Adapté d'un roman homonyme écrit par Giles Foden, Le Dernier Roi d'Ecosse met en scène les rapports qu'entretenait dans les années 70 le dictateur Idi Amin Dada avec son médecin personnel. Ce chef d'Etat, surnommé le "Boucher de l'Afrique", imposa un régime de terreur en Ouganda de 1971 à 1979 et fut responsable de la mort de presque 300 000 personnes. Il décéda le 16 août 2003 sans avoir été jugé pour ses crimes de guerre. Le cinéaste Barbet Schroeder lui consacra un documentaire en 1974.
A sa parution en 1998, Le Dernier Roi d'Ecosse a remporté le Whitbread Award du premier roman, le Somerset Maugham Award, le Betty Trask Award, et le Winifred Holtby Memorial Prize. Giles Foden, qui a quitté l'Angleterre pour l'Afrique à cinq ans et a grandi en Ouganda, voulait depuis longtemps écrire un roman sur le régime d'Idi Amin Dada. Il a réussi à trouver le moyen de lever le voile de la mythologie qui entoure le dictateur et d'entrer dans l'intimité de son univers, en créant un personnage fictif : le jeune médecin.
Giles Foden a intitulé son roman Le Dernier Roi d'Ecosse d'après un des titres qu'Amin Dada s'était lui-même donné, les autres noms extravagants que le dictateur s'était attribués étaient : " Conquérant de l'Empire britannique " et " Seigneur de toutes les Bêtes de la Terre et des Poissons de la Mer ".
Quand Kevin Macdonald a lu le roman de Giles Foden, Le Dernier Roi d'Ecosse, il a été frappé par la force de l'histoire. Une histoire de terreur et de survie, d'autant plus puissante qu'elle se fonde sur des faits réels. Il y a vu un portrait de la nature humaine et tout le potentiel d'un vrai thriller.
Giles Foden, qui a écrit le livre, fait une apparition dans le film éponyme de Kevin Macdonald. Il est tient le rôle du premier journaliste anglais présent à l'écran.
Aux yeux de l'Histoire, Idi Amin Dada a rejoint Hitler, Staline, Mao, Pol Pot et Saddam Hussein dans les rangs des dictateurs qui ne connaissent pas de limites humaines. Autoproclamé "Président à vie" de l'Ouganda, Idi Amin Dada a été autant adulé que détesté durant ses huit années au pouvoir dans les années soixante-dix. Le Dernier Roi d'Ecosse montre le charisme et la folie névrotique de cet homme.
Le Dernier Roi d'Ecosse mélange les faits et la fiction pour représenter l'Ouganda sous la dictature du général Idi Amin Dada, à travers deux portraits : celui d'un leader charismatique mais psychopathe qui a ravagé son pays et tué plus de 300 000 personnes, et celui d'un jeune médecin fictif, témoin de l'Histoire.
Le Dernier Roi d'Ecosse est une fiction, mais derrière le thriller, la véritable histoire de l'Ouganda sous le régime d'Idi Amin Dada est présente. Le temps a été réduit et des personnages imaginaires comme celui de Nicholas Garrigan ont été ajoutés, mais de nombreux événements dépeints dans le film se sont réellement produits. Le film de Kevin Macdonald est donc un résumé de la vie d'Amin Dada et de l'histoire de l'Ouganda lorsque le dictateur était au pouvoir.
Kevin Macdonald et les producteurs pensaient essentiel de tourner en Ouganda mais pendant longtemps, le pays est resté inaccessible à la plupart des Occidentaux. De plus, Idi Amin Dada y reste une figure controversée capable de réveiller de dangereuses émotions. Le tournage du film en Ouganda était donc menacé. Mais les producteurs ont demandé un entretien avec le Président de l'Ouganda, Yoweri Museveni, qui s ‘est dit "ravi de voir des Occidentaux filmer dans son pays", et a ajouté qu'il "mettrait à la disposition de l'équipe, son armée, son Parlement et ses ministres".
Le réalisateur a souhaité impliquer beaucoup d'Ougandais dans son film afin de le rendre plus touchant et plus criant de vérité. L'acteur Stephen Rwangyezi, qui tient le rôle du ministre Wasswa, est une grande star en Ouganda où il dirige un théâtre.
L'équipe de tournage a pu utiliser de nombreux lieux authentiques, dont l'hôpital Mulago, qui était le joyau du système de santé ougandais sous Idi Amin Dada, le bâtiment du Parlement ougandais dans le centre de Kampala, et l'aéroport d'Entebbe, où s'est déroulé la prise d'otages des années soixante-dix. Malgré le fort potentiel cinématographique du pays, la logistique a été une constante source de problème, car le pays n'est pas habitué aux tournages de film.
Kevin Macdonald a souhaité montrer " la beauté de l'Ouganda, plus que des images alarmistes que l'on voit fréquemment à propos de l'Afrique : la maladie, les enfants souffrant de malnutrition... " Dans le film, il y a le meilleur et le pire de l'Ouganda, un juste milieu.
Pour filmer l'Ouganda et rendre la tension visuelle d'un thriller, le réalisateur a fait appel au directeur de la photographie Anthony Dod Mantle, qui a notamment travaillé sur Dogville de Lars von Trier et 28 jours plus tard de Danny Boyle. Anthony Dod Mantle a déjà tourné à plusieurs reprises en Afrique, il est donc habitué aux paysages et aux couleurs.
Kevin Macdonald précise que, " pour incarner tous les paradoxes de cet homme, il fallait un acteur hors du commun. Forest Whitaker est non seulement salué pour son talent, mais il présente aussi une ressemblance physique avec Idi Amin Dada. " Le producteur Charles Steel ajoute commente : " Forest a incarné la double personnalité d'Amin, le charme et la menace, avec tant d'intensité que l'ambiance sur le plateau était parfois vraiment étrange. Il campe à la perfection la démesure et le danger du personnage."
Forest Whitaker a reçu le Golden Globe du meilleur acteur de film dramatique pour sa performance dans Le Dernier Roi d'Ecosse.
Pour Andrea Calderwood, la productrice, " Le film est audacieux parce qu'il souligne qu'Idi Amin Dada était un être humain. Un homme évidemment plein de défauts et de faiblesses, mais un homme tout de même. " La seconde productrice, Lisa Bryer ajoute : " L'adaptation a été très délicate. Et le travail de Peter Morgan et de Jeremy Brock (les scénaristes) est remarquable. Ils ont fait en sorte que le public conserve de la sympathie pour Nicholas Garrigan, parce que c'est lui que l'on suit dans le monde de cet épouvantable dictateur. Ils ont aussi trouvé l'équilibre entre l'innocence du jeune médecin et l'arrogance d'un fou. "
En mélangeant les dilemmes moraux imaginaires du Docteur Nicholas Garrigan avec des faits réels choquants du régime d'Amin Dada, Giles Foden a ouvert une fenêtre, non seulement sur le passé de l'Ouganda, mais également sur une question fascinante : "Comment des êtres humains ordinaires réagissent-ils lorsqu'ils sont confrontés aux actes les plus inhumains ?" Le réalisateur, Kevin Macdonald, a tenté de retranscrire ce questionnement tout au long du film dans le comportement du jeune médecin. Le producteur Charles Steel précise : "James McAvoy, qui tient le rôle du médecin, montre combien il pouvait être facile d'être séduit par la situation et par l'homme, et ce que l'on éprouve quand le voile tombe et que vous vous retrouvez dans une situation très dangereuse. "