Park Chan-Wook termine sa trilogie en beauté. Final plus sombre, moins ultra violent, on dira plus mental. J’avais une certaine appréhension après l’OVNI primé à Cannes que son discours se singularise, se maniérise, mais non, il est toujours aussi libre et iconoclaste. Arriver à servir la même histoire à peu de choses près, et la transformer en modèle du genre à part entière, il fallait le talent du virtuose coréen pour ça. Il pousse le curseur jusqu’à faire rejouer certains acteurs des épisodes précédents comme pour ponctuer son final en un requiem hauts en couleurs. Plus simple, mais visuellement très riche, et la narration est complexe et jubilatoire, avec l'humour malsain qui va. Cette femme qui veut se venger résume tous les autres. Il lui faut du temps (posé par flash-back, accélérations, pauses), de l’organisation (les pièces du puzzle se fondent et se défont), et être experte en manipulation, (se servir de tout le monde, sans exception). Le cinéaste manipule les codes du genre, et ce permet beaucoup de choses inopportunes dans un thriller (mélange de voix off, montage nerveux et pyramidal, effets spéciaux insolites, bande son barocco-pop). La perversion qu’il affectionne est garant de la qualité de l’ensemble, il maîtrise et nous ressert son travelling latéral sorti de Old boy, une palette colorée qui s’assombrit peu à peu, classique et postmoderne, le gars. Il y a cette constante perversion que j’affectionne chez lui, qui pourrait symboliser la perte de repères de la société coréenne et contemporaine elle-même. Très cohérent comme tout ce qu’il fait, il faut qu’il continu comme ça.