Aldealseñor : petit hameau de la province de Soria, dans le nord de l’Espagne. Nous sommes en 2003, mais on pourrait être cent ans plus tôt, tant le monde moderne semble avoir eu peu d’emprise sur cette localité coupée du monde. Pendant une année entière, Mercedes Alvarez, une enfant du pays, est revenue filmer la vie du village et de ses quatorze habitants.
Et elle a du talent Mercedes Alvarez, comme en atteste la beauté de certains plans fixes. Du talent, et de l’affection aussi, pour ces villageois, dont le plus jeune a soixante ans. Mais de quoi nous parle-t-elle ? De tout et de rien. De la vie quotidienne du village ; de l’art subtil de planter des laitues ; ou d’un château qui doit prochainement être transformé en luxueux hôtel. Parfois, elle se hasarde à aborder des sujets plus graves : à la radio les villageois apprennent que les américains viennent d’envahir l’Irak : La nouvelle donne lieu à une séquence mémorable, où se mélangent analyses décalées et souvenirs franquistes.
La proximité de la réalisatrice avec son sujet, constitue à la fois la force du film et son principal défaut. A aligner des scènes de vie pittoresques, dont certaines semblent durer une éternité, on a parfois un peu l’impression qu’elle filme uniquement pour son plaisir.
Quant au sujet du documentaire, Mercedes Alvarez semble avoir uniquement voulu témoigner du temps qui passe. Semble seulement, car faute peut être à un manque de distance ou de perspective, cette dimension du film tombe un peu à plat. Finalement, la réalisatrice trop impliquée dans son village, en aura peut-être oublié le spectateur. Le ciel tourne, certes, mais un peu en circuit fermé.