Dernier film en date de Philippe Clair, L’aventure extraordinaire d’un papa peu ordinaire prend une orientation originale dans la filmographie du réalisateur. Sans abandonner complètement son style habituel, il nous entraine ici dans une comédie moins « gagesque », avec plus d’émotions que de coutume. Le résultat reste tout de même faible.
On sent les bonnes intentions, mais première erreur de Clair : prendre son fils, Michael Clair pour jouer le rôle du gamin d’Aldo. Je ne veux pas être méchant, il fait sans doute ce qu’il peut, mais sa prestation est horrible ! Dialogues récités avec une totale artificialité, cabotinage outré (surtout sa première apparition, c’est dément !), il est aussi naturel dans ce film que la poitrine de Paméla Anderson. C’est affreux, et cela nuit énormément à ce film puisqu’il est au cœur du scénario. A sa décharge, Aldo Maccione n’est pas totalement exempt de surjeu lui aussi. Sans être mauvais, ce n’est pas, loin s’en faut sa meilleure prestation. A côté de ces acteurs, on trouve la charmante Laura del Sol, qui tient bien son rôle, tout comme Jean Carlo Simancas. Ces deux derniers sont les plus pros et efficaces du film, du moins pour ce qui est des rôles principaux. Les plus attentifs pourront aussi reconnaitre Philippe Khorsand, presque sosie ici de Gérard Hernandez.
Le scénario aurait pu être nettement meilleur. Le début est bon, avec ce père qui part en Amérique du sud retrouver son fils, et par là-même, son ex qui l’a emmené avec elle. Même si Clair affiche de bonnes intentions, et si la première demi-heure ne manque pas de bons sentiments assez naïfs mais touchant, en revanche plus le film avance et malheureusement plus Clair voit son histoire se déliter. Il s’empêtre tout seul dans une histoire de coup d’état, d’Indiens d’Amazonie, de piranhas, bref, tous les éléments attribués à l’Amérique du sud sont là, et Clair plonge ses personnages dedans. Du coup, on se retrouve vite dans une soupe bien moins intéressante. Clair n’est pas un génie du gag, ni un maître du rythme et de l’esprit d’aventure, et il nous sert des situations très attendues (genre lorsque le type dit ne paniquer pas et que tout le monde panique, un des gags les plus anciens du monde !). Il délaisse les sentiments, n’y revenant qu’à l’occasion d’échanges assez convenus père-fils. Malgré tout, je dirai que le film garde au moins une certaine consistance, un certain liant, ce qui n’est pas une petite chose dans le cinéma de Clair. Ça se laisse regarder en somme, mais il ne faut pas avoir de grandes exigences.
Sur la forme, on peut au moins apprécier l’ambiance sud-américaine, qui par bien des aspects fera penser à certains films avec Terence Hill et Bud Spencer. On est bien dans cette atmosphère, entre modernité (les immeubles, la ville grouillante) et tradition (enfin, Indiens, Amazonie, ce genre de chose !). Si les gags restent basiques, et si Clair n’est pas un génie de la caméra, néanmoins il livre une mise en scène correcte, et orchestre même honorablement quelques scènes d’action surprenantes (l’accident de voiture). La bande son inégale n’est pas mauvaise non plus, avec un bon thème principal un peu redondant mais sympathique.
Pour tout dire, L’Aventure extraordinaire d’un papa peu ordinaire est un film moyen. Clair essaye d’évoluer, et il amène pas mal de lui-même dans ce métrage, lui conférant une vraie sincérité. Néanmoins, gâché fortement par la contre-performance de son fils, par un Aldo Maccione faiblard, et par l’oubli rapide de ses ambitions premières, le résultat n’est pas aussi bon qu’il aurait pu être. 2.5