Votre avis sur La Graine et le mulet ?
3,0
Publiée le 29 décembre 2017
Chaque film de Kechiche sont portés aux nues par la critique et par les jurys des festivals. Trois ans après ''L'esquive'' (quatre Césars), Kechiche revient avec ''La graine et le mulet''. Presse unanime, quatre Césars (étrangement les mêmes que pour ''L'esquive''), prix Louis Delluc, prix du Jury à la Mostra de Venise... Face à ce torrent d'éloges, difficile d'aller à l'encontre de cet engouement. Il est tout de même bon de montrer les limites de ''La graine et le mulet''.

Slimane Beiji, la soixantaine, est licencié du chantier naval de Sète sur lequel il travaille depuis plus de 20 ans. Il décide alors, encouragé et aidé par sa belle-fille, de monter sa propre affaire : créer un restaurant sur un bateau.

Après ''L'esquive'' le cinéaste continue sa plongée dans les quartiers très populaires. Ce genre de cinéma, qui s'attelle à décrire avec le plus d'authenticité possible un milieu est de plus en plus répandu aujourd'hui. Mais Kechiche est incontestablement un réalisateur qui sort du lot. Pour filmer ce petit monde d'origine maghrébine, le réalisateur adopte un parti-pris temporel très original. En effet, le film suprend par la façon qu'ont les scènes à s'étirer jusqu'à plus soif. Ce jeu avec la longueur des scènes doit permettre une immersion totale dans ladite scène. Et force est de constater que cette idée-là porte ses fruits. Si on prend le dernier segment du film (celui où Slimane, pour convaincre les membres de l'administration d'investir dans son affaire les invite à déguster un couscous), on remarque, d'une part l'extrême longueur de la scène (près d'1h 10!) et d'autre part la façon dont Kechiche parvient à monter le sentiment d'une catastrophe à venir. La catastrophe, c'est celle que vivra Slimane, dont le caractère monolythique est en tout point opposé à celui de sa belle-fille Rim (Hafsia Herzi, la révélation du film).

La description de ce monde est juste. L'authenticité est certifiée par le jeu des acteurs et par la volonté de tenir la scène jusqu'au bout. Formellement, Abdellatif Kechiche parvient à filmer au plus près des acteurs, et ce dans des espaces contigus. Malheureusement, il filme caméra à l'épaule. Il y aura toujours un paradoxe concernant cette manière de filmer. L'objectif de la caméra à l'épaule est ici de donner et/ ou renforcer un sentiment de direct : nous, spectateurs, sommes convoqués dans la scène. Or la caméra à l'épaule, jamais stable, laisse dévoiler toutes les coutures du cinéma. En fait, le meilleur moyen d'entrer dans une œuvre est d'adopter une réalisation classique, simple. A partir du moment où on voit comment c'est fait, peu importe le sujet ou la justesse de ton qui se dégageny d'une œuvre : on reste alors à l'extérieur. C'est ce qui se passe avec ''La graine et le mulet''. On ne peut que saluer avec ferveur l'entreprise. On ne peut que féliciter les partis pris. On ne peut qu'approuver la direction d'acteurs (intensive, on sait les polémiques qui entourent Kechiche). On ne peut enfin que comprendre l'intention du cinéaste à nous faire ressentir l'émotion ici et là. Mais jamais on entre dans le film : on reste émotionnellement parlant à l'extérieur. La faute donc à l'abus de cette caméra à l'épaule, qui finit par nous faire trouver le temps long (c'est le cas, le film fait quand même plus de 2h 20!).

L'avis que l'on peut avoir sur ''La graine et le mulet'' dépend entièrement de notre comportement vis-à-vis de ce qu'on appelle communément (et parfois avec mépris) le cinéma ''social'' (dont Ken Loach en est le digne représentant en Angleterre). Si on pense que ce cinéma est le plus apte à parler de notre société et que le cinéma doit faire illusion du réel (comme Balzac en littérature), on ne pourra qu'être en larmes devant ce film. Si en revanche on aime l'imaginaire et le rêve (qui au fond parle de la réalité) et que l'on rejette ce cinéma réaliste à la Pialat, on ne pourra qu'approuver le film sans l'éprouver.

Objectivement, le film se révèle donc remarquable dans ce qu'il cherche à faire. Mais tous ces films aussi collés au réel peuvent finir par nous faire regretter l'imaginaire et la fantaisie. C'est donc à voir, à condition d'aimer le cinéma ''sociétal'' et cette horripilante caméra à l'épaule.
3,0
Publiée le 25 juillet 2019
Une véritable bouffée d'authenticité et de simplicité, un peu longue par moments, mais salutaire à l'arrivée.
3,5
Publiée le 7 avril 2016
Film que j'ai laissé de côté un moment avant d'oser me lancer et je ne regrette finalement pas !! Alors certes il y a des longueurs, des moments moins intéressants parfois, des moments agaçants avec des gros plans en veux tu en voilà mais c'est tellement réaliste; On a l'impression d'être assis à la table de cette famille et d'assister à leurs conversations, leurs règlements de compte et c'est plaisant. On suit leurs démarches administratives, leurs histoires de coeurs jusqu'au dénouement final qui nous surprend (et j'avoue m'a amusé un peu !!!) Je ne pensais pas accrocher du tout à ce film et en fait c'est tellement gênant d'être au coeur d'un déballage comme ça qu'on suit malgré nous et on veut savoir ce qui va arriver ! Mais de là à gagner tant de prix je ne sais pas...je suis dubitatif !
3,5
Publiée le 15 août 2023
J'admire les films qui arrivent à laisser jouer des scènes à un tel niveau de réalisme qu'on a l'impression d'être un voyeur qui surprend des vraies personnes exposer ce qu'elles vivent.
Même si le personnage principal est en retrait, tout ce qui se passe autour de lui est suffisamment riche.
Et la scène de danse du ventre est carrément mythique.
3,0
Publiée le 10 octobre 2020
Abdellatif Kechiche est un réalisateur extrêmement talentueux mais qui a le défaut de ne pas assez couper ses films. Une fois de plus, La graine et le mulet n’échappe pas à cette règle. Comme à son habitude, il réussit à obtenir de ses comédiens pouvant être non-professionnels (c’était le premier vrai rôle dans un long-métrage pour Hafsia Herzi) ou expérimentés (comme Sabrina Ouazani ou Bruno Lochet) des prestations criantes de vérité : on pourrait même régulièrement penser être confronté à un documentaire ! Hélas, Kechiche étire trop longtemps un récit au final assez mince et à la conclusion décevante. La graine et le mulet est donc une œuvre bourrée de talents mais pouvant ennuyer par un clair manque de concision. Dommage !
3,5
Publiée le 22 avril 2016
Même si la graine et le mulet n'est pas mon Kechiche favori, personne n'arrive comme lui à filmer le réel, les scènes au travail, en famille ou en société éclairent les vies de personnages terriblement humain. On traite les différences culturelles, les rapports inter générationnels, le racisme latent, la solidarité familiale jusqu'à l'hypocrisie ou la tentation du retour au pays, sans exagération, sans déformation, avec une justesse incroyable. Comme pour Adèle, je regrette juste cette tendance du réalisateur à filmer les corps féminins avec une "gourmandise" qui frise l’écœurement.
3,5
Publiée le 23 mars 2024
Après "L'esquive", histoire décalée de la jeunesse des cités au naturalisme saisissant et à la spontanéité brute, Kechiche réalise une chonique sociale -moins insolite et moins intense sans doute- autour de la famille du viellissant Slimane, de laquelle ce dernier vit à l'écart depuis qu'il est séparé de sa femme.
Le cinéaste impose une nouvelle fois son style, sa griffe, issus en partie de l'authenticité de ses comédiens, d'une langue populaire naturelle et d'une direction d'acteurs d'une rare et exigeante précision. Il décrit une communauté majoritairement franco-maghrébine, une France "d'en bas" et des HLM à laquelle s'associe nécessairement la question identitaire. A ce titre, le film d'Abdellatif Kechiche a l'utilité, voire la vocation, de faire mieux connaitre ces sujets de la "diversité".

Un histoire prend forme lorsque Slimane, le type même du travailleur arabe taiseux et fataliste, se voit virer du chantier naval qui l'emploie à Sète, et entreprend, avec le soutien d'une jeune fille (la belle et rayonnante Hafsia Herzi) de créer un restaurant de couscous à bord d'un rafiot qu'il possède et qui rouille sur un quai.
Le récit de l'entreprise, elliptique et condensé, recouvre un certain nombre de thèmes ou d'idées dont Slimane, maghrébin et immigré, est le dénominateur commun. Ses démarche administratives compliquées fustigent un racisme involontaire et de la condescendance; sa relation avec la jeune Rym personnifie l'opposition de style, de moeurs, entre deux générations issues de l'immigration.
Mais ce qui ressort le plus évidemment de cette chronique, c'est encore le courage, la solidarité et la générosité, la vitalité -sans angélisme- qui caractérisent la communauté arabe.
3,0
Publiée le 28 septembre 2022
Il y a :
- Des gros plans
- Du couscous
- Des gros plans sur du couscous

L’histoire est touchante, sincère et c’est brillamment interprété. Le choix de comédiens non professionnels fonctionne parfaitement. On y croit à ces personnages et à leurs relations.

Mais est-ce que 2h30 étaient nécessaires ?

Le film commence après une heure d’exposition. Il enchaîne les scènes interminables et répétitives alors que tout aurait très bien tenu en 1h45.

C’est dommage mais ça m’a bien ouvert l’appétit.
3,0
Publiée le 15 juillet 2020
Film assez envoûtant. Carters très long mais ça fait du bien de voir un film différent. Les jeux des acteurs sont trop justes.
3,0
Publiée le 1 octobre 2016
Avec de nombreux prix, des nominations restées au stade des nominations, un accueil chaleureux de la presse, le grand gagnant de la cérémonie des Césars de 2008 s’avérait être un spectacle intéressant. Intéressant, ça l’est mais je ne saurai être aussi enchanté que l'ensemble de la presse. Abdellatif Kechiche a signé une réalisation qu’il a voulue intimiste pour nous faire partager l’histoire d’un sexagénaire fatigué se raccrochant à ce qu’il peut après un divorce et un licenciement synonyme de précarité et annonciateur de fin. Le réalisateur a réussi à créer cette intimité, tant et si bien que nous avons presque l’impression de participer en temps réel au couscous dominical pour lequel il ne nous manque plus que les odeurs des plats fumants, avant de suivre le difficile montage d’un projet ambitieux. Et quand je dis ambitieux, c’est par rapport aux moyens disponibles. Seulement il y a tant de monde autour de la table lors du repas familial, que les conversations fusent de tous les coins et on a un peu de mal à discerner l’une ou l’autre, sans compter que la scène a presque lieu en temps réel. On a alors l’impression de faire du sur place, et c’est ce qui caractérise les 30/45 premières minutes de ce film. L’ennui s’installe, mais c’est là qu’intervient une scène intéressante, dont on n’a que faire sur l’instant, mais qui a son importance pour la suite, car elle a le mérite de déterminer la psychologie du personnage qu’est Majid (Sami Zitouni), et qui mériterait des baffes pour bien des raisons. On notera l’excellente prestation de Hafsia Herzi, aux multiples talents : vraiment douée sur le plan dramatique (je suis toujours admiratif de voir des comédiens parvenir à verser des larmes), elle est en même temps un rayon de soleil pour le personnage central, et nous gratifie même de danses orientales, sans qu’elle soit parfaite physiquement parlant. A noter également la performance d’Alice Houri qui, par l’intermédiaire de son rôle Julia, amènera la scène la plus forte émotionnellement, qui n’est rien d’autre qu’un élément supplémentaire à la longue litanie finale que va vivre Slimane Beiji, un final auquel le spectateur assiste sans pouvoir y faire quoi que ce soit. Sur un titre qui fait penser à une fable de La Fontaine, la réalisation est bonne, et la mise en scène amène une photographie intéressante, notamment avec ce contraste amené par cette vieille et infatigable mobylette à la peinture bleu fané qui se promène sans faiblir en ce début de 21ème siècle. Cependant, le réalisateur n’a pas su éviter les clichés, comme le fait que les maghrébins roulent en Peugeot, ou certaines expressions et intonations qu’on prête volontiers aux gens de cette communauté. Et puis surtout, c’est beaucoup trop long ! si long que j’ai lâché l’affaire au bout de 32 minutes, pour la reprendre dès le lendemain en invétéré curieux, fort de mon expérience en matière de films qui prennent tout leur sens à la fin. Cela dit, "La Graine et le mulet" est un film atypique, car il ressemble davantage à un reportage plus qu’autre chose, dans lequel on a laissé libre cours aux participants, en filmant la détresse, la solitude, la solidarité, la joie, l’hypocrisie, mais aussi l’échec, l’honneur, l’espoir et l’accomplissement. Tous les ingrédients qu’on retrouve dans les fables de La Fontaine. Je finirai cette critique par le titre, que je trouve bien trouvé. Car au final, le film pourrait se résumer à une histoire d’un homme têtu comme un mulet dont le destin finit de basculer sur une simple histoire de graines. Le spectateur peut être agacé par un début poussif, par des scènes beaucoup trop longues, visant à développer la psychologie des personnages, d’autant plus que la B.O. est pour ainsi dire aux abonnées absentes la plupart du temps. Malgré ces écueils, "La graine et le mulet" réussit à aiguillonner peu à peu notre intérêt, jusqu’à nous faire compatir du sort de Slimane Beiji. Au final, on ressort plutôt content d’avoir vu ce film, ne laissant pas le spectateur tout à fait indifférent. Mais après ? Que reste-t-il ? Certes on y repense, mais on n’a pas forcément envie de revoir ce film, et on est loin de garder un souvenir impérissable de cette aventure humaine. Si des fois je ne pige pas certaines notations quant à certaines œuvres cinématographiques, en tenant compte de tout ce que je viens de dire, je comprends aisément qu’on puisse donner à ce film toutes les notes possibles et imaginables, de 0,5 à 5 sur 5. Moi-même, j’ai eu beaucoup de mal à me décider entre les notes allant de 2 à 3,5.
3,5
Publiée le 24 août 2021
Le trait appuyé et l'imagination toujours vivace. "La graine et le mulet" paraît comme un film sincère. Kechiche sait ce qu'il veut, n'en démord pas à l'écran. Les scènes longues, à rallonge, créées des compositions uniques, où tous les entrailles du comédien sont mises sur la table. Il est justement question ici de repas. Et le fait de transformer cette scène complètement banale en parenthèse à grand potentiel cinématographique, c'est très fort. A bout de souffle, je reste, un peu comme le personnage principal, à quai.
3,5
Publiée le 26 mai 2016
Film étonnant. Les avis des spectateurs sont très tranché : on aime ou on n'aime pas ! Pour ma part, je suis plus mesuré.
Le film est trop long et surtout répétitif, ce qui peut engendrer énervement ou ennui. D'un autre côté, on a une peinture réaliste de la vie, du courage, de l'entraide, de la méchanceté et de l'égoïsme, tout cela est bien bien tricoté, émouvant, tendre, drôle quelquefois, captivant aussi.
Mention particulière pour Hafsia Herzi.
3,5
Publiée le 13 décembre 2016
On identifie dès les premières minutes du visionnage et tout au long du film les éléments qui caractérisent Kechiche : gros plans sur les acteurs, dialogues réalistes, rythme lent, personnages à tempéraments diversifiés, etc. Et c'est ce qui donne clairement du crédit à ce réalisateur.
Pour le reste, le message du film est bien transmis d'après moi. Kechiche a principalement voulu nous montrer (et surtout nous faire sentir) la misère de la vie d'un soixantenaire, surtout au niveau professionnel (où le manque de forme lié à l'âge commence à peser et à influencer le rendement), mais aussi aux niveaux familial, social et sexuel.
D'autre part, le franco-tunisien a mis en valeur des éléments importants pour réussir à surmonter ces problèmes, à l'instar de la volonté, la persévérance, l'entraide et l'innovation.
Concernant les acteurs, une mention spéciale à Habib Boufares, qui a excellemment joué son rôle au point où on a du mal à lui imaginer une autre image dans la vraie vie que la sienne dans ce film (un homme bienveillant, calme, timide, réservé, ...)
3,5
Publiée le 10 mars 2025
J’ai toujours beaucoup de mal avec ce style de réalisation mais, les autres aspects du film sont tellement prenants que j’ai pu apprécier sans problème. C’est une superbe étude familiale qui prend le pas sur le milieu plus professionnel du métrage et les personnages, peut-être un peu trop nombreux, sont pour la plupart très attachants. Et c’est vraiment Hafsia Herzi qui porte le tout. J’adore de plus en plus cette comédienne et elle n’a volé ni son prix de révélation aux Césars ici, ni celui pour le très bon Borgo. Qu’est-ce qu’elle est versatile dans son art. Elle vole toutes les scènes dans lesquelles elle apparaît, à seulement 20 ans. Hâte de découvrir le reste de sa filmographie. 14/20
anonyme
Un visiteur
3,5
Publiée le 16 septembre 2017
ce film est à voir autant pour son jeu d'acteurs que pour la thématique abordée. La fin nous dit que la réussite où l'échec tient à peu de chose.
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