Pour continuer dans les courses sauvages entre bolides customisés sans que ce soit répétitif, on change radicalement d’endroit et donc de personnages. La saga "Fast and furious" prend un nouveau virage sous la direction de Justin Lin pour nous parler d’un sport auto spectaculaire : le drifting. Le budget a encore augmenté, sans doute principalement pour obtenir des véhicules encore plus impressionnants par leur cylindrée et par leur niveau de tuning, en plus du changement total de décors. Au bout de trois épisodes, on peut raisonnablement penser que les voitures représentent les actrices principales. D’autant plus que Justin Lin a apporté sa patte dans la mise en images, par des effets de style comme les ralentis, ou en donnant une dimension plus grande à l’action imminente avec par exemple ce plan reculant nocturne sur Lucas Black qui observe la vue, debout à côté de sa voiture. Ainsi, une voiture en plein effort ne se contente plus seulement de décoiffer, elle est belle ; malgré la maîtrise du pilote, la manœuvre est dangereuse, mais elle est magnifiée. Et pourtant, on sent qu’une page s’est tournée car sans savoir en définir les raisons, "Fast and furious : Tokyo drift" est bel et bien différent de ses deux prédécesseurs. Peut-être parce qu’il a une allure de spin off… Quoiqu’il en soit, une fois la circonspection passée, on se laisse peu à peu prendre par cette nouvelle intrigue. En tout cas, ce n’est pas grâce à Lucas Black car lui aussi semble avoir du mal à rentrer dans le film. Son interprétation désincarnée montre un personnage rebelle qui se désintéresse de tout mis à part la mécanique et le pilotage, muni d’un seul neurone qui le conduit à accepter les défis virils plus ou moins machistes. Un vrai abruti, en somme. Aussi son jeu d’acteur parait inexistant, mais peut-être est-ce voulu, car plus le film avance, et plus Lucas Black montre des qualités qu’on ne peut plus lui enlever. Si son jeu s’est (à mon sens) amélioré, c’est aussi grâce à la bonne prestation de Brian Tee. Certains pourraient lui reprocher un jeu trop poussé tant son personnage parait plutôt cliché (notamment lors des penchements de tête), mais je dois avouer que ce jeune acteur donne de la matière au scénario que je qualifierai de simple (extrêmement simple, voire carrément maigre), et le marque de son empreinte tant il a une présence folle. Entre les deux, se trouve Nathalie Kelley avec son petit regard fixe limite strabique qui en ferait fondre plus d’un. Et puis nous avons un personnage mystérieux, Han, interprété par un Sung Kang lui aussi d’une présence incroyable, mais dont le jeu est plus en finesse. Alors bien sûr le scénario est cousu de fil blanc, et parsemé de clichés, comme entre autres ce jeune black qui fait du marché noir en vendant de tout et de n'importe quoi. N’oublions pas que "Fast and furious : Tokyo drift" est un film américain… et comme la quasi-totalité des films américains, les américains sont plus forts que tout le monde, y compris dans un sport né à Tokyo. Mais cela fonctionne, et finalement on se prend à espérer que le scénario ne sorte pas du chemin de la prévisibilité. Car c’est aussi une question de moralité. Enfin si on veut. Quant aux incohérences, j’en ai moins vu que dans l’épisode précédent ? A vrai dire, je n’en ai même pas vu du tout, hormis ce véritable petit miracle qu'est la dispersion de la foule sur la trajectoire des bolides engagés dans une folle course poursuite dans cette immense fourmilière qu'est Tokyo. J’avoue ne pas avoir cherché la petite bête non plus. Et franchement, osez dire que vous en avez cherché vous aussi. Car "Fast and furious : Tokyo drift" s’inscrit dans la continuité des deux autres opus dans le sens qu’il reste dans le divertissement pur et dur. Mais un divertissement qui fait tâche ensuite quand on prend du recul après avoir regardé le quatrième puis le cinquième épisode. Et nous ne sommes pas les seuls puisque les scénaristes qui ont suivi se sont creusé les méninges pour essayer de trouver à ce "Fast and furious : Tokyo drift" une vraie place dans la saga, enfin disons assez logique. Donc oui il est tentant de noter ce "Fast and furious : Tokyo drift" de façon sévère. C’est d’ailleurs l’épisode qui a fait le moins d’entrées en France, comme quoi… Et pourtant, il reste un bon divertissement si on accepte volontiers les clichés et les psychologies typiquement adolescentes un peu niaises, et qui offre l’avantage de se laisser regarder complètement indépendamment de la saga. Avec un drifting bien rendu, c’est peut-être pour ça que c’est l’épisode le plus diffusé à la télévision.