – la claque visuelle n’est plus aujourd’hui ce qu’elle était. Alors certes, beaucoup pourraient me dire que c’est le cas pour tous les films qui intègrent des effets spéciaux, pourtant ce serait un argument face auquel je ne serais pas forcément d’accord. Le gros problème d’ « Avatar » n’est pas d’avoir eu recours à des effets-spéciaux qui, par définition, allait se démoder. Le gros problème d’ « Avatar », c’est qu’il a décidé de se reposer ENORMEMENT sur les effets de son époque et, d’ailleurs, il a quasiment construit toute son architecture pour mettre essentiellement cet aspect-là en avant. Or, ça, pour moi, cette démarche là, elle pose souci. Il y a une flopée d’événements, de mouvements de caméras et de gimmicks d’acteurs qui ne semblent être là que pour faire de la démonstration technique. Alors OK, je veux bien qu’en 2009 on puisse se dire : « Ouah quand les Navis font leur grimace c’est quand même impressionnant comment ça suit bien l’expression du visage de l’acteur ! » Mais en 2016, on a plutôt tendance à dire : « Mais pourquoi ils font des grimaces tout le temps les Navis ? » Bah oui, parce qu’au fond, tout ça, c’est bien superflu, lourd, et d’autant plus irritant que derrière, on sent que l’effort n’a pas vraiment été porté sur le travail des personnages, des dialogues et des situations. C’est du basique de chez basique ; vu et revu ; simpliste de chez simpliste. Et puis même, au-delà de tout ça, je trouve quand même que par eux-mêmes, les effets numériques de ce film vraiment leurs limites propres. « District 9 » est sorti la même année et, encore aujourd’hui, ses éléments numériques ont une vraie texture ; ils sont remarquablement intégrés. Après, l’avantage aussi de « District 9 », c’est qu’il savait aussi fournir un fond ; un fond qu’ « Avatar » ne sait pas fournir. Gentils d’un côté, méchants de l’autre. Gros militaires décérébrés et businessman sans scrupule d’un côté ; amoureux de la nature et communauté fraternelle de l’autre. Ce film est une sorte de gros dessin-animé Disney qui, certes, fait le boulot, mais qui n’arrive pas à se transcender non plus. Alors encore une fois, parmi les gros blockbusters qu’Hollywood nous a fourni ces derniers temps, « Avatar » reste agréable à regarder. Histoire, univers, personnages ; tout ça est sympa mais sans être extraordinaire. D’ailleurs je n’oublie pas de rappeler qu’au final je maintiens une note de « 3 étoiles », preuve que j’ai quand même passé un relatif bon moment lors de ce second visionnage. Seulement d’un autre côté, si j’ai réussi à regarder ça convenablement, c’est aussi parce que je l’ai regardé comme un gars qui n’attendait pas de chef d’œuvre, et qui s’est contenté d’accepter les limites de ce qui lui était proposé. Donc voilà, néophytes, vous voilà prévenus…