Le jeudi 19 mars, on s’est laissé aller au plaisir non dissimulé de revoir un des grands classiques de notre enfance, Ghost de Jerry Zucker, qui était rediffusé sur grand écran dans le cadre des séances Ciné Hits des cinémas Pathé-Gaumont. Film culte, si l’en est, que l’on classerait sans rougir dans notre top dix des plus belles romances au cinéma, Ghost réunit un casting qui, à l’aube des années 90, était vraiment magique. À savoir Patrick Swayze qui a fait rêver des générations d’adolescentes dans Dirty Dancing, Demi Moore et Whoopi Goldberg, auréolée d’un succès public et critique, cinq ans plus tôt, pour son rôle dans La Couleur pourpre de Steven Spielberg.
Sam Wheat (Patrick Swayze) et Molly Jensen (Demi Moore) viennent d’emménager dans un grand loft au cœur de New York. Ils filent le parfait amour lorsque Sam est assassiné par Willy Lopez (Rick Aviles), une petite frappe à qui, Carl Bruner (Tony Goldwyn), un collègue trader de Sam a demandé de lui voler son portefeuille pour récupérer son mot de passe informatique. Sam devient un fantôme et fait la rencontre de Oda Mae Brown (Whoopi Goldberg), une voyante qui va lui permettre de prendre contact avec Molly.
Pour plusieurs raisons, Ghost mérite toujours son statut de film culte. La première, et non des moindres, c’est que le long-métrage n’a pas vieilli d’un iota. Sur le fond comme sur la forme, il demeure un exemple de réalisation et de cinéma populaire. Gamin, c’est la fin gore, dénotant avec le reste du film, qui m’avait marqué durablement. Encore aujourd’hui, l’empalement de Carl était le souvenir le plus pressant avant de le revoir. Mais ce jeudi, un nom au générique a immédiatement fait mouche dans mon esprit : Jerry Zucker. Le Jerry Zucker ! Celui du trio ZAZ (avec David Zucker, Jim Abrahams) que j’adule tant depuis des années et qui représente encore pour longtemps ce qui ce fait de mieux en termes d’humour au cinéma avec, notamment, la série des Y’a-t-il un pilote dans l’avion ? Oui, c’est bien celui-là. Et il faut dire qu’on sent sa pâte dans chaque instant du film. Si Ghost est resté dans les esprits comme une romance teintée de fantastique, il est aussi une irrésistible comédie portée par Whoopi Goldberg et Vincent Schiavelli qui interprète l’inoubliable fantôme barré du métro. La scène d’ouverture dans l’ascenseur, où Sam et Carl font semblant d’être malade, donne le ton d’un humour omniprésent. Ghost semble ici signait le dernier soubresaut d’une décennie de cinéma hollywoodien ayant livré les plus grands classiques d’une science-fiction divertissante, SOS Fantôme ou Retour vers le futur en tête, avant que celle-ci ne redevienne un sujet éminemment sérieux. On notera également la surprenante simplicité des effets spéciaux, qui du coup reste tout à fait correcte et ne jure pas et rappellent une production horrifique récente qui nous avait charmé : Mister Babadook.
Incroyable réussite du mélange des genres, Ghost n’est pas seulement une comédie mais c’est aussi une magnifique romance. A tous les niveaux, l’histoire d’amour de Sam et Molly touche au divin. Sam recherche dans l’amour autre chose que des mots trop galvaudés pour dire l’étendu de son amour. Au « Je t’aime » de Molly, il ne répond qu’ « Idem ». Ses sentiments n’en sont pas moins forts, au contraire. Si Sam est un peu pessimiste, se demandant ce qu’il a fait pour mériter autant de joie, Molly a des projets et une foi tenace en leur avenir radieux. Le destin en décidera autrement en les séparant mais comme le dit de manière si émouvante Sam, l’amour vrai transcende le temps et l’espace et on l’emporte dans la tombe. Contrairement à beaucoup de productions romantiques, il n’y a aussi aucun subterfuge scénaristique du type des 3R (Rencontre, réconciliation, rupture) pour combler un scénario banal. Chose qui semble oublié de nos jours, Ghost offre une véritable histoire d’amour, sans ombre au tableau. Et c’est ce qui en fait une romance attendrissante et poignante. Parce qu’on a besoin d’y croire à cet amour fol qui fait chavirer les cœurs, à cet amour éternel. Il faut que tous les mots qu’on se dit soit des poèmes. Pour compléter le tableau idyllique, Ghost nous offre certainement une des scènes la plus sensuelle jamais vu dans les salles obscures lorsque Molly façonne une poterie sur l’air d’Unchained Melody de The Righteous Brothers et que Sam la prend dans ses bras.
Oscillant entre les éclats de rire, incessant lors de la scène hilarante de la banque et les larmes qui mouilleront constamment vos yeux, Ghost vous offrira un bijou du film romantique qu’il faut absolument revoir en version originale et au cinéma qui, à nouveau, vous émerveillera par la justesse du propos, l’interprétation inoubliable des acteurs et la beauté intemporelle de l’histoire.
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