Une bande de délinquants enlève et tue un otage, puis avec la rançon versée se lance dans le trafic de drogue, éliminant sans pitié concurrents et traitres.
Côté scénario, on songe vite à « il était une fois l’Amérique » : de jeunes révoltés unis par l’amitié, qui plongent dans la violence pour le pouvoir, l’argent, et découvrent que leur recherche inconsciente d’une certaine pureté ne débouche que sur de tragiques désillusions. Placido complète le canevas Léonien par une étude sociologique, et en écarte poésie et lyrisme, créant un film où se mêlent fiction et documentaire sur les années de plomb italiennes (assassinat d’Aldo Moro et attentat de la gare de Bologne). Polar, plus actualités d’époque, plus rôle trouble de certains services de l’état, plus rapport entre criminalité de bande et véritable mafia donnent un ensemble complexe que le réalisateur s’efforce de dominer, au prix d’une longueur d’œuvre inhabituelle. Les personnages, sur lesquels se focalise successivement la caméra, sont attachants et inquiétants à la fois, mus par la passion, et presque tous suicidaires.
Côté politique, on est très en dessous des analyses cliniques de Francesco Rosi, côté ambiance bien loin de la magie de Sergio Leone, à trop vouloir traiter une certaine confusion devient inévitable, et réaliser une œuvre de plus de deux heures trente entraîne des longueurs, des répétitions.
Malgré cela, Romanzo criminale reste une production intéressante, et même marquante dans un cinéma italien depuis longtemps moribond, faute d’aides suffisantes à la production.