Si Park Chan Wook a jusqu'ici très souvent eu revours à une certaine poésie, macabre au possible et surtout visuelle car se trouvant souvent dans la composition des plans et l'esthetique générale du film, sur ce niveau-là, Lady Vengeance, troisième et dernier épisode de la trilogie de la vengeance, suivant et devant supporter le poids écrasant de la claque Old Boy et de l'excellent Sympathy For Mister Vengeance, arrive à surpasser toutes les autres folies du cinéaste, tant Wook joue avec sa caméra, offrant-là un de ses travaux visuels les plus ébouriffants et les plus déjantés de sa carrière ; ainsi, dès le générique de début, kitsh et éclatant au possible, on voit que le réalisateur se déchaîne totalement, ce qui est d'autant plus surprenant quand on voit l'aspect visuel et l'ambiance de Old Boy, qui disposait d'une photographie "léchée", d'une ambiance tragique, et presque insondable dans ses moments les plus forts, ou encore d'un dosage de la violence visuelle, pour plutôt opter sur une violence morale ; d'ailleurs, puisqu'on parle du dosage de la violence, sur ce dernier point Lady Vengeance, alourdissant encore la tendance presque insoutenable de son contenu, oscillant entre pédophilie... Plus ou moins aggravée, meurtre d'enfant (et j'en passe...)etc., propose une violence visuelle sans conscession, faisant souvent couler à flot le sang, et on peut se réjouir de la beauté graphique du film, qui par son absence aurait rendu le film irregardable dans sa totalité (que de bonne humeur dans un monde rempli de roses...). Au niveau du scénario, celui-ci, déjà complexe au départ, est malheureusement un peu trop parasité par la mise en scène certe très originale de Wook mais malheureusement trop difficile à suivre pour être parfaitement, et ce malgré une vengeance finale aussi sadique que parfaite, limpide, car entre les fantasmes filmés (non, pas ce genre de fantasmes !!), les métaphores visuelles (non, pas ce genre de métaphores !!), les transitions d'alliage entre les scènes quelque peu étranges, ou encore de nombreux flashbacks, autant d'effets qui souvent participent au film, le spectateur est tout de même obligé de se sentir quelque peu déconcerté au départ avant de réellement entrer dans le film. Malgré cela on peut dire qu'on a là un excellent scénario, traversé par quelques moments d'émotion autant que d'humour (très) noir, ce qui change des deux derniers opus qui, malgré une tendance à être souvent décalé, prenait souvent des codes de la tragédie shakespearienne. Au niveau du casting, après la révélation Yeong ae-Lee, excellente dans ce rôle de vengeresse impitoyable et passionnée, découvrant une fille de 13 ans qui semble être la sienne. C'est d'ailleurs dans cet aspect du scénario (pour revenir) que le film trouve une de ses plus grandes sources d'humanité, et le personnage principal, avec son statut de nouvelle mère, n'en est que plus profond. On retrouve avec joie Choi-Min-Sik, acteur principal de Old Boy, qui après avoir joué un Ao-Dae-Su (désolé si j'orthographe mal les noms mais j'avoue que j'ai du mal à m'y retrouver avec les noms asiatiques...) détruit, pourri comme jamais, on peut dire qu'il prend une revanche et excelle dans le rôle du bourreau, pédophile, torsionnaire et tueur d'enfants de son état, aussi répugnant qu'inhumain ; bref continuons le défilé avec des seconds rôles, dans les flashsbacks en prison notemment, totalement déjantés... Ces flashbacks (car oui je reviens (encore) sur le scénario...) ont une présence marqués dans le début du film et sont racontés à travers les divers points de vue des pensionnaires de la prison pour femmes dans laquelle se trouve Geum-Ja, qui est donc le personnage principal, et, même si ça reste un des moments les plus difficiles à suivre du film, l'initiative reste intéressante et est une très bonne façon d'introduire le personnage. Au final, et malgré ses nombreux défauts qui font de lui le moins bon épisode de ce qui reste comme étant une des dernières mais surtout une des meilleures trilogies spirituelles jamais réalisées, Lady Vengeance arrive tout de même à en donner une conclusion correcte, se lâche totalement graphiquement, visuellement et moralement, tout en sondant son thème, la vengeance (ce n'est plus un secret pour vous je l'espère), arrivant aussi à afficher quelques moments de bravoure cinématographique, comme un dialogue mère/fille diablement émouvant ou le visionnage des cassettes du pédophiles devant toutes les familles des enfants tués (sympathique, en effet...).