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gimliamideselfes
3 069 abonnés
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4,0
Publiée le 13 octobre 2015
D'habitude je n'aime pas enchaîner deux films d'un même réalisateur par peur de la déception. Et déception ce ne fut pas. Alors non ça n'a pas la maestria d'autres de ses films, mais ça reste une histoire magnifique, pleine d'amour et magnifiquement bien mise en scène. J'aime particulièrement et c'est là où Dreyer est le plus fort, les plans sur les visages, alors oui c'est "surjoué", mais dans l'univers de Dreyer ça passe totalement, j'aime le regard sévère et bienveillant à la fois du vieux maître... et au début du film le regard troublant de Michael dans la pénombre avec juste son visage illuminé.
Tout ce qui concerne les relations entre les personnages est dit et c'est ça qui est fabuleux. Certes les intertitres font avancer "l'intrigue", mais le moteur reste vraiment les visages.
Le film est beau parce qu'il parle de l'ingratitude, le maître ferait tout pour Michael, absolument tout, on le voit qu'il aime et admire sa jeunesse et sa beauté et que lui ne pense qu'à courir (à raison) le jupon. Et ce qui est magnifique c'est qu'à chaque fois le maître pardonne, le maître même s'il est déçu continue à le couvrir d'éloges, à être là pour lui, à lui faire confiance. Je trouve l'idée très belle. Là où n'importe qui d'autre aurait été empli de ressentiment, lui non.
On a cette scène magnifique (il y en a plusieurs) où le maître présente son tableau montrant un vieil homme seul qui a tout perdu, lorsqu'il apprend que Michael ne viendra pas on voit au premier plan le maître devenir flou pendant que le point se fait sur le tableau à l'arrière plan. Tout est dit.
Ou bien ce dialogue sublime où Michael comme le jeune ingrat qu'il est va chercher querelle avec son maître, et le maître toujours bienveillant qui rajoute juste qu'il ne lui répondra jamais sur ce qu'il vient de lui dire.
Et c'est un beau film là-dessus. La fin est très belle car pas exactement celle attendue, elle est beaucoup plus intéressante et va jusqu'au bout de l'idée. C'est vraiment fort.
Selon les mots de Dreyer, « «Mikaël» est la peinture vraie d'un monde faux ». Si la question de l'homosexualité refoulée était bien une préoccupation d'Herman Bang (faisant écho à sa propre existence), auteur du roman à l'origine du film de Dreyer, ce dernier néglige passablement cet aspect pour s'attarder sur la relation qui unit le peintre Claude Zoret à son fils adoptif Mikaël, sur fond de société décadente où règnent hypocrisie et faux semblants. Le 6e long métrage de Carl Theodor Dreyer est marqué par les conflits intérieurs de ses personnages, par la culpabilité, la trahison, l'amour et le pardon. Le genre auquel se rapporte «Mikaël» soit le kammerspiel (teinté ça et là d'expressionnisme), avec son unité de temps et de lieu ainsi que son intrigue resserrée, permet à Dreyer de se focaliser sur les sentiments de ses personnages, eux-même interprétés avec justesse, relative certes, mais d'une grande subtilité par rapport au reste de la production de l'époque. On connaît les limites du cinéma muet, et Dreyer a su parfaitement les dépasser, pour offrir un long métrage émouvant et tout en nuances, aussi bien du point de vue de l'interprétation que de l'esthétique. Nous sommes encore dans sa période antérieure à «La Passion de Jeanne d'Arc», manifestation éclatante de son génie, alors que la mise en scène de «Mikaël» reste bien sobre et pas encore tout à fait marquée par la personnalité de son auteur. Néanmoins bien des éléments nous rappellent que l'on a affaire à une oeuvre du grand danois : ces rapports filiaux ont certainement dû le toucher, lui qui fut aussi adopté. Nous retrouvons par ailleurs sa passion pour le visage humain, pour l'âme qui se cache derrière et que toute sa vie durant il a essayé de révéler par l'entremise de son art. Et tout comme dans «Gertrud» l'amour et le pardon permettent aux personnages d'accéder au bonheur et à la paix intérieure, en dépit de tous leurs malheurs apparents. Si Carl Theodor Dreyer fera par la suite bien mieux, «Mikaël» est un très beau long métrage qui vaut assurément le détour! [3/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/
Michael peint les yeux de la femme car il saisit son âme. Il saisit l’amour qui en jaillit. Et ce symbole est aussi la destruction de l’art du vieux peintre qui n’a pas réussi lui-même à ressentir l’amour qui lui a manqué tout au long de sa vie. Le jeune homme, qui était sa muse et en qui se fondait son bonheur personnel, ressent davantage l’exaltation du désir. Le visage fermé où la tristesse se cristallise par la perte du garçon est bouleversant. « Un drame de l’apparence »disait un critique. Très beau.
Encore un autre style de Dreyer,ici pas de thème religieux même si on évoque le thème du sacrifice. C'est du Kammerspiel, un peu longuet par moment. L'histoire est celle d'un peintre qui va considéré son modèle comme son fils adoptif et ce dernier va sans cesse le trahir et pourtant le peintre continuera à le pardonner jusqu'à sa mort. Le scénario n'est pas exceptionnel (tiré d'un roman danois) mais les décors de Karl Freund toujours soignés et l'expression des visages intéressant.
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2,5
Publiée le 22 octobre 2009
Petite raretè du gèant Carl Theodor Dreyer, "Michael", aborde un sujet tabou pour l'èpoque et qui fut souvent à l'origine de graves sègrègations sociales: l'homosexualitè! On suit à travers des dècors baroques, l'histoire d'une amitiè qui se termine en drame, dans le dèchirement et le dèsespoir, dans la soliude! Dreyer apporte, avec beaucoup de courage, une nouvelle dimension au cinèma psychologique! Une oeuvre muette à dècouvrir puisqu'il traite avec subtilitè et discrètion le thème de l'homosexualitè dans une très belle photographie signèe Karl Freund...
Un riche peintre célèbre s'est profondément épris d'un jeune élève dont il a fait son modèle attitré. Le jeune homme préfère profiter des largesses de son maître et devenir ainsi son fils adoptif plutôt que peintre. Une jeune princesse déshéritée demande au maître de la peindre, certainement pour le séduire, mais sera plus sensible au charme de Michael qui parvient à voir en elle l'amour qu'elle pourrait offrir.
Carl Theodor Dreyer transpose à l'écran le roman éponyme de Herman Bang (1857-1912), et reste très fidèle au livre de son compatriote danois. Cette production cinématographique allemande de 1924 bénéficie des éclairages du chef opérateur Karl Freund (également acteur). L'utilisation des lumières et des gros plans permet au réalisateur danois de dépeindre les états d'âme des différents personnages. Car chez Dreyer les hommes sont asservis par leur vie sociale et ne peuvent sauver leur existence contrite qu'en atteignant le sublime. Tout repose entre l'apparence des choses et la capacité à voir ce qu'il y a derrière cette façade. D'ailleurs le maître dit à Michael : "Tu reviendras me voir quand tu sauras peindre, quand tu auras appris à voir". Et c'est bien ce qui intéresse Dreyer, ce que pensent les personnages, ce qui les motivent.
La version restaurée avec accompagnement musical de Jacques Cambra reste marquée par les limites du cinéma muet mais offre de belles séquences où l'intensité dramatique se développe harmonieusement.