Sin City : J'ai Tué Pour Elle est à Sin City ce que 300 La Naissance d'un Empire était à 300. Au-delà du fait que les comics dont sont tirées les films aient été écrit par Frank Miller (pour le film de Snyder et le premier de Rodriguez et Miller en tout cas), c'est dans l'impression qu'il en résulte lors du visionnage que l'on peut faire se rapprochement. En- effet si 300 était une œuvre d'art constituée de tableaux animées reprenant image par image (quasiment) le comics éponyme, le deuxième, faute d'avoir une bande dessinée déjà existante, s'éloignait totalement de cet esprit visuel qui faisait le charme du premier. Pour combler cette absence de matériau de base, on casait juste de la surenchère d'hémoglobine numérisée et de ralentis pas forcément mis au bon endroit. La mise en scène, quant à elle, se voulaient plus classique, fini les peintures aux contrastes extrêmement appuyés, on passait aux travellings bien brutaux sur fond vert. Mais le long-métrage de Noam Murro était tellement extrême qu'il en demeurait fort plaisant (et toujours aussi beau, dans une moindre mesure). Ce qui n'est pas le cas de ce J'ai Tué pour Elle malheureusement.
Tout ce blabla sur La Naissance d'un Empire s'applique donc ici (d'où l'affiliation, vous l'aurez compris... attendez vous l'aviez compris ?). Si l'histoire principale avec Dwight et Ava Lord est tirée d'un tome de Sin City, les deux autres, en revanche, ont été crées pour l'occasion, donc à partir de rien. Et ça se ressent vraiment.
Les deux histoires, surtout celle de Johnny, sont inutiles au possible, on se demande plusieurs fois pourquoi ? Pourquoi ce Johnny, incarné par l'impeccable Joseph Gordon Levitt, veut-il tant gagner une partie de poker face au Sénateur Roark, au risque de se faire torturer et buter ? Si une révélation au cours du film pourrait nous mettre sur une piste, elle est tellement zappée par la suite qu'on en vient à ne plus en avoir rien à foutre. Les défauts d'écritures et de dialogues (où sont ces P*TAINS DE PUNCHLINES ?!?) sont combinés par un manque flagrant d'imagination quant à la mise en scène multipliant les choix hasardeux de style, notamment dans l'apport de couleurs qui s'est apparemment joué au plouf plouf ou encore dans les transitions choisies, allant des fondues dégueulasses à des bizarreries dignes de série Z (les mêmes qu'on voyait déjà dans la bande annonce non-censurée du film). Mais le pire dans tout ça, c'est que même l'axe tiré du comics est mal foutu, certes moins que pour les deux autres mais on sent bien que Rodriguez et Miller voulaient pallier le manque de surprise qu'avait suscité le premier par une surenchère de tout. Mais c'est bien connu, plus de tout n'est pas plus mieux (Hein ?!?).
A cette belle liste de plantages on pourra rajouter le personnage de Marv, juste ici pour le fan service et qui rajoute en plus une belle incohérence temporelle (j'ai beau me dire que les histoires se passent à différents moments, j'arrive pas à ne pas trouver le tout incohérent). L'introduction du film qui le suit pendant une petite dizaine de minutes est maladroite (un beau bordel filmique !) et nous plonge trop rapidement dans l'action là où celle avec Josh Hartnett était très élégante (élégant, le film ne l'est plus du tout, on lorgne plus avec le vulgaire).
Et que dire de ce maquillage où plutôt de ces prothèses immondes (apparemment Rourke en avait marre du maquillage, c'est vrai que le botox, c'est plus rapide) qui mettraient minable les mâchoires de XavierD72 de la pub pour les rasoirs Phillips. Elles sont complètement foirées et mettent encore une fois en avant le manque d'application qu'il y a eut sur ce film.
Le film nécessiterait sûrement un second visionnage de ma part, la p*tain de climatisation de la salle m'ayant probablement gâché le plaisir que j'aurai pu éprouver devant (et puis forcément, je me trouvais juste en dessous du climatiseur, chanceux jusqu'au bout...). De plus, la 3D, bien que disposant d'une très belle profondeur, ne convenait pas forcément au style de Sin City, elle donnait un mal de crâne pas possible à cause de tout ces effets de styles (notamment celui où Josh Brolin se fait défenestrer après s'être manger une beigne de Manute).
Mais objectivement, ce deuxième opus de la sage de Frank Miller ne tient pas la route face à son aîné, que ce soit en terme d'écriture des dialogues, des histoires et des personnages où de la mise en scène, bien trop lisse (la ville n'a quasiment plus rien de crade), trop rapide et trop aléatoire dans certains choix de réalisation.