Avis sur Les 47 ronins

S'il est un film qui annonce la décennie d'or des années 1950, qui fait de Kenji Mizoguchi un des cinéastes à la filmographie la plus relevée de toute l'histoire du septième art, c'est bien " les 47 ronins" (1941).

Sorti une semaine avant l'attaque de la base navale américaine de Pearl Harbor en décembre 1941, Mizoguchi répond avec ce film à une commande des autorités japonaises.

En retraçant un fait historique tragique survenu au XVIII ème au pays du soleil levant, il est évident que le gouvernement de l'époque voulait préparer la population au conflit mondial.

La valorisation de l'esprit de sacrifice poussé dans ses derniers retranchements et le strict respect du sens de l'honneur chers aux samouraïs, sont placés, hissés, comme vertu suprême dans la hiérarchie morale.

Les 47 ronins repose sur un fait historique qui a largement été traité par le kabuki ( certains acteurs de théâtre ont été recruté pour le film en raison de leur expérience dans l'interprétation de la pièce).

Faisant penser au théâtre Shakespearien, reposant presque essentiellement sur les dialogues, " les 47 ronins" dégage une force émotionnelle assez exceptionnelle.

Le maître d'un clan répond de façon inconsidérée à une offense qui lui est faite à la résidence du shogun. Sa sévère condamnation entraîne dans sa chute toute sa famille et ses alliés.

La première partie est formidable, en raison de la tension dont elle est porteuse, dûe au dilemme vital qu'elle provoque.

La seconde recèle aussi son lot de surprises, même si la fin tragique à laquelle on s'attend et qui se produit perd un tout peu, en force évocatrice. Disons le : c'est un film inoubliable.

Fresque historique de 3h40 qui refuse toutes formes de spectaculaire au profit d'un intimisme réaliste qui se concentre sur les doutes de ses personnages. Sorti en 1941, le film évoque des thèmes comme la fidélité à son seigneur ou le sens de sacrifice, qui ne sont pas sans satisfaire les exigences du régime militaire alors en place. Toutefois, en conservant son principe de mise en scène distanciée, Mizogushi parvient à éviter de faire de son film un objet de propagande. Racontant une histoire réelle devenue mythique au Japon, Mizoguqhi propose une version le plus fidèle possible sur le plan historique (ainsi contrairement à la légende, les 47 ronins ne se font pas seppuku sur la tombe de leur seigneur après leur vengeance mais près de deux mois après sur ordre de justice). Le scénario est adapté d'une pièce de théâtre kabuki qui prend comme personnage principal le Chamberlan Oishi, instigateur de la vengeance, et privilégie comme angle d'approche les doutes et les souffrances endurées par les guerriers dans l'attente du moment propice pour agir. Le récit est divisé en deux partie de durées égales (1h50), la première étant une retranscription fidèle des évênements où l'on ne retrouve que peu les préoccupations habituelles du cinéaste. La seconde, consacrée aux derniers préparatifs de la vendetta et les conséquences de celle-ci, permet à Mizogushi de développer des séquences autour de personnages féminins (la femme du seigneur Asano et la future femme d'un samouraï) qui sont plus conformes à sa démarche. Mise en scène basée comme toujours sur un procédé très théâtral et portée par de longs plan-séquences où chaque cadre est travaillé avec soin et le positionnement de chaque personnage pensé en fonction de son statut. Rigueur admirable de la réalisation où Mizogushi n'use d'aucun gros plan en 3h40 et étire ses scènes pour en tirer la quintessence émotionnelle grâce à de longs plans fixes et des mouvements de caméra (panoramiques latéraux, travellings, mouvements de grue) qui en souligne avec intelligence les points d'orgue. La pertinence des partis pris du cinéaste laissent tout autant admiratifs, sa capacité à donner chair aux actes violents par leur représentation hors-champ étant aussi forte que son sens de l'ellipse, ces deux caractéristiques étant symbolisées par son choix de ne montrer aucune image de l'expédition punitive, quand bien même l'ensemble de son récit repose sur cet acte.

Tout d'abord ce film dure 214 minutes( DVD mk2) et non pas 4 heures et le synopsis de allo ciné est totalement faux.La première partie est absolument admirable pleine de grandeur et de mise en scéne proche de la perfection.C'est du 20 sur 20 pour les cinéphiles avec ce coté japonais qui peut paraitre extravagant pour nous français mais qui force à réflechir autrement.Dans cette première partie les femmes sont absentes ce qui est totalement inhabituel chez Mizoguchi mais cohérent ici.
La seconde partie commence avec une erreur de bobine (la même scène revenant 10 minutes après la fin de la première partie) ce qui est inadmissible de la part du concepteur vis à vis ce réalisateur qui se situe dans les dix plus grands de l'histoire du cinéma.Hélas,ce n'est pas tout : il va se greffer une histoire de femme qui pour intéressante qu'elle soit fait totalement perdre au récit sa superbe linéarité.
Cela reste un film magnifique mais réservé à un public averti,exigeant et respectueux des choix du metteur en scène qui ne montre jamais la violence extérieure mais les terribles tortures de l'âme humaine quelques soient notre age,notre sexe ou la couleur de notre peau.

Un drame shakespearien magnifiquement interprété, réalisé et mise en scène. Inspiré d'un fait historique réel, ce film narre les tourments spirituels et politiques de samurai ayant décidé de suivre la voie de l'honneur jusqu'à son terme, c'est-à-dire la mort. L'image est parfaite (comme souvent dans le vieux cinéma japonais), les acteurs sont excellents. Seul défaut : c'est vraiment très lent, et au niveau des mouvements de caméra, exceptés quelques lents travellings, ils sont quasi absents. On est proche du théâtre filmé. C'est du cinéma lourd, pour cinéphiles avertis. Amateurs de cinéma de complaisance ou de loisirs, passez votre chemin!