Le très Bad Ass Marv (énorme Mickey Rourke) est de retour dans ce sequel du célèbre "Sin City" sorti neuf ans avant ce second volet. Bon, première remarque, Tarantino n'est plus là et ça se sent. Lors du premier "Sin City", il avait donné un coup de main à son pote Rodriguez et à Frank Miller pour la mise en scène de l'adaptation des comics de ce-dernier. Et ça avait été une claque visuelle, pas seulement dûe à QT mais bien au trio, réuni. Chacun apportait de son savoir-faire et ça allait très bien comme ça. Or, pour le second opus, Tarantino n'est plus de la partie et on remarque par ailleurs que ça manque de vigueur. Est-ce à cause de l'absence de celui-ci ? Pas forcément, mais reste qu'il y a un problème... Qui vient peut-être du scénario. Comme dans le premier, il y a plusieurs personnages principaux, ayant chacun leur propre histoire. Et comme dans le premier, le film est partagé entre ces quelques actions principales. Mais celles-ci, dans le second film, sont maladroitement construites. On retrouve donc Marv, qui est le personnage emblématique, et qui relie les différents personnages et leurs histoires. On retrouve également la sublime Nancy (Jessica Alba), toujours rongée par la mort d'Hartigan (Bruce Willis, qui lui rôde en tant que perso-esprit), et la très sexy Gail (Rosario Dawson). De nouveaux personnages comme Ava Lord (Eva Green), Dwight McCarthy (Josh Brolin), le joueur de poker Johnny (Joseph Gordon-Levitt), le sénateur Roark (exceptionnel Powers Boothe) sont aussi présents. Ajoutez à ce formidable casting Ray Liotta, Juno Temple (méconnaissable), Dennis Haysbert (qui reprend le rôle de feu Michael Clarke Duncan), Lady Gaga (!), et même Christopher Lloyd dans un rôle aussi anecdotique que sympathique. Le film est excessivement branché BD, encore plus que son prédécesseur, c'est simple ; que ce soit dans les graphismes et la photographie, ou dans la qualité (très moyenne) du scénario, on se croirait dans un comics. Miller et Rodriguez enferment leurs personnages dans des cases, où ils n'ont que peu la capacité d'évoluer. Les transitions aussi, quand on passe de prise de vue réelle sur fond vert à simples graphismes animés (et parfois rétrécis), ou quand on change de personnage en même temps que de cadre spatio-temporel, on pourrait parfaitement être devant quelques planches de BD qui se suivent, s'enchaînent... Ce sentiment renforce encore plus l'impression de regarder une BD animée. Quoi qu'il en soit, l'aspect visuel du film est sans doutes son point fort, en dehors de la magistrale introduction et des super trois premiers quarts d'heures. Le noir et blanc est magnifique, la photo splendide, Rodriguez sublime les couleurs, les fait étinceler, les rends chatoyantes ! "Sin City : j'ai tué pour elle" est aussi un hommage assumé au film noir, il en reprend les clichés (la scène d'adultère), les ingrédients de bases (la femme fatale manipulatrice)... La violence est toujours esthétique, mais beaucoup plus graphique que dans le premier, là où elle était plus dure psychologiquement. La méthode de narration est toujours la même, excellente. Les personnages narrent l'histoire depuis leur point de vue grâce à une voix off. Tour à tour centraux puis secondaires, les personnages donnent leurs visions des choses dans de longs et délicieux monologues. Leurs histoires croisées s'enchaînent en même temps que le narrateur change. Mais cette suite possède malheureusement bon nombre de défauts voyants. Déjà, le côté BD est poussé à l'extrême, ce qui en devient lassant et lourd pour nos yeux. Et les péripéties sont très peu inventives en plus d'être répétitives. La deuxième partie du film est carrément énervante car tout paraît déjà-vu et peu fluide. En fait on pourrait dire, à quelques détails près, que ce deuxième volet est une pâle copie du premier, Eva Green en plus. Car elle est géniale Eva, que ce soit lorsqu'elle pose nue ou lorsqu'elle te fait les yeux doux et tout de suite après te tire une balle là où je pense... Bref, cette suite trop tardive et légèrement excessive qui fait la part belle aux gueules cassées n'est pas à jeter mais possède d'importantes lacunes.